(BFM Bourse) - Le titre du spécialiste de la chimie verte s'envole à la Bourse de Paris sans facteur évident justifiant cette hausse. Le Courrier Picard avait toutefois rapporté il y a quelques jours que François Ruffin, député de la Somme, était mobilisé pour sauver l'usine en difficulté Metex Noovistago à Amiens.

Metabolic Explorer affole les compteurs en ce début de semaine à la Bourse de Paris. Le titre du groupe de chimie verte flambe de 120% à 0,557 euro ce mardi dans de copieux volumes avec plus de 2 millions de titres échangés vers 14h30. Lundi, l'action avait déjà engrangé 13,5%, portant ses gains à plus de 140% sur les cinq dernières séances.

Ce regain d’intérêt du marché pour ce dossier massacré survient alors qu'aucune information évidente justifie cette variation ce mardi.

Contactée par BFM Bourse, une porte-parole de Metex n'était pas en mesure de donner des explications concernant l'envolée du titre de la société.

Une piste possible serait toutefois de mettre en perspective cette forte hausse avec un article de presse publié en fin de semaine dernière. Selon le Courrier Picard, le député LFI de la Somme François Ruffin serait "mobilisé" sur le dossier Metex Noovistago à Amiens.

"La situation de l’usine d’acides aminés Metex Noovistago inquiète les élus locaux, dont le député de la Somme, François Ruffin, qui tente, à son niveau, de trouver des solutions", rapporte le journal local.

Une dimension politique

Cette reprise en main du dossier par François Ruffin peut donc potentiellement donner des espoirs au marché. Il faut dire que la situation de cette usine s'est brutalement dégradée en raison d'une concurrence chinoise féroce sur le marché de la lysine, un acide aminé d'origine animale qui est aussi produit par l'usine Metex Noovistago.

Or, les acteurs européens dont Metex ne peuvent pas affronter cette concurrence à armes égales dans la mesure où la production de la lysine dépend des cours du sucre. La matière première est achetée moins cher par les producteurs de cet acide aminé en Chine, explique François Ruffin sur son site internet.

En plus de ces vents contraires venus de Chine, l'usine Metex d'Amiens avait dû interrompre sa production d'acides aminés à l'automne dernier en raison de l'explosion des cours de l'énergie, liée à la guerre en Ukraine. Un arrêt qui avait conduit les 350 salariés de l'usine à se mettre en chômage partiel.

La production a depuis repris, mais avec l'aide de la puissance publique. qui a accordé un plan de financement de 73 millions d'euros pour faciliter le redémarrage de l'usine.

Dans le cadre de ce sauvetage, Metabolic Explorer a également mandaté un prestataire afin de trouver les financements complémentaires du plan d'affaires à mettre en place d'ici janvier 2025 à hauteur de 30 millions d'euros maximum.

A cet horizon, Metex estime pouvoir atteindre un chiffre d’affaires d'environ 420 millions d’euros, un Ebitda (résultat brut d'exploitation) de l’ordre de 46 millions d’euros et un cash-flow opérationnel (avant financements et investissements) de l’ordre de 42 millions d’euros.

Une tension sur la trésorerie

Pour l'instant, les comptes de Metex restent sous pression, la société clermontoise citant "un contexte économique difficile", qui a notamment pesé sur ses ventes. A fin juin 2023, le chiffre d’affaires du groupe a quasiment été divisé par deux à 69,1 millions d'euros contre 129,3 millions d'euros un an auparavant.

Ce faible niveau d'activité a également été préjudiciable à la rentabilité de Metex tout comme l'envolée des prix du sucre et des cours de l'énergie. Au premier semestre, le groupe a creusé sa perte d’exploitation à 9,7 millions d'euros contre -7,4 millions d'euros à fin juin 2022. Quant au résultat net, celui ci reste en perte, à hauteur de 16,9 millions d'euros contre -18,4 millions d'euros au premier semestre 2022.

Outre ces comptes semestriels dégradés, le marché a vivement sanctionné les tensions sur la trésorerie auxquelles est sujette la société. La trésorerie nette d’endettement ressort à -68,4 millions d'euros à fin juin 2023 contre -38,6 millions d'euros au 31 décembre 2022.

"Compte tenu du niveau d’activité, de la pression concurrentielle et du coût des intrants, une tension persiste au niveau de la trésorerie du groupe en dépit des opérations de financement susmentionnées", explique Metex qui prévient que "cette tension va se poursuivre dans les trimestres à venir".

La société dit travailler "avec ses partenaires à la recherche de nouveaux leviers afin de restaurer sa rentabilité et assurer son financement". A la Bourse de Paris, la réaction à ces tensions sur la trésorerie avait été sans appel, le titre Metex avait plongé de 19,35% le 29 septembre, au lendemain de la publication de ces comptes semestriels.

Le prochain rendez-vous de Metex avec le marché est prévu le 9 novembre prochain à l’occasion de la publication du chiffre d'affaires du troisième trimestre.