(BFM Bourse) - Selon la banque américaine, GE Aerospace pourrait franchir ce seuil totalement inédit pour le secteur d'ici à cinq ans. D'autres groupes comme RTX pourraient suivre.
Le compartiment "aéronautique et défense" était assurément celui à ne pas manquer en Bourse, cette année. En Europe, les nombreuses annonces de hausses des budgets militaires ont propulsé le secteur à des niveaux inédits.
L'indice paneuropéen "Stoxx Europe Total Market Aerospace & Defense" a pris 56,4% cette année et l'indice "Stoxx Europe Targeted Defence" a même gagné 115%.
Les actions américaines ne sont pas à la traîne, le "S&P Aerospace & Defense Industry Index" s'adjugeant 50,8%.
Rappelons que même si l'Europe cherche à réduire sa dépendance aux États-Unis, son réarmement passera forcément par le pays de l'oncle Sam.
Selon Oddo BHF, les États-Unis concentrent 63% des dépenses totales d'équipements militaires et leurs ventes vers l'Europe ont progressé de 89% entre 2021 et 2022.
L'accord commercial noué entre Washington et Bruxelles pour abaisser les droits de douane américains à 15% prévoit d'ailleurs que l'Union européenne augmente "substantiellement l'acquisition d'équipements militaires et de défense en provenance des États-Unis".
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Des méga-tendances
Reste qu'aucun groupe d'aéronautique et de défense ne figure parmi les poids lourds de la cote mondiale. Nulle entreprise du compartiment n'a franchi le cap des 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière (la valeur de la totalité des actions).
La tech (avec nombre de sociétés), l'automobile (avec Tesla), l'énergie (avec Petrochina), les semi-conducteurs (avec TSMC) ou la pharmacie (avec Eli Lilly) sont autant de secteurs qui ont, eux, déjà dépassé ce seuil. La distribution (avec Walmart) et les banques (avec JPMorgan) n'en sont vraiment pas loin.
Selon Citi, seulement quelques années seront nécessaires avant qu'émerge un groupe d'aéronautique et de défense à plus de 1.000 milliards de dollars en Bourse.
"L'aéronautique et la défense sont au cœur d'un certain nombre de mégatendances, des moteurs de croissance séculaires (de long terme, NDLR), pluriannuels, largement indépendants de l'économie", explique la banque dans une note consacrée au secteur aux États-Unis.
"Lorsque nous modélisons bon nombre de ces tendances pour les années à venir, nous pensons que le résultat final sera la création de plusieurs milliers de milliards de dollars de capitalisation boursière pour l'ensemble du groupe" de valeur ajoute-t-elle.
L'établissement est notamment hyper-optimiste sur la production de nouveaux avions, qui devront être fabriqués par milliers avant que le haut du cycle soit atteint. Ce qui pourrait prendre plus d'une décennie, considère Citi.
Le trafic passagers progresse deux à trois fois plus vite que le PIB mondial chaque année, et les flottes d'avions civils atteignent des âges record. Les monocouloirs affichent un âge moyen de 13 ans et les gros-porteurs 14,5 années, note ainsi Citi.
Cet allongement de l'âge moyen se traduit par un besoin accru de services de maintenance, révision, réparation et de ventes de pièces détachées. Ce qui constitue un avantage pour les services d'après-vente des groupes d'aéronautique.
Dans la défense, les méga-tendances seront soutenues par la décision de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) de porter ses dépenses militaires à 3,5% du produit intérieur brut d'ici 2035, contre une précédente cible de 2%. Un "cycle de plusieurs années" s'observe par ailleurs sur l'approvisionnement des missiles et de munitions, constate Citi, de même que les dépenses pour développer des drones militaires.
GE Aerospace, le partenaire de Safran
Dans ce contexte, la banque américaine estime qu'une action atteindra plus de 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière d'ici à cinq ans (Citi juge même que cela est "mathématiquement inévitable").
Il s'agit de GE Aerospace, la société "historique" du conglomérat General Electric et dont la capitalisation boursière s'élève actuellement à 332 milliards de dollars.
Rappelons que General Electric s'est scindée en trois groupes en 2024, avec les activités de santé (GE Healthcare), d'énergie (GE Vernova) et donc d'aéronautique (GE Aero) désormais cotées à part.
GE Aero est bien connue des investisseurs suivant Safran. Les deux groupes sont partenaires au sein du consortium CFM International, une coentreprise 50/50 entre les deux sociétés qui a développé le moteur CFM56, le moteur d'avions le plus vendu au monde.
CFM produit aussi le successeur du CFM56, le LEAP, qui équipe les monocouloirs de nouvelle génération d'Airbus (A320neo) et Boeing (737 Max).
Cette position de marché dominante offre un gisement de croissance robuste pour les activités d'après-ventes, très rentables pour les deux partenaires. À titre d'exemple et, selon des données communiquées fin 2024 par Safran, 23.000 moteurs CFM56-5B-7B étaient en services. Et 70% n'avaient effectué aucune visite en atelier.
"Nous pensons que la vigueur des activités d'après-vente n’a aucune raison de ralentir, compte tenu de l’offre limitée de nouveaux avions et de la croissance du trafic mondial", jugeait Bernstein en août.
L'intermédiaire financier notait qu'une pénurie de nouveaux avions caractérise actuellement le marché, en raison de la difficulté des avionneurs à monter en cadence leurs productions. Ce qui se traduit par un allongement de la durée d'exploitation des flottes actuelles et donc, in fine, par davantage de revenus d'après-vente pour CFM international.
Citi rejoint Bernstein sur ce constat. La banque estime que les services d'après-ventes de General Electric continueront d'être dynamiques, avec une croissance des revenus qui dépassera celle du trafic aérien.
RTX également ?
La banque note que la base installée de GE Aerospace s'établit à 78.000 moteurs. En dehors de CFM International et ses moteurs pour monocouloirs, la société produit des moteurs pour les gros-porteurs (GEnx pour le 787 de Boeing, GE9X pour le 777, moteurs pour la défense, pour les hélicoptères, pour les navires militaires, etc..). Cette base se renforcera d'ici à 2030, avec un nombre de moteurs Leap qui triplerait à cet horizon.
"Le CFM56 reste un facteur favorable, environ 40% de la flotte n'ayant pas encore subi sa première révision majeure", ajoute Citi.
La banque avance également que GE Aerospace devrait avoir davantage de champ pour faire monter les prix de ses moteurs Leap et GEnx, deux programmes qui arrivent doucement à maturité et deviennent donc plus rentables.
Le groupe possède en outre plus de 50% de parts de marché sur les gros porteurs. La division "défense et propulsion" affiche par ailleurs une croissance et un carnet de commandes "sains".
Au-delà de GE Aerospace, Citi pense que d'autres groupes pourraient tutoyer les 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.
"Nous envisageons la possibilité que d'autres entreprises du secteur 'aerospace and defense' finissent par atteindre elles aussi une capitalisation boursière de 1.000 milliards de dollars, sans parler de la possibilité que des entreprises actuellement non cotées fassent leur entrée en bourse", anticipe Citi.
Le groupe RTX, né de la fusion de Raytheon avec United Technologies, semble bien placé avec une capitalisation boursière de 249 milliards de dollars.
Citi pense que la société aura une "participation centrale dans des mégatendances emblématiques" à savoir le réarmement européen, le cycle d'approvisionnement en munitions de l'ensemble des pays, et l'érection du bouclier antimissiles "Dôme doré" de Donald Trump. RTX est exposé à ce projet de 175 milliards de dollars via les capteurs et les munitions.
À noter qu'en Europe, il semble peu probable qu'un groupe atteigne la barre des 1.000 milliards de dollars à moyen terme. Airbus, le groupe le mieux "classé" en capitalisation boursière est à 183 milliards de dollars, Safran à 148 milliards de dollars et Rolls-Royce à 130 milliards.
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