(BFM Bourse) - Le spécialiste des navettes autonomes a dû retirer un communiqué publié par erreur au sujet d’un financement qui s’est avéré être en fait une escroquerie, et qui n’était heureusement pas bouclé. Le titre qui avait bondi de 140% lundi à la suite de ce communiqué s’effondre ce vendredi.
Le parcours boursier déjà très agité de Navya a connu une nouvelle péripétie absolument rocambolesque.
L’action du spécialiste des navettes autonomes plonge de 51% ce vendredi à 0,0678 euro, vers 10h15. Cette chute efface la quasi-totalité de la hausse de lundi, au cours de laquelle le titre avait gagné plus de 140%, passant de 0,057 euro à 0,138 euro. Avant d’être suspendu de cotation vers 17h, à la demande de la société.
Ces montagnes russes (ou train fantôme, c’est selon) sont dues à un important couac de communication. Lundi, le marché avait salué l’annonce dans un communiqué d’un prêt de 30 millions d’euros consenti à des conditions très avantageuses (un taux de 3% avec une maturité de 10 ans et un principal remboursable in fine) par Eshaq Investment Company, une société de capital-risque basée au Bahreïn.
Une tentative d'escroquerie
Sauf que ce communiqué de presse n’aurait jamais dû être publié à ce moment. Navya a indiqué jeudi soir que ce document avait été publié "par erreur" et à "l’encontre de [ses] directives expresses" par son agence de communication, NewCap. Interrogée par BFM Bourse, cette dernière n’a pas fait de commentaire.
Navya explique qu’il s’agissait d’un projet de communiqué confidentiel qui n’aurait dû être publié qu’à la conclusion du projet de financement de 30 millions d’euros, qui n'était donc pas finalisé.
"Navya a dès lors demandé que son cours de bourse soit suspendu le 12 décembre à 17h09, afin de permettre de finaliser certaines investigations sur les modalités financières de cette opération", explique la société.
"Ces investigations ont abouti à la conclusion que les conditions de mise en place de ce projet de financement relevaient d’une tentative d’escroquerie car elles ne sont notamment pas conformes aux règles fiscales internationales", a révélé l’entreprise. "Dans ce contexte, Navya a mis fin à ce projet de financement de 30 millions d’euros et n’a subi aucun impact sur ses comptes", a ajouté le groupe.
Des pertes importantes
La société explique qu’elle engagera "toutes les actions judiciaires nécessaires et appropriées".
Cette épisode malheureux rappelle que Navya doit trouver régulièrement de nouveaux financements pour prolonger son espérance de vie financière.
L’entreprise avait eu, en juillet, recours à une émission d'OCABSA, pour un montant total de 36 millions d’euros, si la société tire toutes les tranches. Ce mode de financement, qui associe des obligations convertibles en action (OCA) à des bons de souscriptions en action (BSA), permet à des entreprises fragiles et exclues du marché du crédit de trouver rapidement de l’argent frais pour assurer leur fonctionnement. Néanmoins, ce procédé s’accompagne généralement d’une forte dilution pour les actionnaires car l’intermédiaire financier qui souscrit ces titres a ensuite vocation à céder les actions obtenues sur le marché. L'Autorité des marchés financiers (AMF) a plusieurs fois alerté sur les risques liés à ces instruments.
Navya avait estimé mi-novembre que le solde des OCABSA non tirées, de 30,25 millions d’euros à ce moment, lui permettait de couvrir ses besoins de financements sur les douze prochains mois. Ce qui lui laisse donc un peu de temps pour trouver de nouveaux relais.
Pour donner un ordre de grandeur, les pertes nettes accusées par Navya en 2021 et 2020 s’étaient inscrites à 24 millions et 23,7 millions d’euros respectivement.
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