(BFM Bourse) - Ces trois titres évoluent en forte baisse à la Bourse de Paris, à la suite de la revendication d'une prise de pouvoir dans le pays par des militaires.
La Bourse et la (géo)politique sont étroitement liées. La chute des valeurs exposées à la Russie lorsque l'invasion de l'Ukraine par Moscou a été pressentie puis confirmée l'a très bien démontré l'an passé.
Ce mercredi, c'est la situation politique au Gabon qui vient secouer plusieurs actions de la Bourse de Paris. Ali Bongo, le président sortant du pays, a revendiqué la victoire à l'élection présidentielle, dans la nuit de mardi à mercredi, avec 67,24% des voix.
Mais dans la foulée, des militaires ont annoncé mettre "fin au régime" d'Ali Bongo dans le pays, tentant ainsi de réaliser un coup d'État. Le sort d'Ali Bongo n'est pas encore connu à ce stade.
Le Gabon est un pays riche en pétrole et en ressources naturelles. En conséquence, plusieurs groupes cotés français sont présents.
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Maurel & Prom en passe de se renforcer dans le pays
C'est le cas de la société pétrolière indépendante Maurel & Prom, dont l'action plonge de 22,4% vers 10h40 à la Bourse de Paris. Il s'agit même du plus important pays de l'entreprise française. Pour donner un ordre d'idée, la production de pétrole au Gabon de Maurel & Prom représentait 15.779 de barils par jour au premier semestre 2023, soit plus de la moitié du total de sa production d'hydrocarbures, c'est-à-dire 27.400 barils équivalent pétrole par jour.
Contacté par BFM Bourse, le groupe a déclaré que ses opérations n'étaient absolument pas affectées actuellement et n'a pas souhaité faire davantage de commentaires.
La production de pétrole ne s'arrête pas d'un coup. Ils devraient avoir le temps de poursuivre la production avant les prochaines livraisons de barils", souligne Nicolas Montel, analyste chez Portzamparc.
Cette crise politique au Gabon survient alors que Maurel & Prom a justement annoncé il y a deux semaines, le projet de rachat de la société gabonaise Assala Energy Holdings pour 730 millions de dollars. Cette opération, qui nécessite l'accord de la République du Gabon, doit renforcer significativement le groupe français au Gabon. En supposant qu'Assala eut été intégré dans ses comptes, la production totale de Maurel & Prom serait passée à 56.500 barils par jour dans le pays, au premier semestre.
Eramet y exploite la plus importante mine de manganèse au monde
La minière Eramet souffre également avec un plongeon de 21,6%. L'entreprise est présente au Gabon via sa filiale Comilog (Compagnie minière de l'Ogooué) qu'elle détient à plus de 63% et qui exploite un gisement de manganèse à Moanda, qui serait "la première mine de manganèse au monde", selon Eramet. Cette mine a produit l'an passé 7,5 millions de tonnes de minerai de manganèse et Eramet a réalisé, globalement, 3,15 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le manganèse.
L'entreprise a déclaré aux agences de presse avoir mis à l'arrêt ses activités au Gabon, où elle emploie environ 8.000 personnes, à la suite de l'annonce du coup d'État dans le pays.
"Eramet va suspendre sa production et produire moins de minerais ce qui va affecter son chiffre d'affaires et son Ebitda (résultat brut d'exploitation). Mais Eramet est un acteur tellement important du manganèse que lorsqu'il interrompt sa production, les prix du minerai montent, ce qui contrebalance un peu l'arrêt de production. Tout dépendra néanmoins de la durée de cet arrêt", estime Nicolas Montel.
Notons au passage que l'action Eramet peut potentiellement être également pénalisée par Fitch, l'agence de notation qui a abaissé à "négative" la perspective de la note de crédit "BB+" de la société minière.
Autre entreprise à pâtir de l'incertitude politique au Gabon: Total Gabon qui chute de 14%. Cette société est détenue à 58,3% par la major pétrolière TotalEnergies (qui de son côté gagne 0,4%) et à 25% par la République Gabonaise, le solde constituant le flottant de l'action.
L'an dernier, Total Gabon a produit 15.800 barils par jour de pétrole brut. Une goutte d'eau en comparaison avec la production d'hydrocarbures totale de TotalEnergies, de 2,77 millions de barils équivalents pétrole par jour en 2022.
Malgré la chute de ces actions, Nicolas Montel se veut mesuré. "Historiquement, quand il y a des coups d'État en Afrique, les nouveaux gouvernements ne touchent pas aux actifs miniers et pétroliers car ils sont conscients qu'ils représentent une source importante de revenus et des devises, qui servent donc à l'activité économique. Je n'ai pas d'inquiétude sur un risque de nationalisation de ces actifs", considère l'analyste.
"Après, il faudra aussi voir quel est le sérieux de ces militaires alors que la situation semble très confuse pour l'heure", prévient-il.
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