(BFM Bourse) - Les deux groupes de spiritueux souffrent depuis plusieurs séances, pénalisés par l'incertitude politique avec la menace de sanctions de la Chine à l'égard des "brandy" européens.

Ce ne sont pas les premières victimes en Bourse de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Les banques, les concessionnaires d'autoroutes et TF1/M6 ont été plus directement (et fortement) pénalisés. Mais les alcooliers Pernod Ricard et Rémy Cointreau se situent clairement au second rang. Les valeurs perdent d'ailleurs encore du terrain ce lundi, Rémy abandonnant 2,4% et Pernod 1,7% vers 11h10. Et sur les trois dernières séances, l'action Rémy Cointreau lâche 8%, tandis que Pernod Ricard perd près de 3%.

Les deux alcooliers pâtissent du mouvement de vente général qui a gagné l'ensemble des actions françaises. Mais à cela s'ajoute un risque politique propre aux deux valeurs: de potentielles sanctions de la part de la Chine sur les importations de cognac.

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Une issue remise en cause

Au début d'année, le Mofcom ("ministry of commerce") chinois avait ouvert une enquête sur les "brandy" européens, alcools qui regroupent notamment le cognac et l'armagnac français. Mais, le mois dernier, Emmanuel Macron avait rassuré. A l'issue d'une rencontre avec le président chinois Xi Jinping, le locataire de l'Elysée, avait déclaré que le leader chinois "souhaitait" que des sanctions provisoires sur le cognac ne soient pas appliquées. Un engagement, certes, ambigu, mais qui avait suffi à redonner un coup de fouet aux actions Pernod et Rémy.

La dissolution de l'Assemblée nationale jette une ombre sur cette promesse rapportée par Emmanuel Macron. "On peut penser que la dissolution et la perspective d'une alternance (politique, NDLR) remettent en cause ce début d'issue amiable entre la France et la Chine, avec une solution tempérée", juge un analyste.

D'autant qu'à l'incertitude politique française s'ajoutent les tensions entre l'Union européenne et la Chine. La semaine dernière, Bruxelles a annoncé la mise en place de droits de douanes supplémentaires sur les constructeurs automobiles chinois. Ce qui a fait craindre la menace de représailles commerciales de la part de la Chine.

Enquête sur les porcs

Ce lundi, Pékin a annoncé une enquête anti-dumping sur les importations de porc et de produits à base de porc en provenance de l'Union européenne, a rapporté l'AFP.

"Tout élément de tensions créés dans les relations commerciales entre la Chine, la France et l'Europe augmente le risque de sanctions et tout élément d'incertitude politique réduit la probabilité d'une issue favorable", souligne l'analyste précédemment cité. "Il y a à la fois des risques sur ce qui allume le feu et ce qui peut éteindre le feu", résume-t-il.

Dans une précédent article, Pierre Tegner, d'Oddo BHF, avait indiqué que les ventes de cognac en Chine représentaient 25% des revenus chez Remy Cointreau et 8% à 9% de ceux de Pernod Ricard.