(BFM Bourse) - L'action du constructeur automobile chute après que le groupe au losange a sabré ses prévisions pour 2025, en raison de volumes plus faibles qu'attendu, notamment sur la fin du mois de juin.
Les années se suivent et ne se ressemblent guère pour Renault. En 2024, le groupe au losange avait fait preuve d'une résilience à toute épreuve et était le seul constructeur automobile européen (avec Ferrari) à ne pas avoir émis d'avertissements sur résultats, lorsque tous les autres (Mercedes-Benz, Stellantis, Volkswagen, BMW, Aston Martin, Porsche) avait abaissé leurs objectifs annuels, à l'automne dernier.
Cela ne sera pas le cas en 2025. Mardi soir, Renault a lancé un "profit warning", le premier depuis octobre 2019 (hors Covid), sabrant sa prévision de marge et de flux de trésorerie pour l'année en cours.
À la Bourse de Paris, cette mauvaise surprise est logiquement sanctionnée, d'autant que la société avait encore confirmé ses perspectives au début du mois.
L'action Renault chute de 15,5% à 34,84 euros en début de séance ce mercredi 16 juillet.
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Le plongeon du constructeur entraîne dans son sillage le rival Stellantis, qui perd 3,2%. Oddo BHF voit dans les annonces de Renault une lecture croisée négative pour le groupe né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, qui est déjà en difficulté en Europe et qui, comme Renault, est très exposé au segment des véhicules utilitaires, un marché en berne. Les équipementiers automobiles Forvia (-3,9%) et Valeo (-2,8%) sont également sous pression.
Un "coup" sur la confiance du marché envers l'action
Renault anticipe désormais une marge opérationnelle pour 2025 autour de 6,5% contre au moins de 7% précédemment, et un flux de trésorerie libre compris entre 1 milliard et 1,5 milliard d'euros, contre plus de 2 milliards d'euros auparavant.
"Bien que la nouvelle cible de marge reste solide par rapport aux autres constructeurs automobiles, nous considérons l'avertissement sur résultats comme un coup supplémentaire évident sur la confiance du marché envers l'action", commente Deutsche Bank. La banque allemande a sabré son objectif de cours à 47 euros contre 55 euros précédemment et a confirmé son conseil à "conserver".
Oddo BHF évoque de son côté "un avertissement qui fait tache". Le courtier a lui abaissé sa cible à 55 euros contre 60 euros auparavant.
Renault a été contraint d'abaisser ses objectifs en raison d'un premier semestre mois bon qu'espéré par le constructeur et le marché.
Sur les six premiers mois de 2025, Renault a dégagé des revenus de 27,6 milliards d'euros, en hausse de 2,5%, une marge opérationnelle de 6%, contre 8,1% au premier semestre 2024, et un flux de trésorerie libre de 47 millions d'euros.
Selon un consensus cité par le directeur financier et directeur général par intérim, Duncan Minto, les analystes tablaient sur des revenu de 27,5 milliards d'euros, une marge opérationnel de 6,9% et un flux de trésorerie de 645 millions d'euros.
Duncan Minto a reconnu que ces performances traduisaient "un fossé par rapport aux attentes du marché".
"Aucun lien" avec le départ de Luca de Meo
"Ces résultats ont été pénalisés par une performance plus faible qu'anticipé en juin, avec des volumes légèrement inférieurs aux attentes, une pression commerciale de plus en plus forte due au recul continue du marché 'retail (le canal des particuliers), et la sous-performance de notre activité de véhicules utilitaires dans un marché en fort repli", a développé le directeur financier.
Le flux de trésorerie libre a été particulièrement lesté par des décalages de facturation sur la fin du semestre, a-t-il indiqué. Des stocks plus élevés ont également pesé sur la génération de cash.
Renault a du prendre en compte, dans ses prévisions, la poursuite de la détérioration du marché et l'intensification de la concurrence. Ce qui l'a ainsi amené à abaisser ses objectifs.
Face à la détérioration de cet environnement, le constructeur français a indiqué qu'il comptait continuer à privilégier la valeur aux volumes au niveau de sa politique commerciale. La société entend par ailleurs renforcer son plan de réduction de coûts. Les détails de plan seront communiqués lors de la présentation complète des comptes de la société, le 31 juillet.
L'avertissement sur résultats de Renault est d'autant plus fâcheux qu'il survient au moment du départ de son emblématique directeur général, Luca de Meo. Ce dernier a officiellement quitté la société mardi et s'apprête à prendre la direction générale de Kering à la mi-septembre. Le groupe a entamé le processus de succession, et Duncan Minto a été nommé directeur général par intérim le temps qu'un nouveau pilote soit officiellement désigné.
Duncan Minto a assuré mardi soir devant les analystes que l'avertissement sur résultats "n'était en rien lié" au départ de Luca de Meo tout en reconnaissant que le "timing" n'était guère idéal.
"S’il n’y a, a priori, aucun lien à faire entre le départ du CEO et cet avertissement, le timing n’en reste pas moins malheureux. Il devrait alimenter les doutes quant aux perspectives du constructeur, au moins à court terme", tranche Oddo BHF.
Une accélération attendue au second semestre
Après cet accroc qui fait donc tâche d'huile, Renault espère dégager un second semestre de meilleure facture, grâce notamment à son offensive commerciale (sept lancements et deux restylages sont prévus en 2025) et ses réductions de coûts.
"Tout l’objectif pour le constructeur dans les prochaines semaines et mois va être de convaincre quant à la réalité de l’amélioration séquentielle encore promise au second semestre", juge sur ce point Oddo BHF.
"Si des éléments tangibles nous semblent indispensables (volumes, lancements, prises de commandes utilitaires, réduction des coûts, stocks notamment), la nomination rapide d’un nouveau directeur général (nous privilégions toujours la piste interne) nous semble également un prérequis nécessaire (mais sans doute insuffisant) avec en ligne de mire une présentation du futur plan stratégique Futurama, toujours espérée en fin d’année", poursuit le bureau d'études.
Oddo BHF a néanmoins confirmé son conseil à "surperformance" sur l'action. Le courtier juge que "la performance opérationnelle en absolu" de Renault "reste décente, y compris en relatif aux pairs davantage exposés aux risques sectoriels (droit de douane, Chine, etc.)".
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