(BFM Bourse) - L’action du groupe d’optique franco-italien grimpe et signe de très loin la plus forte hausse du CAC 40 ce mercredi 9 juillet, alors que plusieurs agences de presse rapportent que Meta a pris un peu moins de 3% du capital. Ce qui concrétise un intérêt exprimé depuis maintenant un an.

Essilorluxottica occupe le haut de l’affiche du CAC 40, ce mercredi 9 juillet. Le spécialiste des verres correcteurs et propriétaire de la marque Ray-Ban grimpe de 6,6% en fin de matinée.

Le titre de la société née de la fusion entre l’italien Luxottica et le français Essilor réagit à plusieurs informations de presse convergentes. Reuters et Bloomberg ont toutes deux rapporté que Meta avait acquis une participation de près de 3% au capital d’Essilorluxottica, représentant environ 3 milliards d’euros. Les deux agences de presse citent des sources proches du dossier.

Selon Bloomberg, Meta envisage d’augmenter sa participation pour la porter autour de 5% au fil du temps.

Contactés par BFM Bourse, des porte-parole d’Essilorluxottica et de Meta n’ont pas souhaité commenter ces informations.

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Un partenariat qui date de 2021

La prise de participation de Meta, si elle venait à être confirmée, ne constituerait pas une gigantesque surprise. Il y a un an presque jour pour jour, le Financial Times avait rapporté que la maison-mère de Facebook et Instagram envisageait de prendre une participation minoritaire dans la société franco-italienne. Ce dans l'optique de renforcer leur partenariat dans les "smartglasses" (les lunettes connectées), qui les a amenés à lancer la gamme "Ray-Ban X Meta" en 2021.

La direction d’Essilorluxottica avait ensuite confirmé en juillet 2024 que Meta comptait rentrer dans son capital. Mark Zuckerberg, le directeur général de la société américaine, avait par la suite précisé que cette prise de participation serait "symbolique".

La collaboration entre Essilorluxottica et Meta sur les "Ray Ban X Meta" est perçue comme un succès par les analystes.

En janvier dernier, Royal Bank of Canada citait ce partenariat dans les "smartglasses" comme un des moteurs de croissance et d'innovation à long terme du groupe. Ray-Ban X Meta "incarne" l'objectif "d'Essilorluxottica qui consiste à faire entrer l'industrie de la lunetterie dans une nouvelle ère de dispositifs interconnectés et alimentés par l'IA", soulignait de son côté Jefferies, en février dernier.

Du point de vue de Meta, les lunettes connectées d'Essilorluxottica constituent un débouché supplémentaire pour ses importants investissements dans l'intelligence artificielle (IA). L'an passé, Mark Zuckerberg avait déclaré aux analystes qu'"il semblait désormais évident qu'il existe un marché significatif pour les lunettes d'IA à la mode sans écran".

"Les lunettes sont le dispositif idéal pour un assistant d'intelligence artificielle, car vous pouvez lui permettre de voir ce que vous voyez et d'entendre ce que vous entendez, de sorte qu'ils disposent d'un contexte complet sur ce qui se passe autour de vous tout en vous aidant à faire ce que vous essayez de faire", avait-il également affirmé.

En juin dernier, les deux sociétés ont étendu leur gamme en lançant "Oakley Meta", des lunettes d'IA présentées comme à "haut performance", qui permettront, par exemple, l'enregistrement vidéo ultra-HD 3K et l'écoute de podcast.

Des risques sur ce marché

Dans cette optique, les analystes de Bernstein écrivent, ce mercredi, que la prise de participation de Meta doit être "interprétée comme un vote dans confiance dans les opportunités d'Essilorluxottica dans les 'smartglasses'".

"Cela représente une nouvelle étape dans l'engagement de Meta dans la catégorie des lunettes intelligentes et approfondit la relation entre les deux sociétés. L'investissement renforce la conviction de Meta dans l'opportunité des lunettes intelligentes non-AR (sans réalité augmentée, NDLR) et dans le fait qu'Essilorluxottica est un partenaire de fabrication de confiance", développent-ils.

Dans une note publiée l'an passé, Oddo BHF estimait que Meta investirait dans Essilorluxottica pour, grosso modo, s'assurer que son partenaire ne soit pas volage. La direction de la société franco-italienne avait indiqué à l'été 2024 que Google mais aussi d'autres grands groupes de tech, avaient approché le groupe en vue de discuter d'éventuels partenariats ou de partages de compétences. Mais l'entreprise avait assuré être pleinement engagée dans son partenariat avec Meta.

Reste que le développement des "smartglasses" comporte aussi son lot de risques pour Essilorluxottica.

"Nous ne doutons pas que l'opportunité des 'smartglasses' sera importante, et Essilorluxottica en profitera probablement compte tenu de ses prouesses en matière de production et de fabrication", explique Bernstein.

"Cependant, nous restons préoccupés par le risque pour l'activité principale d'Essilorluxottica), où les lunettes intelligentes sont vendues à la place, plutôt qu'en plus, des lunettes traditionnelles, semblables à l'impact de l'adoption des smartwatches sur la catégorie des montres", prévient le bureau d'études.

UBS de son côté calcule qu'au cours actuel d'Essilorluxottica, "nous estimons que le marché attribue actuellement une valeur d'environ 25 milliards d'euros à l'opportunité que représentent les lunettes intelligentes pour Essilorluxottica, et table sur un taux de croissance annuel moyen des lunettes intelligentes d'environ 25% jusqu'en 2040".

La banque suisse estime que ces hypothèses généreuses pourraient faire sourciller le marché "à mesure que la concurrence s'intensifie" dans "les smartglasses".

"Selon nous, l'intensification de la concurrence accroît le risque d'exécution dans un secteur technologique caractérisé par une innovation rapide", souligne UBS.

"Le prototype de Google, par exemple, présente des capacités plus avancées que le Ray-Ban Meta actuel (par exemple, la superposition d'écrans de réalité augmentée), et la capacité d'Apple à tirer parti de sa plateforme iOS est un argument de vente unique (environ 80% des utilisateurs actuels du Ray-Ban Meta possèdent un iPhone)", conclut la banque suisse.

Essilorluxottica sera certainement interrogé par les analystes lors de la publication de ses résultats semestriels qui seront présentés le 28 juillet prochain après la clôture du marché.

UBS s'attend à ce que la société dégagé une croissance de 7,7% en données comparables. La banque suisse pense également que la direction sera interrogée sur la dynamique des ventes d'Oakley Meta.