par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Les actionnaires familiaux d'Hermès restent sereins et présentent une défense unie face à l'intrusion de LVMH dans le capital du groupe, a déclaré mardi le gérant du sellier, qui s'est refusé à toute indication sur les options maintenant envisagées.
Patrick Thomas est resté évasif lors d'une conférence téléphonique, alors qu'il était pressé de questions sur la stratégie de défense des descendants de Thierry Hermès face au géant du luxe dont l'arrivée est perçue comme hostile.
Certains avocats et analystes ont évoqué la possibilité, pour les actionnaires familiaux, de sécuriser leur participation en la regroupant dans une holding non cotée, à l'image de celle qui existe au sein de la famille Mulliez chez Auchan.
"Vous ne pouvez pas empêcher une famille de réfléchir face à cette intrusion dans son capital", a simplement déclaré Patrick Thomas, ajoutant : "Il est tout à fait logique qu'ayant trouvé un visiteur dans son jardin, elle se réunisse et discute des façons de répondre à ce visiteur."
Le gérant du groupe, qui vient d'annoncer une très forte progression de ses ventes au troisième trimestre et une révision en hausse de ses objectifs annuels, a également indiqué que la détention d'environ 73% du capital par la famille constituait déjà, en elle-même, une "pilule empoisonnée".
Il a réaffirmé que les actionnaires familiaux étaient "extrêmement sereins" et que le groupe était "parfaitement équipé", grâce à sa commandite, pour faire face à LVMH.
RICHEMONT N'EST PAS AU CAPITAL
Il a rappelé qu'à l'entrée en Bourse de la société, en 1993, la famille détenait "un peu plus de 80% du capital" et que l'érosion de cette participation depuis lors avait finalement été "relativement modeste".
"Dix-sept ans après, elle en détient toujours 73%", a-t-il dit, ajoutant que "la solidité du verrouillage semble durable dans le cadre de sa commandite".
"Elle (la famille) n'a pas besoin de pilule empoisonnée. La détention du capital par la famille, c'est la pilule tout court", a-t-il dit, ajoutant cependant que le groupe disposait des autorisations nécessaires pour pratiquer "un certain nombre d'opérations de défense".
Hermès a obtenu de ses actionnaires de pouvoir émettre des bons dits "Breton" autorisant une société à émettre des bons de souscription en actions pour se défendre en cas d'offre hostile.
Une position qu'elle a toujours justifiée par un principe de prudence. "Ces bons ne sont pas nécessaires puisque nous sommes une société en commandite et nous sommes acharnés à défendre notre propriété. Cela dit, la prudence reste une seconde nature et nous ne voulons pas injurier le futur, si lointain soit-il", avait déclaré Jérôme Guerrand, président du conseil de surveillance d'Hermès, à l'occasion d'une l'assemblée générale des actionnaires remontant à juin 2008.
Patrick Thomas a également indiqué, en réponse à une question, qu'à la connaissance d'Hermès, le groupe Richemont n'était pas présent à son capital.
Bernard Arnault, PDG de LVMH, a invoqué un éventuel intérêt d'un groupe étranger, qui aurait pu détenir d'ores et déjà moins de 5% du capital d'Hermès, comme une des raisons l'ayant poussé à transformer sa participation en actions.
"Dans les vérifications du 28 octobre il n'apparaît pas de détention du groupe Richemont (...) Il n'apparaissait pas non plus de détention du groupe LVMH (...) Mais je ne pense pas que ce soit le cas. Ce sont des gens que nous connaissons bien (les dirigeants de Richemont) et qui, eux, fonctionneraient de façon amicale", a déclaré Patrick Thomas.
Edité par Dominique Rodriguez
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