(BFM Bourse) - Le spécialiste des verres correcteurs et de l'optique a livré une croissance de plus de 5% au deuxième trimestre tandis que sa marge opérationnelle ajustée s'est établie à 18,3%. La société a aussi confirmé que Meta envisageait de prendre une participation à son capital.

Au milieu de nombreuses déceptions en cette saison des résultats, Essilorluxottica répond à peu près aux attentes. Le spécialiste des verres correcteurs, de l'optique et propriétaire de la marque Ray-Ban a livré jeudi soir ses résultats du premier semestre.

Sur le seul deuxième trimestre, sa croissance n'a pas faibli, s'établissant à 5,2% hors effets de changes (et à 5,3% sur ces mêmes bases pour l'ensemble du premier semestre). Selon UBS, le consensus attendait toutefois un peu mieux (+5,7%).

La dixième capitalisation de la Bourse de Paris a encore été pénalisée par l'Amérique du Nord, où ses revenus n'ont augmenté "que" de 1,4% hors effets de changes. Essilorluxottica a notamment été freiné par les ventes en baisse de Sunglass Hut, spécialiste floridien des lunettes de soleil.

A contrario, la croissance s'est avérée robuste dans la zone "Europe-Moyen Orient-Afrique" où elle s'est inscrite à 7,9% hors changes, ainsi qu'en Asie-Pacifique (+9,8%). Dans cette dernière région, le groupe indique avoir été porté par les ventes de Stellest, une gamme de verres correcteurs pour traiter la myopie infantile.

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Une rentabilité supérieure aux attentes

Sur l'ensemble du premier semestre, le résultat opérationnel courant ajusté s'est inscrit à 2,43 milliards d'euros pour une marge correspondante de 18,3%. UBS note que ce chiffre s'avère au-dessus du taux de 18,2% attendu par le consensus, ainsi que par les "buy-sides", c'est-à-dire pour simplifier les investisseurs.

"Malgré les pressions inflationnistes et le ralentissement de la croissance en Amérique du Nord (la région à plus forte marge avec environ 46% du chiffre d'affaires), EssilorLuxottica a réalisé une marge opérationnelle supérieure aux attentes", apprécie UBS.

"Cette marge supérieure aux attentes nous conforte dans l'idée que, dans un contexte de ralentissement de la croissance et d'incertitude croissante dans le secteur du luxe, Essilorluxottica, de par sa nature plus défensive, offre un rapport risque/rendement plus attractif", poursuit la banque suisse.

Le bénéfice net d'Essilorluxottica a été stable sur un an, à 1,365 milliard d'euros.

A la Bourse de Paris, l'action Essilorluxottica décolle, prenant 7,5% en milieu de matinée, signant la plus forte hausse du CAC 40.

Meta envisage bien de prendre une participation

Le titre peut également être influencé par l'intérêt du mastodonte de la tech Meta pour Essilorluxottica. La semaine dernière, le Financial Times a rapporté que la maison-mère de Facebook et Instagram envisageait de prendre une participation minoritaire dans la société franco-italienne. Ce dans l'optique de renforcer leur partenariat dans les "smartglasses", qui les a amené à lancer la gamme "Ray-Ban X Meta" en 2021.

Or, Francesco Milleri, le directeur général d'Essilorluxottica, a confirmé jeudi soir, lors d'une conférence avec des analystes, que Meta étudiait la possibilité de prendre une participation dans son groupe. "Nous sommes informés de ce type d'intérêt et nous accueillons tout nouvel investisseur dans notre société", a-t-il informé, percevant cet intérêt comme le signe que Meta est convaincu de la capacité de sa société à croître.

Le directeur général a aussi indiqué de pas voir "de risques" liés à ce sujet. "Cela n'affectera en aucun cas notre relation", a-t-il assuré, jugeant que cette prise de participation n'était pas "nécessaire" pour faire "fonctionner le partenariat".

Francesco Milleri a aussi assuré que la société ne prévoyait pas d'émettre de nouvelles actions réservées à Meta dans le cas où le groupe de Mark Zuckerberg franchirait le pas. "Si Meta veut devenir notre actionnaire, ils devront acheter les actions sur le marché", a-t-il conclu. Une bonne nouvelle puisque cela éviterait une dilution pour les actionnaires existants.

"Nous pensons que l’intention de Méta est avant tout de sécuriser son partenariat dans les wearables (objets connectés, NDLR) face à ses concurrents", juge Oddo BHF.

"Une action à détenir"

Le directeur général d'Essiloluxottica, a également indiqué que Google mais aussi d'autres grands groupes de tech, avaient approché la société en vue de discuter d'éventuels partenariats ou de partages de compétences. Mais pour l'heure, la société est pleinement engagée dans son alliance avec Meta, a-t-il affirmé.

"Il est encore trop tôt pour savoir qui sera le vainqueur de cet espace connecté parmi les leaders de la technologie. Mais Essiluxottica est bien placé pour jouer un rôle central dans le domaine de la lunetterie", juge Stifel.

La banque à un avis à "conserver" sur la valeur. Mais Stifel reconnaît que l'intérêt de Meta pour Essilorluxottica constitue "le principal risque sur sa recommandation", c'est-à-dire que cet élément pourrait pousser la banque à la relever.

UBS de son côté estime qu'Essilorluxottica est "une des actions à détenir" dans le contexte de marché actuel, très difficile.