(BFM Bourse) - L'ETI française a remporté un nouveau contrat majeur de livraison d'un système de drones de lutte contre les mines sous-marines auprès d'une marine de premier plan, dont l'identité n'a pas été révélée à ce stade.

Mardi 11 février après-midi, Exail Technologies avait demandé la suspension de la cotation de son action et ce dans l'attente "de la publication d'un prochain communiqué de presse", selon la formule consacrée.

Le fabricant d'équipements de robotique civile et militaire a dévoilé quelques heures plus tard les raisons de cette suspension. Elle est à relier avec l'annonce après la clôture, d'un contrat de plusieurs centaines de millions d'euros pour la fourniture de systèmes de drones anti-mines sous-marines.

À la Bourse de Paris, Exail Technologies reprend sa cotation suspendue mardi en forte hausse. Le titre bondit encore de 16,75% à 23 euros ce mercredi 12 février par rapport à son dernier cours coté de 19,70 euros.

Un méga-contrat

Exail Technologies dit avoir été choisi "par une marine de premier plan" pour lui fournir plusieurs systèmes de drones autonomes de lutte contre les mines sous-marines. Le groupe français a remporté la mise face à plusieurs entreprises du secteur au terme d'un appel d'offres international lancé en 2022.

"Avec ce programme, cette marine acquerra des systèmes de drones de toute dernière génération. Ils seront composés de différents types de drones de la gamme existante du groupe et intégrés dans le système de Control & Command d'Exail. Les systèmes UMIS proposés par Exail peuvent notamment contenir des drones de surfaces, des drones sous-marins de détection, plusieurs drones sous-marins pour la mission MIDS (Mine Identification & Destruction Systems), ainsi que des drones aériens", explique Exail Technologies. .

"Seuls les drones finalement prennent des risques. Ils exécutent une mission du coup plus efficace, moins dangereuse et qui coûte moins cher", a déclaré Raphaël Gorgé, Président directeur-général d'Exail Technologies.

Le client a expressément demandé à Exail Technologies de ne pas révéler pour l'instant son identité ainsi que le montant de ce méga-contrat. Mais le marché a déjà une idée du chiffre. "Il s’agit d’un contrat majeur de la taille du montant initial du contrat BENL (les marines belge et néerlandaise, références de l'OTAN dans ce domaine, NDLR), d'un montant de 435 millions d'euros", estime Julien Thomas analyste chez TP ICAP Midcap.

Un carnet de commandes multiplié par 10

L'ETI française ajoute que les livraisons de ces systèmes seront étalées sur une durée de quatre années. Dès l'entrée en vigueur du contrat, le carnet de commandes du groupe dépassera le seuil du milliard d'euros.

"Notre carnet de commandes était d'environ 700 millions, il devrait dépasser le milliard d'euros. C'est peut-être l'un des plus gros contrats export remportés par une ETI française", se félicite Raphaël Gorgé.

Ce méga-contrat marque une "nouvelle étape importante dans l'histoire d'Exail", se félicite le groupe. Il faut dire que l'ETI française s'est imposée comme un acteur majeur tant dans les équipements de navigation que sur les drones, notamment depuis le rapprochement avec le spécialiste de la navigation sous-marine iXblue et sa filiale ECA, en septembre 2022. En novembre 2024, la Direction générale de l'armement avait sélectionné Exail et Thales pour fournir seize drones sous-marins à la Marine nationale française. Autant de contrats qui ont alimenté le carnet de commandes, qui a été multiplié par 10 en l'espace de quelques années. Le groupe profite très clairement de l'essor des investissements des états dédiés à la défense.

Exail Technologies ajoute que ce succès "devrait avoir un effet positif additionnel sur la rentabilité du groupe".

À la différence du contrat BENL, "Exail a directement remporté l’appel d’offre auprès de la marine cliente et ne s’est pas associé à un constructeur naval, les drones seront embarqués à bords de navires existant réaménagés ou pilotés depuis la côte", rappelle Julien Thomas.

L'analyste précise que ce contrat débouchera sur des revenus additionnels sous forme de rente de maintenance, de livraisons de consommables ou de pièces détachées.

"Nous estimons que ce contrat sera hautement profitable pour plusieurs raisons: les drones seront majoritairement assemblés à Ostende et permettront à Exail de passer en phase industrielle, il s’agit de drones déjà testés ce qui limitera les phases de développement et de prototypage et permettra à Exail de passer rapidement en phase de production", énumère-t-il.

TP ICAP Midcap dit avoir modélisé à titre indicatif un contrat de 400 millions d'euros livré en 2026-2030 associé à une rente similaire à celle de BENL, ce qui conduirait à rehausser son objectif de cours à 29 euros. Mais pour l'heure, le bureau d'études maintient son cours cible à 24 euros, assorti d'une recommandation à l'achat.