(BFM Bourse) - Le groupe spécialisé dans la distribution d'énergies abaisse son objectif de résultat brut d'exploitation citant une combinaison de facteurs macroéconomiques et d'impacts opérationnels, pour justifier cet ajustement. Rubis est plus positif sur ses perspectives de résultat net et confirme sa politique de dividende pour 2024.

Rubis ne brille pas ce jeudi. Le spécialiste de la distribution d'énergies (carburant, GPL, bitume) chute de 8,4% vers 10h30, accusant le plus fort recul de l'indice SBF 120.

Le groupe est sanctionné à la Bourse de Paris après avoir abaissé l'un de ses objectifs financiers à savoir sa prévision de résultat brut d'exploitation (RBE) pour 2024.

Des vents contraires

Le spécialiste de la distribution d'énergies table désormais sur un résultat brut d'exploitation compris entre 675 millions et 725 millions d'euros en 2024, contre une précédente estimation de 725 millions à 775 millions d'euros, qui avait été reconduite en juillet dernier , et après 798 millions d'euros dévoilés en 2023.

Pour justifier cet ajustement, Rubis cite une "combinaison de facteurs macroéconomiques et d'impacts opérationnels", tels que la "récente escalade des conflits au Moyen-Orient [créant] un environnement très volatil au cours des derniers mois avec de fortes fluctuations et une tendance générale baissière des prix du pétrole". "Ces évolutions ont un impact direct à court terme sur la valorisation des stocks de l’activité de distribution de carburant du groupe", ajoute Rubis.

Par ailleurs, le groupe attendait au second semestre 2024 un ajustement de la formule de prix au Kenya qui n'a pas encore eu lieu. Rubis précise que cette révision prend plus de temps que prévu et crée un écart avec ses prévisions initiales. Pour finir, le groupe doit composer avec une activité de transport maritime dont le niveau est inférieur à celui anticipé.

La rentabilité était déjà le point noir de la publication du premier semestre de Rubis. Le groupe avait été lourdement sanctionné début septembre après avoir annoncé une baisse de 20% de son résultat opérationnel courant à fin juin.

Une politique de dividende maintenue

Rubis n'a donc pas attendu la publication de son point d'activité à neuf mois prévue le jeudi 5 novembre, pour annoncer la révision de son objectif de résultat brut d'exploitation au marché. Pour autant, cet abaissement de cible n'aura pas de répercussions sur l'objectif de résultat net part du groupe, rappelle l'intermédiaire financier.

Le spécialiste de la distribution d'énergies profite de cette mise à jour pour affiner ses prévisions de bénéfice net pour prendre en compte une plus-value plus élevée que prévue relative à la cession de Rubis Terminal, son ex-activité de stockage d'énergie. Aussi, les pertes de changes pour le second semestre 2024 devraient être inférieures aux prévisions initiales de Rubis, ce qui va être bénéfique pour la performance financière globale.

Le groupe table désormais sur un résultat net part du groupe compris entre 340 millions à 375 millions d'euros, alors qu'il prévoyait un résultat "stable" à 354 millions d'euros par rapport à 2023.

Rubis a confirmé sa politique de retour à l'actionnaire pour l'exercice 2024. Le groupe s'engage à ce que le coupon progresse par rapport à 2023, en plus de l'acompte sur dividende de 0,75 euro par action relatif à la cession de Rubis Terminal.

A la suite de ces annonces, Oddo BHF abaisse ses prévisions de bénéfice par action de 5% en moyenne pour 2025 et 2026 et revoit à la baisse son objectif de cours à 32 euros, avec un avis à "sur-performance".

"Cet avertissement sur l'Ebitda (résultat brut d'exploitation) 2024 ne peut qu'encourager les actionnaires activistes à faire pression sur la direction pour qu'elle modifie sa stratégie de croissance qui ne porte pas ses fruits", conclut l'intermédiaire financier.

En mars, le célèbre homme d'affaires Vincent Bolloré était entré au capital du groupe en prenant 5%, ce qui avait propulsé le cours de la société. Le marché avait apprécié l'annonce car Vincent Bolloré est connu pour avoir un excellent bilan dans ses prises de participations en Bourse. Les hommes d'affaires Patrick Molis et Ronald Sämann avaient également dépassé 5% du capital dans la foulée.

En juin dernier, Patrick Molis avait tenté de renouveler une grande partie du conseil d'administration de Rubis et d'imposer ainsi une révolution de palais. Mais ses propositions avaient toutes été rejetées par les actionnaires de Rubis lors d'une assemblée générale, à une majorité toutefois relativement faible. Ronald Sämann est lui entré au conseil.