(BFM Bourse) - De record en record, les cours des principales références de brut ne semblent pas vouloir freiner leur course en ce début d’année, tantôt portés par le déséquilibre structurel du marché ou par des perturbations plus ponctuelles.
Exception faite de l’émergence d’un nouveau variant plus contagieux et dangereux que les précédents, rien ne semble désormais pouvoir arrêter la folle remontée des cours pétroliers vers les 100 dollars – seuil dont le baril de Brent et de WTI se rapprochent depuis des semaines, moins de deux ans après un krach historique.
"Les prix du brut semblent avoir pris un aller simple vers les 100 dollars", constatait déjà ce vendredi Edward Moya, analyste chez Oanda. Et après une nouvelle accélération en fin de semaine dernière, les tarifs pétroliers ont atteint de nouveaux sommets pluriannuels ce lundi matin, le baril de Brent se traitant brièvement à 94 dollars pour la première fois depuis octobre 2014. Vers 10h, la référence européenne de brut repart toutefois légèrement à la baisse, victime de prises de bénéfices, et s’échange à 92,6 dollars (-0,7% par rapport à la veille). Dans le même temps, le baril de WTI cède 1,3% à 91,1 dollars, après avoir frôlé les 93 dollars vendredi soir, puis encore ce lundi matin.
Le rallye de la semaine dernière "a été soutenu par la décision de l’Opep+ de s'en tenir à sa stratégie d'augmentation progressive et par la nouvelle baisse de la production américaine", commente Edward Moya. "Le "souffle de l’arctique" perturbe également une partie de la production au Texas, ce qui explique cette dernière flambée des prix", ajoute-t-il, en référence à la tempête hivernale Landon qui "alimente les craintes de pannes de production dans le bassin permien, la plus grande zone de schiste des États-Unis", précise Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank. Les opérateurs du marché gardent en effet en mémoire la vague de froid qui avait traversé le Texas en février 2021, contraignant de nombreux producteurs à fermer temporairement leurs puits.
Une consommation en passe de battre son record de 2019
Pour rappel, l’Opep et ses alliés, emmenés par la Russie, qui produisent au total près de la moitié du brut consommé dans le monde, s'en tiennent pour l'instant à leur stratégie de remettre chaque mois 400.000 barils supplémentaires sur le marché, attribuant la hausse des prix au manque d’investissements des pays consommateurs dans les énergies fossiles. Certains membres de l’alliance élargi, parmi lesquels l’Angola, le Nigéria ou encore la Russie, peinent en outre à atteindre les objectifs actuels de production, déjà jugés insuffisants par les Etats-Unis et d’autres grands consommateurs comme l’Inde.
De l’autre côté, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a prévenu, dans son dernier rapport mensuel, que la demande mondiale devrait dépasser cette année son niveau pré-pandémique grâce à l’accélération des campagnes de vaccination, combinée à de nouveaux variant moins dangereux - et qui ne justifient donc pas le retour à des confinements stricts. La demande devrait ainsi s’établir, en moyenne, à 99,7 millions de barils par jour en 2022, selon l’organisation, soit environ 200.000 barils par jour de plus que le niveau record de 2019. L’AIE soulignait par ailleurs que les stocks des pays de l’OCDE ont diminué de 6,1 millions de barils en novembre, à un nouveau creux depuis 2014 à 2,76 milliards de barils. Les données préliminaires pointaient en outre vers une nouvelle baisse de 45 millions de barils en décembre.
Si l’AIE se voulait par ailleurs rassurante sur l’état structurel du marché, tablant toujours sur une offre légèrement supérieure à la demande en moyenne cette année malgré les signes indiquant que plusieurs producteurs peinent à atteindre les niveaux convenus, de plus en plus d’analystes tablent sur un pétrole à plus de 100 dollars dans le courant de l’année.