(BFM Bourse) - Les cours de l'or noir progressent nettement ce lundi alors que les pays exportateurs de pétrole et leurs alliés ont décidé d'augmenter leur production de 411.000 barils par jour. Un soulagement pour le marché qui redoutait pire.
Le marché peut parfois paraître paradoxal. Ce lundi 2 juin, les cours du pétrole grimpent nettement alors que, pourtant, des hausses de production ont été annoncées par les pays producteurs.
Le contrat d'août sur le Brent de mer du Nord, la grande référence internationale des prix du pétrole, avance de 4,2% à 65,40 dollars le baril, vers 15h, tandis que celui de juillet sur le WTI coté à New York gagne 4,6% à 63,59 dollars le baril.
Les groupes pétroliers et parapétroliers progressent aussi. Sur le SBF 120, Viridien gagne 3,5%, Vallourec progresse de 3,3% quand Technip Energies s'apprécie de 2,3%. Valeur phare du CAC 40, Totalenergies est en hausse de 2%.
Samedi, l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et leurs alliés (Opep+) ont annoncé des hausses de production de brut de 411.000 unités par jour en juillet, soit le même chiffre qu'en mai et en juin. Ces augmentations seront opérées par huit pays à savoir l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l'Algérie et l'Oman.
Ces pays ont pris cette décision au regard de "la stabilité des perspectives économiques mondiales et de la bonne santé actuelle des fondamentaux du marché, comme en témoigne le faible niveau des stocks de pétrole".
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Un moindre mal
"Le cartel, autrefois concentré sur la défense des prix, s'est orienté vers la défense des volumes, utilisant les barils pour discipliner les tricheurs de quotas, mettre sous pression le schiste américain et s'attirer les faveurs de Washington", rappelle Stephen Innes de Spi AM.
Pour le marché, il s'agit toutefois d'un moindre mal. Comme le note Deutsche Bank, des informations de presse avaient évoqué une hausse dont l'ampleur aurait pu être plus forte. La banque déduit ainsi que le marché "est soulagé que l'augmentation ne soit pas plus élevée".
À l'instar de n'importe quel marché, le pétrole reste régi par la loi de l'offre et de la demande, une offre plus abondante devant normalement tirer les prix vers le bas, toutes choses égales par ailleurs.
Depuis mars dernier, l'Opep+ a décidé de supprimer progressivement des coupes de production de 2,2 millions de barils par jours qui avait été annoncées fin 2023 pour soutenir les cours avant d'être prolongées jusqu'au début de 2025.
"La semaine dernière, le marché craignait une accélération du processus de suppression (des coupes de production annoncées fin 2023, NDLR) lors de la réunion de samedi, de sorte que les prix du pétrole pourraient réagir positivement à cette nouvelle. Néanmoins, les tensions commerciales restent un autre facteur qui influence fortement les prix du pétrole", a commenté UBS dans une note publiée ce week-end.
Vers un surplus à moyen terme?
La banque pense que le marché du pétrole peut actuellement absorber l'afflux de baril décrété par l'Opep+.
Premièrement, parce que certains membres, dans les faits, produisent déjà au-dessus de leurs plafonds de production. "Ainsi, l'augmentation des quotas ne fait qu'ajouter des barils sur le papier et non des barils réels au marché", écrit UBS.
L'autre raison est que la demande est en train de progresser, comme à peu près tout le temps à cette période de l'année. "Les températures élevées au Moyen-Orient soutiennent la demande de pétrole pour la production d'électricité destinée à refroidir les bâtiments", de même que la grande période des voyages dans l'hémisphère Nord, notamment la saison des vacances aux États-Unis, explique UBS .
"Ces deux facteurs font que les exportations de brut de l'Opep+ en mai se situent à des niveaux similaires à ceux d'avril, et inférieurs à ceux de mars, ce qui explique pourquoi le marché physique reste tendu", conclut l'établissement.
À plus long terme, l'horizon reste assez peu dégagé. "Plus tard dans l'année, ces demandes saisonnières s'affaibliront, ce qui entraînera des risques de baisse des prix si les tensions commerciales continuent d'affecter les marchés financiers", explique UBS.
"La perspective d'un excédent croissant vers la fin de l'année reste d'actualité", prévient de son côté Morgan Stanley.