(BFM Bourse) - Le seul grand groupe télécoms encore présent à la Bourse de Paris prend plus de 30% depuis le 1er janvier, surpassant le CAC 40. Ce qui constitue une performance pour une valeur défensive. La société a rassuré sur la trajectoire de sa rentabilité en France, a bénéficié de son profil rassurant, et de spéculations sur une consolidation du marché.
S'il y a bien un carton boursier qui a de quoi surprendre sur cette première partie de 2025, c'est Orange.
Le groupe télécoms, le seul coté à part parmi les quatre grands opérateurs français depuis le retrait d'Iliad de la Bourse de Paris en 2021, prend 32,27% depuis le 1er janvier et surperforme le CAC 40, qui s'adjuge 6,9% sur la même période.
Ce qui s'avère impressionnant pour Orange, une action à "faible bêta". Ce qui, pour simplifier, signifie qu'elle varie habituellement dans des proportions moindres que le CAC 40. Les performances des dernières années ont tendance à le démontrer.
L'action a perdu 1,4% en 2022, quand l'indice a reculé de 9,5%, puis elle a pris 11% en 2023, quand le CAC 40 a gagné 16,5%. Le titre a ensuite reculé de 6,6% en 2024, contre un repli de 2,15% pour le grand baromètre de la Bourse de Paris.
Orange connaît donc un véritable réveil boursier, cette année. Comment expliquer son parcours insoupçonné? Plusieurs facteurs ont joué.
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De bonnes surprises en France
Orange a réussi à déjouer des pronostics pas très optimistes. À compter de l'automne 2024, le marché a redouté une intensification de la concurrence dans le marché de la téléphonie en France.
Ce notamment en raison des offres familiales proposées, par exemple, par Free, ou Bouygues Telecom. Les opérateurs sont repassés en mode "conquête de parts de marché" à coup de tarifs avantageux.
Fin 2024, Morgan Stanley redoutait que la rentabilité d'Orange en France, pays qui représente 57% de la valeur de la société en Bourse, selon la banque, se retrouve sous pression.
L'établissement anticipait un recul, en 2025 du plus important indicateur de résultats de la société, l'Ebitdaal (le résultat brut d'exploitation après loyers) en France. Morgan Stanley attendait une baisse de 1,5% en 2025 et de 1,1% en 2026.
Pour l'heure, Orange résiste à cette intensification de la concurrence. "On a beaucoup parlé de guerre des prix sur le marché français en 2024. Mais les récentes publications de la société, notamment ses résultats annuels, ont rassuré le marché. Le groupe compte augmenter son principal indicateur de rentabilité, l'Ebitdaal, en France cette année, plus encore en 2025 qu’en 2024. Ce qui signifie que la société parvient à compenser l'impact de l'intensité promotionnelle en réduisant ses coûts", explique Stéphane Beyazian, analyste chez Oddo BHF.
Orange avait en effet indiqué tabler, en 2025, sur une croissance de l'Ebitdaal légèrement supérieure à celle de l'an passé pour la France. Cette cible a été confirmée fin avril, après la publication des comptes du premier trimestre, Orange s'estimant "en bonne voie" pour l'atteindre.
Le groupe télécoms est "sur le bon chemin pour améliorer la croissance de son Ebitdaal, malgré les récentes pressions sur les prix en France", jugeait alors UBS.
Des qualités défensives
Un autre atout dans la manche d'Orange a séduit le marché: sa base de revenus concentrée sur la France, l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient. Ce qui signifie que le groupe n'a pas d'exposition directe aux droits de douane américains.
De quoi attirer les investisseurs en quête de sécurité et de visibilité. D'autant que la société présente un taux de rendement du dividende de 6%, selon le bureau d'études indépendant Alphavalue, un chiffre assez élevé au sein du CAC 40.
"Dans le contexte de marché très incertain en début d’année, les valeurs de croissance comme la tech et le luxe ont été chahutées. Les investisseurs se sont alors détournés des valeurs cycliques pour aller sur des actions défensives en cas de récession économique, comme Orange", explique Stéphane Beyazian.
Danone, une autre valeur défensive du CAC 40, connaît d'ailleurs un destin similaire, progressant de 14,1% depuis le début de l'année. Les deux actions ont été parmi les rares du CAC 40 à souffrir lundi, lorsque le marché a retrouvé de l'appétit pour le risque à la suite de l'annonce d'une trêve entre les États-Unis et la Chine sur les droits de douane.
Le dernier moteur de hausse du titre est également extérieur à l'opérationnel d'Orange. "Un autre facteur de soutien reste le pari d'une potentielle consolidation du marché. Les investisseurs ont commencé à anticiper un futur rachat d'Altice-SFR par un autre opérateur télécoms du marché français. Une telle opération aurait des bénéfices pour l'ensemble des trois acteurs du marché, notamment en termes de prix", explique Stéphane Beyazian.
"Nous attribuons une probabilité de 50% à un tel scénario. Au début de l'année, nous ne l'aurions chiffrée qu'à 20%. Depuis, Altice France a restructuré sa dette, ce qui facilite une potentielle vente et reprise de l'entreprise", ajoute-t-il.
Interrogé par BFM Bourse, le groupe Altice France a apporté le commentaire suivant: "Le groupe est concentré sur l’implémentation de l’accord sur la dette, la réflexion sur la vente d’actifs non essentiels et la poursuite de la relance commerciale de SFR et de l’amélioration de la qualité de service, deux indicateurs déjà bien engagés comme en témoignent les résultats du premier trimestre".
Encore du potentiel
Après ce rallye, l'action Orange peut-elle continuer son ascension? UBS se montre confiante. La banque suisse a un conseil à l'achat, jugeant que l'action offre un potentiel de rattrapage, en termes de valorisation, au sein d'un secteur défensif. "L'Ebitdaal de la France s'améliore malgré le bruit sur l'environnement tarifaire et les investisseurs semblent plus enclins à valoriser la visibilité sur la croissance du flux de trésorerie et du rendement pour les actionnaires. La (potentielle, NDLR) consolidation de la France offre des possibilités de hausse", expose la banque suisse.
Alphavalue est à "accumuler" sur le titre, avec un objectif de cours de 14,8 euros (contre une action à environ 12,7 euros à l'heure actuelle). Le bureau d'études indépendant note que la décote de valorisation d'Orange est en train de se réduire.
"Orange est sur une trajectoire positive en matière de dividendes, prévoyant une croissance annuelle de 3% au cours des cinq prochaines années", apprécie Alphavalue. En Espagne, sa coentreprise MasOrange bénéficie d'une position de leader de marché tant en termes d'abonnés fixes que mobile, rappelle au passage Alphavalue.
Cette société pourrait s'introduire en Bourse à compter de mars 2026, comme l'a expliqué la direction d'Orange lors de la conférence téléphonique suivant les résultats du premier trimestre. Mais s'il ne s'agit que d'une possibilité parmi d'autres.
Plus largement, sur les 19 analystes suivant le titre, 13 sont à l'achat ou équivalent, cinq à "conserver", et un à la vente, selon un consensus investing.com. Leur objectif de cours moyen (13,59 euros) accorde un potentiel de 7% environ au titre.
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