(BFM Bourse) - Le groupe de luxe a annoncé avoir dégagé une croissance de 7% en données comparables, au premier trimestre. La croissance du groupe ressort cependant légèrement inférieure aux attentes, ce qui crispe le marché.

Lundi 14 avril, Hermès a ravi à son rival LVMH le titre de première capitalisation de la place parisienne .

Le groupe se distinguera-t-il encore parmi ses pairs du luxe en 2025? Les chiffres publiés ce jeudi par le sellier-maroquinier donnent un premier aperçu de la dynamique commerciale de la société en 2025. Les attentes étaient particulièrement élevées pour Hermès, qui est perçu comme le navire insubmersible, capable de surperformer dans les bonnes comme dans les mauvaises années.

Le sellier-maroquinier a publié une croissance positive ce jeudi au titre du premier trimestre, ce qui contraste avec la baisse des revenus de LVMH sur la même période (-3% en données comparables).

Sur la période allant de janvier à fin mars, Hermès a ainsi dégagé des revenus de 4,1 milliards d'euros, en croissance de 9% en données publiées et de 7% hors changes.

Un marché déçu

"Dans un contexte géopolitique et économique complexe, la maison renforce plus que jamais ses fondamentaux : la qualité sans compromis, la création au cœur de tout développement et l’intégration verticale, garantie de préservation des savoir-faire d’excellence. Malgré une base de comparaison élevée au premier trimestre, le groupe poursuit une croissance solide grâce à la confiance de ses clients et à l’engagement des équipes que je remercie vivement", a déclaré Axel Dumas, le gérant d'Hermès dans un communiqué.

La prestation trimestrielle du bon élève du secteur du luxe ne suffit plus à contenter le marché, en témoigne la réaction du titre à la Bourse de Paris. L'action Hermès redonne 3,5%, à 2.276 euros, et accusant la plus forte baisse du CAC 40, ce jeudi 17 avril. Dans une note publiée ce jeudi matin, Stifel s'attendait à ce "que les actions évoluent légèrement en baisse à l'ouverture du marché".

Le sellier manque légèrement les attentes du marché, qui visait une croissance organique de 8%, selon un consensus cité par Stifel.

Hermès marque aussi un ralentissement de sa croissance d'un trimestre sur l'autre, après avoir vu ses revenus progresser de 17,6% au quatrième trimestre. La société française avait, une fois de plus, signé la plus forte croissance du luxe sur la période, et de très loin.

Mais la performance demeure remarquable au vu de la dégradation de la conjoncture en Chine, un important marché pour le secteur (environ 30% des revenus des groupes de luxe selon Bank of America), dont ont fait part les rivaux de Hermès.

L'activité de la société n'est d'ailleurs pas totalement immune à la morosité du marché chinois. Les revenus de Hermès n'ont progressé que de 1% hors changes en Asie-Pacifique, région qui inclut la Chine. Ce qui marque un nouveau coup de frein après la croissance de 9% en fin d'année. Hermès cite "une base de comparaison particulièrement élevée" et une" baisse de trafic observée en Grande Chine depuis la fin du premier trimestre 2024".

La performance en Asie-Pacifique manque aussi les attentes du consensus, qui anticipait une croissance de 4% du chiffre d'affaires du groupe Hermès dans la région. Cette croissance "plus faible que prévu" en Asie-Pacifique, a éclipsé une "solide" progression de l'activité dans les autres régions, note Stifel.

Une croissance vigoureuse au Japon

A contrario des autres groupes de luxe, Hermès a continué d'enregistrer une croissance vigoureuse au Japon, de 17% hors changes. La société a souligné "la fidélité de la clientèle locale" pour expliquer ces chiffres.

LVMH a fait par exemple état d'une contraction de 1% de son activité au Japon au premier trimestre. L'activité dans ce pays a été portée, ces derniers trimestres, par les dépenses des touristes chinois dans le pays, attirés par la faiblesse du yen et donc les prix plus abordables des produits de luxe au Japon. Mais cet impact n'a a priori pas pesé sur l'activité d'Hermès dans le pays.

Par ailleurs, l'Europe, hors France et la zone "Amérique" ont continué d'afficher des performances remarquables, avec des croissances respectives de 13% et 11% hors changes.

Par catégories, les deux principales divisions de la société, à savoir la "maroquinerie-sellerie" , et les "vêtements et accessoires" ont progressé de respectivement 10% et de 7% en données comparables.

"Par catégorie, la croissance de la maroquinerie est solide (+10% contre. +9% consensus, bien que freinée par les faibles niveaux de stocks à fin décembre). La croissance du prêt-à-porter (+7%), des autres secteurs d’Hermès (+6%) a été un peu plus faible que prévu, ainsi que les catégories les plus petites et les plus cycliques comme les parfums (-0,5% en raison des expéditions anticipées au 4T24) et les montres (-10%)", détaille Stifel.

Au sujet de ses perspectives, la société a, comme d'habitude, évité de donner des indications chiffrées. "À moyen terme, en dépit des incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde, le groupe confirme un objectif de progression du chiffre d’affaires à taux constants ambitieux", a réitéré une nouvelle fois Hermès.

"À moyen terme, en dépit des incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde, le groupe confirme un objectif de progression du chiffre d’affaires à taux constants ambitieux", a ajouté le groupe.

La société a aussi annoncé qu'elle allait augmenter ses prix aux Etats-Unis, "dès le 1er mai et sur l'ensemble des métiers", afin de compenser les 10% de droits de douane. Son directeur général des finances, Eric Halgouët, n'a cependant pas précisé l'ampleur de cette hausse des prix.

Le sellier-maroquinier avait déjà relevé ses prix dans le monde de "6 à 7%" en début d'année, et ne les augmente habituellement qu'une fois par an.