(BFM Bourse) - Les deux entreprises ont annoncé ce lundi un protocole d'accord en vue de leur fusion. Cette opération passera par le regroupement des deux entreprises sous une société commune qui sera cotée en Bourse à l'été 2026. Si les modalités capitalistiques n'ont pas été précisées, les actionnaires d'Honda devrait posséder une large partie de cette holding.
La fusion Honda-Nissan est désormais sur les rails. Les deux constructeurs automobiles japonais ont annoncé ce lundi 23 décembre, après la clôture de la Bourse de Tokyo, avoir signé protocole d'accord visant à ne former qu'une seule société.
Par ailleurs, Mitsubishi, dont 34% du capital est détenu par Nissan, aura jusqu'à la fin janvier pour s'accorder avec les deux autres groupes japonais sur les futurs termes de leur collaboration.
Comment se déroulera concrètement cette fusion et quel impact aura l'opération sur les actions Nissan et Honda?
Dans les faits, Nissan et Honda seront rassemblées via une société commune, une holding, qui détiendra ainsi les deux entreprises. L'ensemble des actions Nissan et Honda seront transférées à cette holding et les actionnaires des deux groupes (dont Renault qui détient toujours 35,7% du capital de Nissan) deviendront actionnaires de cette holding. Nissan et Honda seront alors des filiales détenues à 100% par cette société faîtière.
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Feu vert prévu en août 2026
Selon le calendrier prévisionnel établi par les deux groupes, Nissan et Honda prévoient de signer l'accord définitif entérinant leur fusion d'ici à juin 2025. Des conseils d'administration des deux sociétés japonaises valideraient ensuite l'opération en avril 2026. La société holding débuterait sa cotation en août 2026 à la Bourse de Tokyo.
Logiquement, les actions Nissan et Honda seraient auparavant radiées de la cote japonaise (puisque leurs actions seront transférées à cette holding), les deux sociétés tablant sur fin juillet-début août 2026.
À ce stade, la répartition exacte de l'actionnariat de la fusion Nissan-Honda n'a pas été explicitée. Toutefois, les porteurs d'Honda devraient être (très) majoritaires. À l'heure actuelle, Honda pèse quatre fois plus en Bourse que Nissan (une capitalisation boursière d'environ 36 milliards d'euros contre environ 9 milliard d'euros pour le groupe de Yokohama).
Ce qui tient notamment à la meilleure forme d'Honda. Ce dernier a dégagé un bénéfice opérationnel près de trois fois fois supérieur à celui de Nissan sur l'exercice clos fin mars 2024, avec une marge de 7% contre 4,5% pour Nissan. Au premier semestre de l'exercice en cours cet écart s'est encore creusé (6,9% pour Honda contre 0,5% pour Nissan).
Selon les calculs d'Oddo BHF et de Jefferies effectués la semaine dernière, sur la base des valorisations actuelles, les actionnaires d'Honda devraient détenir 84% du nouvel ensemble, contre 16% pour ceux de Nissan. Renault verrait sa participation s'établir à environ 5,7% de la holding.
Une aubaine pour Renault
Comme nous l'avons écrit dans un précédent article, une telle opération serait favorable à Renault, qui disposerait de davantage d'options pour céder et donc monétiser le reliquat de sa participation dans Nissan (35,7% donc).
Avec un groupe coté plus gros, Renault bénéficierait d'une plus forte liquidité pour vendre ses actions. Selon les analystes, l'entreprise au losange pourrait aussi passer par un mécanisme de "swap", c'est-à-dire que Renault donnerait au nouvel ensemble Nissan-Honda les 17% qu'il détient directement dans Nissan (les 18,7% restant sont logés dans une fiducie). En échange, le nouvel ensemble lui rendrait les 15% du capital de Renault qu'il aurait hérité de Nissan.
Renault pourrait par ailleurs, en conservant sa participation, bénéficier des meilleurs résultats attendus du nouvel ensemble, notamment des synergies permises par l'opération.
Nissan et Honda ont indiqué, ce lundi, viser des synergies qui, en année pleine, atteindraient 1.000 milliards de yens, soit environ 6 milliards d'euros. À titre d'exemple, c'est beaucoup plus que les quelque 3,7 milliards d'euros qui avaient été chiffrées par PSA et Fiat Chrysler au moment de l'annonce de leur projet de fusion, fin 2019. Même si ce chiffre sera plusieurs fois relevé par la suite, pour atteindre autour de 8 milliards d'euros.
Ces synergies seraient générées via sept leviers, comme la standardisation des plateformes, la mise en commun des fonctions de R&D et de financement des ventes, ou encore des achats communs, notamment les pièces détachées . Elles devraient permettre au nouvel ensemble Honda-Nissan, d'afficher une résultat opération de 3.000 milliards de yens (environ 18,4 milliards d'euros) pour des ventes de 30.000 milliards de yens.
Nissan devra se redresser
Il faudra toutefois que le projet de fusion aille jusqu'au bout, ce qui dépendra de l'aval des autorités réglementaires de chaque pays. Mais pas seulement.
Répondant à la presse japonaise qui voit dans cette fusion une bouée de sauvetage lancée à Nissan, le directeur général de Honda, Toshihiro Mibe, a répondu que l'opération ne servait pas "à secourir" le groupe de Yokohama. Le dirigeant a ajouté que la mise en place par Nissan d'un plan de redressement pour réduire ses coûts était "une condition absolue" pour que la fusion puisse avoir lieu.
Makoto Uchida, le directeur général de Nissan, a d'ailleurs assuré à la presse japonaise que la fusion ne signifiait en rien que son groupe renonçait à se remettre d'équerre de lui-même.
"Les deux constructeurs automobiles sont en difficulté en Chine (il est intéressant de noter qu'ils ont le même partenaire chinois, Dongfeng), mais Nissan est également confronté à des difficultés majeures aux États-Unis, où il a perdu des parts de marché, notamment parce qu'il a raté la vague hybride (Honda a eu plus de succès dans ce pays)", expliquait la semaine dernière Oddo BHF.
"En conséquence, les deux constructeurs ont récemment décidé de réduire considérablement leur capacité mondiale (10% pour Honda, 20% pour Nissan) dans le cadre d'efforts de réduction des coûts", ajoutait le courtier.
"Compte tenu des performances actuelles de Nissan, la fusion potentielle entre Nissan et Honda n'est pas surprenante. Les deux entreprises sont japonaises et ont des cultures d'entreprise similaires, combinée au fait que les constructeurs automobiles japonais ont pris du retard en matière d'électrification l'accent mis sur les véhicules hybrides et à hydrogène, rend cette fusion potentielle tout à fait logique", expliquait de son côté le bureau d'études indépendant AlphaValue. "Nissan, en particulier, a dû faire face à une faible demande en Chine et aux États-Unis, ce qui rend cette fusion potentielle encore plus intéressante", ajoutait-il.
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