(BFM Bourse) - Pour la première fois depuis 2020, le groupe minier français dévoile des comptes dans le rouge au premier semestre, plombés par sa filiale en Nouvelle-Calédonie et la baisse des prix des minerais.
Le groupe minier français Eramet a subi sur les premiers six mois de l'année sa première perte nette semestrielle depuis 2020, à -41 millions d'euros, en raison notamment de la baisse des prix des minerais sur les marchés et les pertes de sa filiale en Nouvelle-Calédonie.
A la Bourse de Paris, le titre Eramet plonge de 9% vers 11h45.
Le groupe s'est toutefois dit jeudi confiant pour l'année, annonçant une performance "nettement supérieure" au second semestre grâce à une remontée des prix, et a même nettement relevé son objectif de résultat brut d'exploitation, désormais attendu entre 1,2 et 1,3 milliard d'euros en 2024.
Une progression des volumes
Pour justifier son optimisme, Eramet souligne la "bonne performance opérationnelle" des six premiers mois, avec une progression des volumes de minerai produits et la hausse attendue des prix sur les marchés mondiaux.
Pour le minerai de manganèse, les prix sont actuellement en "hausse de 65% par rapport au premier semestre 2024", a souligné le directeur financier, Nicolas Carré. Le groupe table donc sur un prix moyen supérieur de 2,5 dollars en 2024 par rapport à 2023 - et un dollar "représente 255 millions d'euros" de résultat brut d'exploitation en plus pour Eramet.
Par ailleurs, le second semestre est traditionnellement meilleur pour le groupe en raison de la météo, surtout au troisième trimestre, selon Nicolas Carré.
Cette "saisonnalité favorable", "conjuguée" à la hausse attendue des prix, "nous rend particulièrement confiants dans la perspective d'une très forte amélioration de notre performance financière d'ici la fin d'année", a indiqué Christel Bories, PDG d'Eramet, citée dans un communiqué.
L'effet prix se fera surtout sentir surtout "à partir du troisième trimestre", a-t-il ajouté.
Un début d'année difficile
Les chiffres des six premiers mois témoignent d'un début d'année difficile. "Ce premier semestre s'inscrit dans un contexte de prix toujours dégradé", surtout pour le nickel mais également pour le minerai de manganèse, a remarqué Nicolas Carré.
"L'effet prix" pèse à hauteur de 310 millions d'euros sur le résultat brut d'exploitation (Ebitda ajusté, incluant certaines filiales), qui chute de 27% sur un an, à 247 millions d'euros.
Il plombe aussi le chiffre d'affaires, qui ressort à 1,5 milliard d'euros, soit 9% de moins qu'au premier semestre 2023.
En outre, la filiale Société Le Nickel (SLN), qui exploite les mines en Nouvelle-Calédonie, "a connu un premier semestre vraiment très difficile, aggravé par les émeutes qui ont démarré le 13 mai dernier en Nouvelle-Calédonie", selon Nicolas Carré. L'exploitation des mines était impossible "sur une majeure partie" du deuxième trimestre, selon le communiqué.
Les pertes de la SLN, de 72 millions d'euros net au premier semestre, "apparaissent toujours dans notre compte de résultat, mais la sortie de cash et la dette qui en découlent sont entièrement financées par l'État" et ne pèsent donc plus sur le bilan d'Eramet selon un accord scellé en avril. Celui-ci permet de neutraliser la dette de l'entité dans les comptes consolidées.
Hors SLN, "notre résultat net part du groupe serait positif de 31 millions d'euros sur le semestre", a souligné Nicolas Carré.
L'exploitation du nickel est au cœur de l'économie calédonienne, qui recèle d'importantes réserves mais traverse une crise sans précédent affectée par la baisse du prix du minerai, qui a dévissé de plus de 45% en 2023, causant des pertes record pour les groupes exploitant les trois usines de l'archipel.
(Avec AFP)
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