(BFM Bourse) - La banque allemande a dégradé ce mardi son conseil à vendre et sabré son cours cible à 3 euros sur le titre de l'ex-filiale de Sanofi. Deutsche Bank estime que la visibilité reste faible sur le dossier.

Euroapi boit le calice jusqu’à la lie à la Bourse de Paris. Et ce n'est pas la dernière note de Deutsche Bank qui va aider l'ex-filiale de Sanofi à se relever. La banque allemande a dégradé ce mardi matin son conseil à vendre et a divisé par deux son objectif de cours pour le passer à 3 euros contre 6 euros précédemment.

Le bureau d'études est plus que sévère sur Euroapi dans sa note. Il n'a pas été convaincu par la présentation, la semaine passée, de la revue stratégique du spécialiste des principes actifs pharmaceutiques.

Euroapi pas à l'abri d'une nouvelle déception

Deutsche Bank ne cache pas sa déception sur "le manque de détails quantitatifs" concernant le projet FOCUS-27, le plan stratégique dévoilé par Euroapi et qui est destiné à améliorer sa croissance. Ce programme prévoit la suppression de 13 principes actifs pharmaceutiques à faibles marges ou négatives, ainsi que la rationalisation de l'empreinte industrielle de l'entreprise.

L'intermédiaire financier rappelle que l'ex-filiale de Sanofi devrait dévoiler davantage de détails sur les objectifs de réduction des coûts, le financement et potentiellement de nouveaux objectifs à moyen terme au cours du deuxième trimestre 2024. Pour autant, Deutsche Bank estime que les annonces d'Euroapi ne vont pas susciter un enthousiasme débordant.

Bien au contraire, Euroapi pourrait encore décevoir avec un potentiel "risque de baisse pour les attentes de marge du consensus sur 2024-2027", prévient le bureau d'études.

Dans l'ensemble, Deutsche Bank n'est guère optimiste sur le dossier. Selon les analystes de la banque, la visibilité opérationnelle reste faible, et les dépenses de restructuration et les besoins en capex (dépenses d'investissement, NDLR) pourraient entraîner des besoins de trésorerie supplémentaires d'environ 70 millions d'euros jusqu'en 2027 (voire environ 170 millions d'euros sans réduction des stocks), potentiellement issus d'un financement dilutif.

Compte tenu de tous ces éléments, l'intermédiaire financier s'attend à ce que les actions sous-performent, ce qui l'a conduit à abaisser sa recommandation à vendre ce mardi matin.

A la Bourse de Paris, la sanction est immédiate puisque le titre Euroapi accuse la plus forte baisse du SBF 120 avec un repli de 8,2% vers 11h20 mardi matin. La veille, le titre de l'ex-filiale de Sanofi avait déjà concédé 5,20%.

Ce repli paraît anecdotique si on le compare avec le lourd gadin boursier subi par Euroapi jeudi dernier, en réaction à une publication très décevante. Ce sont surtout les perspectives annoncées par la société qui ont grippé les investisseurs, le titre ayant plongé de 43,33% jeudi.

De déception en déception...

Pour 2024, Euroapi prévoit un repli de ses ventes situé entre 4% et 7% en données comparables, quand le consensus tablait au contraire sur une croissance de 2,5%. Cette baisse d'activité est liée au repli attendu des ventes à Sanofi. Du côté de la rentabilité, Euroapi s'attend aussi à une dégradation et table ainsi sur une marge de "core Ebitda" - soit le résultat brut d'exploitation retraité de certains éléments comme les coûts de restructuration - comprise entre 6% et 9%. Là encore on est loin du consensus qui anticipait une marge de 11,2%, avait indiqué Deutsche Bank dans une précédente note.

Euroapi semble d'ailleurs être abonné aux déceptions, entraînant de facto de lourdes sanctions boursières. En octobre 2023, Euroapi avait plongé de 59% sur une séance en octobre, à la suite d'un précédent avertissement sur résultats, et de 21,8% en mars 2023 après une publication (déjà) décevante.

Avec un repli de près de 40%, Euroapi accuse à ce jour la troisième plus mauvaise performance de l'indice SBF 120 depuis le début de l'année. Seuls les titres Atos (-69,30%) et Nexity (-40,6%) font pire après avoir là aussi récemment douché les investisseurs. Et si on remonte à l'introduction en Bourse en mai 2022, le bilan est encore moins flatteur pour Euroapi avec un titre qui a plongé de 70% par rapport au prix de 12 euros retenu pour l'opération.