(BFM Bourse) - La société de restauration collective bondit à la Bourse de Paris après avoir publié des résultats supérieurs aux attentes au premier semestre.

Elior a souffert ces dernières années. Le groupe de restauration collective a pâti de la pandémie mais aussi de l'inflation des denrée alimentaires, de l'énergie et des salaires, alors que sa structure de revenus est moins propice à la répercussion des hausses de prix que celles de ses concurrents Sodexo et Compass. Elior a, en effet ,une exposition plus élevée au secteur public, avec lequel il est plus difficile par nature de repasser l'inflation des coûts dans les contrats.

Des craintes sur le bilan sont apparues, le marché redoutant que la société ne respecte pas ses engagements en matière de ratio d'endettement auprès de ses créanciers ("covenants").

La situation s'est stabilisée l'an passé, en avril, lorsque le groupe de recyclage et de services aux entreprises Derichebourg est devenu l'actionnaire de référence de la société (44,8% du capital) . Ce en échange de l'apport à Elior de sa division Derichebourg Multiservices (DMS) qui propose divers services aux entreprises (hygiène, sécurité, accueil, maintenance). Ces services ont offert d'importantes complémentarité à ceux d'Elior (bionettoyage, entretien d'infrastructures) ainsi qu'à son activité de restauration collective, ce qui est censé avoir renforcé sa compétitivité dans les appels d'offres.

Cette recomposition du capital s'est aussi traduite par la prise de contrôle de la famille Derichebourg, Daniel Derichebourg prenant le poste de PDG d'Elior, le dirigeant devant constituer l'homme clef du redressement financier d'Elior.

La publication des résultats semestriels de la société, ce jeudi, montre que ce chantier est sur la bonne trajectoire. TP ICAP Midcap évoque même "une excellente publication", avec une société "qui a pris de l'avance sur son plan de redressement".

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Le cash dans le vert

Sur l'ensemble du premier semestre de l'exercice 2023-2024 de la société, soit d'octobre à mars, Elior a dégagé des revenus de 3,12 milliards d'euros, en hausse de 26% sur un an en données publiées, et de 5,9% en données comparables.

La croissance a été homogène entre la restauration collective (+6%) et les services multitechniques (+5,9%).

Dans la restauration collective, Elior a amélioré le taux de rétention de ses clients, un indicateur très important dans le secteur, pour le porter à 92,3% et 93,6% hors sorties volontaires de contrats, contre 91,3% un an plus tôt.

"Le vrai point notable de la publication est l’Ebita (le résultat opérationnel courant retraité de certains éléments)", souligne TP ICAP Midcap. L'Ebita ajusté a plus que doublé au premier semestre pour s'établir à 100 millions d'euros contre 41 millions d'euros, un an plus tôt. La marge correspondante s'est établie à 3,2%, en hausse de 1,5 point de pourcentage sur un an. Selon Oddo BHF, le consensus tablait sur un Ebita ajusté de seulement 87 millions d'euros pour une marge de 2,8%.

Point crucial, par ailleurs: Elior a dégagé du cash, avec un flux de trésorerie libre de 169 millions d'euros contre un décaissement de 15 millions d'euros au premier semestre de son précédent exercice.

En conséquence, le groupe se désendette, avec une dette nette réduite de 137 millions d'euros sur le semestre, représentant 4,1 fois le résultat brut d'exploitation (Ebitda). Le groupe est ainsi largement dans les clous de son covenant, fixé temporairement à 5,25 au lieu de 4,5 habituellement, pour la fin mars.

Objectifs confirmés

"La rentabilité opérationnelle du groupe est de retour. Nous avons éteint les foyers de pertes sur certains contrats stratégiques. (…) Nous poursuivons le désendettement du groupe. Notre chiffre d’affaires et notre croissance sont en progression au global et dans nos activités, comme notre Ebitda et notre taux de marge. Autant de signes d’un redressement qui se poursuit dans la bonne dynamique, même si du chemin reste à parcourir", a déclaré Daniel Derichebourg dans un communiqué.

Elior a confirmé son objectif de croissance pour l'exercice 2023-2024, de 4% à 5% en données comparables, et a légèrement ajusté à la hausse, dans sa formulation, sa cible de rentabilité. Le groupe vise un taux d'Ebita "d'au minimum 2,5%" contre "environ 2,5%" précédemment. La société entend par ailleurs ramener son levier d'endettement à 4 au 30 septembre 2024.

"Il s'agit d'un ensemble de résultats encourageants pour le premier semestre, qui montrent les progrès opérationnels significatifs d'Elior, qui devraient se poursuivre au cours des prochains mois", apprécie Oddo BHF, pourtant à "sous-performance" sur l'action.

A la Bourse de Paris, l'action Elior s'envole, prenant 26,2% vers 16h30 et entraînant dans son sillage Derichebourg, qui s'adjuge 8% au même moment.