(BFM Bourse) - Le titre Quantum affiche parmi les plus fortes hausses de la cote tricolore après que la société biotechnologique a dévoilé les résultats, très attendus, d'une étude de phase IIb "qui ouvrent la voie à une nouvelle prise en charge de l'insuffisance cardiaque après infarctus du myocarde".
Tout vient à point à qui sait attendre. Trois ans et deux mois après avoir présenté le "design" de son étude de phase IIb (essais cliniques intermédiaires) baptisée "QUORUM" permettant d'évaluer l'efficacité et la tolérance de sa molécule phare, le firibastat, par rapport au ramipril, chez les patients à fraction d'éjection réduite après un infarctus aigu du myocarde (IDM), Quantum Genomics en dévoile les résultats.
La société biotechnologique francilienne spécialisée dans le domaine des maladies cardiovasculaires avait demandé à Euronext de suspendre la cotation de son titre vendredi à compter de l'ouverture du marché, alors qu'elle présentait à 10h30 les résultats de l'étude en question lors d'une session du congrès de l'ESC (European Society of Cardiology).
Les résultats positifs dévoilés à cette occasion par Quantum Genomics se traduisent donc à retardement ce lundi par un bond de 9,3% à 5,64 euros pour le titre qui renoue ainsi avec un pic depuis décembre 2018. Réservé à la hausse à l'ouverture, le titre a même bondi de près de 20% lorsqu'il a réussi à afficher une première cotation vers 9h05.
"Les résultats présentés étaient effectivement très attendus, principalement du fait qu’ils sont un point déterminant pour la structuration d’un deal avec un partenaire pharmaceutique majeur pour les territoires Europe et US" souligne Mohamed Kaabouni, analyste en charge du dossier chez BNP Paribas. "En effet, à l’heure actuelle Quantum Genomics a signé 5 partenariats pour firibastat dans différentes régions du monde (Amérique Latine, Asie du Sud-Est, Corée du Sud, Canada et Grèce) dans l’indication hypertension résistante" ajoute-t-il. Les attentes portent donc désormais, selon lui, sur "la capacité de la société à conclure un partenariat sur les deux plus gros marché que sont l’Europe et les Etats-Unis". "C’est la raison pour laquelle le titre flambe ce matin, les résultats dans l’insuffisance cardiaque sont positifs et donnent à la société un levier supplémentaire dans leur négociations" avance-t-il.
Le principal catalyseur du second semestre 2021 pour Quantum
Analyste chez Invest Securities spécialisée dans les sociétés biotechnologiques, Jamila El Bougrini estime pour sa part que ces résultats "représentaient le principal catalyseur du second semestre" pour Quantum Genomics. "La société avait communiqué la date du congrès ESC (European Society of Cardiology) et le fait que les résultats de Quorum seraient présentés à cette occasion, donc ils étaient d’autant plus attendus" rappelle-t-elle. Il n'y a, de plus, pas réellement eu de newsflow sur l'année 2021 donc les résultats de Quorum constituent "un jalon d'autant plus important pour le groupe", dont les dernières actualités (lancement de phase III en décembre 2019, partenariats régionaux pour le développement de cette phase III courant 2020) étaient en lien avec ses recherches dans une autre indication, l'hypertension artérielle.Les résultats dévoilés démontrent une efficacité comparable de firibastat et du traitement de référence (ramipril) sur l’ensemble de la population étudiée pour prévenir la dégradation de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (critère principal) après infarctus du myocarde.
Dans le détail, 295 patients ont été recrutés (depuis fin 2018) dans l’étude dans les 24 heures après un premier infarctus du myocarde. Sur l’ensemble de la population étudiée, après 12 semaines de traitement, la fraction d’éjection ventriculaire gauche (qui correspond au pourcentage de sang que le ventricule gauche est capable d'éjecter à chaque battement, NDLR), évaluée par IRM cardiaque a augmenté de 53 à 59% dans le groupe firibastat 100mg deux fois par jour, de 51 à 58% dans le groupe firibastat 500 mg deux fois par jour et de 50 à 57% dans le groupe contrôle ramipril 5 mg deux fois par jour, indique Quantum dans son communiqué.
"Seul firibastat a amélioré le profil tensionnel, en particulier chez les patients sévères" souligne par ailleurs la biotech. "La pression artérielle n’a donc pas limité l’augmentation des doses de firibastat pour atteindre la dose cible alors que 32,5% des patients n’ont pas pu atteindre la dose-cible de ramipril. L’atteinte de la dose cible est particulièrement importante en termes d’efficacité chez les patients sévères" est-il précisé.
Une étude de phase III à venir
"Aujourd’hui, forts des résultats de Quorum, nous savons que l’efficacité de firibastat sur l’ensemble de la population étudiée est du même niveau que celle de la molécule la plus efficace dans le post-infarctus (...) Ces résultats ouvrent la voie à une étude clinique de phase III (dernière phase des essais cliniques avant une éventuelle commercialisation, NDLR) chez des patients sévères dont le protocole sera finalisé avec le laboratoire pharmaceutique partenaire retenu" se félicite le directeur médical de Quantum Genomics Bruno Besse."Ces résultats ouvrent effectivement la voie à une étude pivotale, mais il y a plusieurs éléments à retenir pour estimer l’horizon de mise sur le marché éventuelle" nuance Jamila El Bougrini: Premier écueil: les coûts, que "Quantum ne pourra pas assumer seul, d'où la nécessité de nouer un partenariat". La direction de la biotech ambitionne en outre un partenariat global avec un seul acteur qui prendrait donc les droits globaux sur l’indication "insuffisance cardiaque", ajoute l'experte, qui estime que Quantum devrait ainsi être en mesure d'annoncer un deal au plus tard au premier trimestre 2022. "Il faudra alors que le labo partenaire approuve ou redéfinisse le protocole de cette étude de phase III (en cours de rédaction par Quantum), celui-ci devant ensuite être approuvé par les agences réglementaires des pays où l’essai sera mené" ajoute-t-elle.
Et le parcours du combattant ne sera toujours pas fini pour firibastat, "s’agissant d’une étude de plus grande envergure que Quorum (probablement plus de 10 fois plus de patients), il faudra compter 3 ans en moyenne (en espérant qu’il n’y ait plus d’impact Covid-19 dorénavant), mais l’on peut également espérer que les capacités d’un grand laboratoire pharmaceutique permettent d’aller plus vite que ne le ferait une biotech sur une étude avec une "grosse" cohorte"" poursuit Jamila El Bougrini. "Nous sommes donc sur une probable publication des résultats de phase III à horizon deuxième semestre 2025, pour une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) fin 2025, puis une potentielle AMM à horizon fin 2026" se projette-t-elle.
Mohamed Kaabouni se veut à peine plus optimiste, "au regard du calendrier et du protocole cliniques pas encore définis", et avance la date du premier semestre 2022 pour le début de la phase III, qui s'étendrait alors jusqu'à fin 2021, avant un "feu vert dans cette indication au plus tôt en 2025".
Deux aspects à retenir pour les négociations en vue d'un partenariat
Enfin, concernant les négociations déjà bien avancées avec différents acteurs pharmaceutiques, "il faut retenir deux aspects" conclut Jamila El Bougrini. "Le premier, positif, est que "firibastat a démontré une meilleure efficacité que le ramipril chez les patients dits sévères, mais surtout un très bon profil tensionnel", caractéristique qui lui "confère un atout nettement différenciant parmi l’arsenal de médicaments disponibles dans cette indication, l’hypertension étant un facteur de risque aggravant pour les accidents cardiaques entre autres, mais aussi pour l’évolution de l’insuffisance cardiaque vers un stade chronique et un état de santé global plus compliqué".Le second en revanche est négatif, en ce que la prodrogue (substance pharmacologique qui est administrée sous une forme inactive ; une fois administrée, la prodrogue est métabolisée in vivo en un métabolite actif) développée par la biotech "n'a pas montré de supériorité d’efficacité au sein de la population globale des patients ciblés initialement par l’étude". "Si les acteurs étaient séduits par une molécule dont le bénéfice dépassait celui du meilleur traitement de référence (ramipril), alors cet aspect des résultats de Quorum peut être décevant" juge l'experte.
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