(BFM Bourse) - Le groupe de luxe a annoncé avoir réalisé un chiffre d'affaires de 3,805 milliards d'euros au premier trimestre, traduisant une croissance de 17% en données comparables, nettement au-dessus de la prévision des analystes. La maroquinerie alimente la croissance du sellier ce trimestre.

L'an passé, Hermès est parvenu à satisfaire les investisseurs à chaque publication, une performance suffisamment rare pour être soulignée. Et encore une fois, la livraison du groupe de luxe était particulièrement surveillée dans un contexte encore difficile pour les acteurs du luxe. Mercredi, les investisseurs n'ont pas manqué de sanctionner Kering qui a une nouvelle fois glacé le marché après avoir dévoilé des ventes trimestrielles en forte baisse, elles-mêmes accompagnées de perspectives dégradées.

Du côté d'Hermès, le sellier a une nouvelle fois fait honneur à son rang en cette vague de publications. Sur les trois premiers mois de l'année, le groupe a publié des ventes supérieures aux attentes, et semble immunisé face au ralentissement de la demande en Asie.

Sur l'ensemble de la période allant de janvier à fin mars, Hermès a dégagé des revenus de 3,805 milliards d'euros, en hausse de 13% en données publiées sur un an et de 17% hors effets de devises.

"La solide croissance des ventes au premier trimestre 2024 témoigne de la fidélité de nos clients partout dans le monde, de la force du modèle artisanal du groupe et de la désirabilité des créations, dans un environnement plus complexe. Hermès poursuit sa stratégie qui repose sur des savoir-faire exceptionnels, les plus belles matières et une exigence de qualité sans compromis", a déclaré Axel Dumas, le gérant d'Hermès, dans un communiqué.

La croissance organique du groupe Hermès ressort donc "supérieure au consensus" qui attendait une progression de 14%, et "globalement en ligne avec les attentes des analystes", note Stifel.

Le Japon en forte croissance

Hermès a dévoilé une croissance organique à deux chiffres dans l'ensemble des zones géographiques, où le groupe est présent. Au Japon, Hermès a enregistré une croissance qualifiée "d'exceptionnelle" par la société, avec une progression des revenus à taux de changes constants de 25% sur un an, là où le consensus attendait une hausse de 21%. Hermès a pu compter sur "la fidélité de sa clientèle locale".

Dans les autres régions, la croissance est restée robuste au premier trimestre avec une progression des revenus de 15% hors effets de changes en Europe, là où le consensus anticipait une hausse de 13% de l'activité dans la région. Le Japon et l'Europe hors France "ont été les principaux moteurs de la croissance" au premier trimestre, avance Stifel.

Concernant la région Asie-Pacifique hors Japon, qui concentre les craintes des marchés, le groupe affiche une croissance à deux chiffres. Sur les trois premiers mois de 2024, cette région a enregistré une croissance à taux de changes constants de 14%, soit au-dessus des 13% attendus par le consensus.

"La désirabilité des objets et la stratégie de la valeur de la maison ont permis de compenser la légère inflexion du trafic en Grande Chine observée à l’issue du Nouvel An chinois", explique Hermès.

En France, l'activité progresse de 14% à taux de changes constants, ce qui est légèrement au dessus des attentes (+13%), tandis que la région Amériques déçoit légèrement, avec une hausse de 12% de l'activité sur ces mêmes bases, quand le consensus attendait un peu plus (+13%).

"D'un point de vue géographique, l'Europe et le Japon ont été les plus performants, tandis que les Amériques et le reste de l'Asie sont plus ou moins en ligne avec les attentes du marché", résume Morgan Stanley.

Par division, la maroquinerie-sellerie a vu sa croissance atteindre 20% hors effets de changes, ce qui est nettement supérieur aux attentes (+15%) et explique aussi la performance globale d'Hermès sur le trimestre.

Les vêtements et accessoires tirent aussi leur épingle du jeu avec une hausse de 16%, hors effets de changes, tout comme les autres métiers - qui regroupent la bijouterie et l’univers de la maison - qui progressent de 24,5%, sur ces mêmes bases. Le consensus anticipait une progression de 14% pour ces deux divisions.

Tandis que les divisions de taille un peu plus modeste ont affiché une progression de leur activité "globalement en ligne" avec les attentes (+8% pour la soie et les textiles, +4% pour les parfums et +4% pour les montres), note Stifel.

Une dépendance aux sacs?

Dans l'ensemble, Hermès a réalisé "un début d'année solide, soutenu par des prix supérieurs à la moyenne (+8-9%), qui confirme la résilience de son principal pôle de maroquinerie, la désirabilité de la marque Hermès et l'attrait défensif du titre dans un contexte de demande plus difficile pour le secteur cette année", abonde le bureau d'études.

Au sujet de ses perspectives, la société a, comme d'habitude, évité de donner des indications chiffrées. "À moyen terme, en dépit des incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde, le groupe confirme un objectif de progression du chiffre d’affaires à taux constants ambitieux", a réitéré une nouvelle fois Hermès.

"Le groupe aborde l’année 2024 avec confiance, fort de son modèle artisanal fortement intégré, de son réseau de distribution équilibré, de la créativité de ses collections et de la fidélité de sa clientèle", a par ailleurs déclaré le groupe.

Hermès a donc proposé au marché une publication de qualité, qui plus est supérieure aux attentes. Mais la prestation trimestrielle du bon élève du secteur du luxe ne suffit plus à contenter le marché, en témoigne la réaction du titre à la Bourse de Paris. L'action Hermès redonne 2,8%, à 2.288 euros, pour figurer parmi les plus fortes baisses de l'indice vedette parisien.

Morgan Stanley apporte cependant un élément de réponse à cet accueil timoré. Selon le bureau d'études, les plus sceptiques "feront valoir que les catégories plus aspirationnelles (par exemple les parfums, les montres, etc.) ont ralenti en séquentiel (d'un trimestre sur l'autre, NDLR) par rapport au quatrième trimestre 2023 et au deuxième trimestre 2023 (mais étaient néanmoins conformes aux attentes du marché)".

"Hermès n'est finalement pas totalement immunisé contre la pression exercée sur les consommateurs à revenus moyens au niveau mondial - laissant la croissance pour le reste de l'année potentiellement plus dépendante des produits en liste d'attente (c'est-à-dire les sacs)", poursuit le bureau d'études, qui reconnaît qu'Hermès "continue de surperformer de manière significative le reste du secteur des produits de luxe".