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Euronext : Pourquoi des groupes comme Doctolib et Manomano peuvent hésiter à entrer à la Bourse de Paris

samedi 22 février 2025 à 07h00
Un nombre important de sociétés européennes sont dans les starting-blocks pour une IPO

(BFM Bourse) - Un nombre important de sociétés européennes d'économie numérique a le potentiel d’entrer en Bourse. Or, ces entreprises n’osent pas se jeter dans le grand bain, confrontées à de nombreux obstacles. Pourtant, il existe des avantages à être coté en Europe plutôt qu'aux États-Unis, avance un rapport de French Tech Finance Partners.

L'an dernier, le marché européen des introductions en Bourse a montré quelques signes d'amélioration, mais cette reprise a été quelque peu perturbée par le contexte politique, avait relevé EY dans son dernier rapport "Global IPO Trends 2024".

Le nombre d'introductions en Bourse s'était alors inscrit à 125 unités sur le Vieux Continent en 2024, contre 149 en 2023. Et à Paris, la tendance a été particulièrement lourde, le nombre de sociétés qui ont fait le choix d’entrer en Bourse s'est limité à quatre en 2024 (en excluant les scissions, au nombre de deux l'an passé) , soit deux de moins qu'en 2023. En 2021, année faste en la matière, on dénombrait pas moins de 33 opérations.

Ce ralentissement du marché des introductions en Bourse ces dernières années a provoqué un embouteillage de sociétés non-cotées en quête de portes de sortie. "Plus le temps passe, plus un nombre important d’entreprises se voient contraintes d’attendre, accentuant ce phénomène d’accumulation", pointe le troisième Rapport French Tech Finance Partners, publié fin janvier.

Ce rapport vise à apporter des recommandations pour soutenir le développement, en France et en Europe, d'entreprises à forte croissance et à fort capital technologique capables de rivaliser avec leurs homologues américaines.

De nombreux prétendants à une entrée en Bourse

À ce jour, près de 140 entreprises européennes innovantes dont la valorisation est supérieure au milliard de dollars, ont, selon ce rapport, le potentiel de réaliser une introduction en Bourse. Celles-ci représenteraient une valorisation totale de 430 milliards d'euros. En France, près de 30 entreprises ont été identifiées par ce rapport, avec parmi elles Vestiaire Collective, Doctolib, Backmarket ou Manomano pour ne citer qu'elles.

Ce réservoir de potentiels candidats à une entrée à la Bourse de Paris représente une valorisation totale de 65 milliards d'euros, selon le rapport. À titre de comparaison, ce montant représente plus de deux fois le volume d’introductions en Bourse à Paris sur les cinq dernières années.

De nombreuses sociétés gardent en tête les valorisations élevées de 2021 et ne sont pas encore prêtes à s’introduire en Bourse sur la base d’une valorisation "plus réaliste", estime le rapport French Tech Finance Partners.

Pourtant, l’introduction en Bourse, reste selon ce document, une opération à privilégier car elle permet d’accéder à des capitaux importants. "La France, et l’Europe en général, manquent de fonds de taille assez importante pour soutenir les entreprises dans leurs phases de développement les plus avancées ("late stage"), et ce pour des raisons structurelles et historiques (système bancarisé, marché européen des capitaux fragmenté, etc.)", remarque French Tech Partners.

Or, selon ce rapport ,seule une introduction en Bourse permet de lever des capitaux aussi importants – venant d’institutionnels, ou d'épargne des particuliers qui est à ce jour "encore sous-utilisée sur des comptes-courants ou des livrets d’épargne peu rémunérateurs".

"La liquidité du capital offerte par l’introduction en Bourse ouvre de nouvelles perspectives de financement : elle permet la rémunération des employés qui ont attendu patiemment (souvent plus d’une décennie) avant de pouvoir exercer leurs options (bons de souscription de parts de créateur d'entreprise, stock-options, etc.). Elle facilite également le financement d’acquisitions stratégiques et permet d’utiliser les actions comme collatéral pour de l’endettement (particulièrement à une époque où les dépenses d'investissement pour la recherche et développement sont cruciaux, notamment pour des projets liés à l’IA)", ajoute French Tech Finance Partners.

Surtout, les auteurs du rapport pointent le risque de voir ces entreprises privilégier une cotation aux États-Unis, plutôt qu'en Europe. Ils citent l'exemple emblématique de Criteo, le pionnier du ciblage publicitaire sur internet qui a fait le choix en 2013 de se lancer en Bourse à New York plutôt qu’à Paris. Le Nasdaq est en effet encore perçu comme une terre d’accueil privilégiée pour ces sociétés qui peuvent accéder à des financements plus importants grâce à un écosystème plus réceptif de l'autre côté de l'Atlantique.

Ce qui est encore plus vrai pour les sociétés de taille importante. Les investisseurs américains ont tendance à mieux valoriser les grandes entreprises européennes, remarque le rapport. Les multiples de valeur d'entreprise rapportée au résultat opérationnel ou au bénéfice avant amortissements, dépréciations comptables, charges d'intérêts et impôts (multiples EV/EBITDA) deviennent plus favorables pour les entreprises européennes cotées aux États-Unis, notamment pour les très grandes entreprises (capitalisation supérieure à 10 milliards d’euros) où les valorisations surpassent nettement celles obtenues en Europe.

En revanche, sur le segment des" small" et "mid caps" européennes, les marchés boursiers européens ont tendance à se montrer plus généreux. "Par exemple, sur le segment inférieur à 1 milliard de dollars de capitalisation boursière, les marchés boursiers européens offrent aux entreprises européennes de meilleures valorisations (multiples EV/EBITDA) que les marchés boursiers américains: en moyenne c’est un écart de 1,3 fois l’EV/EBITDA en termes de valorisation, ce qui est loin d’être négligeable", souligne le rapport.

Cette valorisation attractive est donc une opportunité à exploiter pour les entreprises technologiques.

D'autant plus qu'en Europe, le rapport souligne que les introductions en Bourse présentent des multiples de "cash-on-cash" (multiples réalisés par les actionnaires sur la base de l’ensemble des flux de trésorerie sortants et entrants, NDLR) de 8 fois, soit deux fois supérieurs à ceux des opérations de fusions et acquisitions.

Autrement dit, les sociétés obtiennent une valorisation deux fois supérieures lorsqu'elles s'introduisent que lorsqu'elles sont rachetées.

Cela peut s’expliquer par une sélection plus rigoureuse des entreprises accédant à la Bourse, garantissant ainsi une qualité élevée des actifs cotés, remarque French Tech Finance Partners.

"Les entreprises européennes attendent généralement plus longtemps avant de pouvoir entrer en Bourse, devant prouver la solidité de leur modèle économique ainsi que l’efficacité de leur exécution", avance le rapport.

Au passage ces multiples sont plus élevés que pour les sociétés européennes s'introduisant aux États-Unis. À Wall Street, ces multiples atteignent 6,1 fois pour les introductions en Bourse et 3,4 fois pour les opérations de rachat.

Améliorer les voies de sortie

Aussi, selon French Tech Finance, les entreprises ayant réalisé leur introduction en Europe affichent, en moyenne, des performances boursières supérieures un an après leur entrée en Bourse par rapport aux entreprises européennes cotées aux Etats-Unis. En moyenne, la performance à un an sur Euronext est de +7%, quand les performances sur les marchés boursiers américains (Nasdaq et NYSE) sont de -17%.

Mais, revers de la médaille, l'accès aux marchés européens reste limité, regrette le rapport, compte tenu de la taille relativement restreinte des poches d’investissement qui se concentrent sur les meilleurs actifs.

"Les entreprises européennes éprouvent également des difficultés à trouver des investisseurs de référence qui peuvent faciliter et accélérer leur introduction en Bourse. C’est donc face à ce manque de fonds et de soutien d’investisseurs, représentant un obstacle majeur, que certaines entreprises européennes se tournent vers les États-Unis, où la profondeur du marché et la diversité des investisseurs offrent davantage d’opportunités de sortie", avance le rapport.

Le cas de la Bourse de Paris est criant. Sur les 67 introductions en Bourse survenues entre mai 2019 et janvier 2025 (en incluant celles sur Euronext Growth), seulement une quinzaine ont concerné des entreprises assimilées à la tech. Or, ce secteur est pourtant le plus propice aux introductions en Bourse.

Le rapport loue la profondeur du marché boursier suédois qui est un exemple en la matière. Il est 2,6 fois plus profond que les autres pays européens, grâce une réforme introduisant une part de capitalisation en complément du système par répartition à cotisations définies. Plus de 16% des entreprises suédoises de plus de 250 salariés sont cotées et le volume d'introductions depuis 2013 a dépassé ceux de Paris, Francfort, Amsterdam et Madrid en cumulé.

"Faciliter la cotation en France permet d’enclencher un cercle vertueux: plus d’entreprises sur la Bourse de Paris signifie plus d’emplois en France, plus d’employés bénéficiant de stock-options, et une possibilité de réinvestissement dans de nouvelles entreprises de la part des fonds de capital-risque", espère French Tech Finance Partners.

Sabrina Sadgui - ©2025 BFM Bourse
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