(BFM Bourse) - Le groupe de restauration collective a dévoilé son premier bénéfice annuel depuis son exercice 2018-2019, et a annoncé le versement d'un dividende.

Elior a souffert ces dernières années, avec un cours qui s'est effondré de 75% depuis février et l'éclatement de la crise sanitaire.

Le groupe de restauration collective a été plombé par la pandémie mais aussi par l'inflation des denrée alimentaires, de l'énergie et des salaires, alors que sa structure de revenus est moins propice à la répercussion des hausses de prix que celles de ses concurrents Compass et Sodexo.

Elior a en effet une exposition plus élevée au secteur public, avec lequel il est plus difficile par nature de repasser l'inflation des coûts dans les contrats.

Depuis 2023, le président-directeur général Daniel Derichebourg a placé la rentabilité comme la première des priorités pour le groupe de restauration collective.

La société a aussi pris des mesures d'efficacité opérationnelle permises par l'intégration de DMS, la branche multiservices (nettoyage, désinfection) de Derichebourg. Cette activité a été reprise par Elior en avril 2023. En échange de l'apport de DMS au groupe de restauration collective, Derichebourg est monté à environ 48% du capital d'Elior.

Plus de deux ans après, la dernière publication d'Elior montre que le redressement du groupe de restauration collective est sur la bonne voie, notamment au niveau du résultat net et du désendettement.

Un retour aux bénéfices

Sur l'ensemble de l'exercice 2024-2025 clos fin septembre, Elior a dégagé des revenus de 6,15 milliards d'euros, en hausse de 1,6% sur un an en données publiées. La croissance est de 1,3% en données comparables, et intègre effet-prix de +2,4% et un développement commercial net de -1,8% en raison des dernières sorties volontaires de contrats jugés non rentables par la société.

Le chiffre d'affaires s'avère légèrement inférieur aux attentes, le consensus cité par Oddo BHF retenait des revenus de 6,187 milliards d'euros.

Indicateur clef dans le secteur de la restauration collective, le taux de rétention d'Elior sur ses clients a baissé, à 90,6% à fin septembre contre 91% à fin mars 2025 et 91,2% au 31 septembre 2024. La société explique avoir subi au second semestre l’effet année pleine des dernières sorties volontaires de contrat.

Un peu plus bas dans les comptes, le résultat opérationnel retraité de certains éléments (Ebita) a progressé de 21% sur un an pour atteindre 202 millions d'euros, pour une marge correspondante en progression de 50 points de base (0,5 point de pourcentage) à 3,3%. Ce qui correspond au bas de la fourchette, comprise entre 3,3% et 3,6% communiquée en

Elior a cependant fait 5% moins bien que les attentes du consensus cité par le bureau d'études, logées à 215 millions d'euros pour l'Ebita et à 3,4% pour la marge correspondante.

"Il s’agit toutefois d’une forte progression de la profitabilité, (+50 points de base portant la marge à 3,3%, en ligne avec les prévisions du premier semestre 2025)", tient à remarquer TP ICAP Midcap.

"Outre les synergies incrémentales notamment en France et Italie, le groupe a de nouveau enregistré un effet-prix supérieur à l’inflation et le développement commercial net continue d’être fortement contributif. Nous soulignons l’effort de redressement du catering (restauration collective, NDLR) (marge de 4%, +100 points de base sur un an)", fait aussi valoir le bureau d'études.

La principale bonne surprise de cette publication est bien sûr pour Elior un retour aux bénéfices annuels, une première depuis l'exercice 2018-2019 (271 millions d'euros). À l'issue de son exercice 2024-2025, la société a dévoilé un résultat net part du groupe de 88 millions d'euros, contre une perte de 41 millions d'euros en 2023-2024, et un consensus logé à 44 millions d'euros. L'entreprise a bénéficié de bénéficié de l’activation de déficits reportables à hauteur de 39 millions d'euros.

Cité par l'AFP, le directeur financier d'Elior, Didier Grandpré a déclaré que ce retour aux bénéfices était "un signal fort qui montre que notre modèle tient la route et que les décisions prises ces dernières années portent leurs fruits", lors d'une conférence de presse en ligne.

Par ailleurs, le levier d'endettement, soit la dette nette rapportée au résultat brut d'exploitation (Ebitda) sur douze mois glissants, s'est inscrit à 3,3. La société est ainsi largement sous son "covenant", c'est-à-dire son ratio d'endettement maximal permis par ses créanciers, de 4,5.

Des objectifs 2025-2026 décevants

Elior a annoncé la reprise d’un dividende, de 0,04 euro par action, "mettant en avant la solidité financière retrouvée et la volonté de créer de la valeur pour les actionnaires". Il sera versé et payé à la mi-février 2026.

Ce montant de dividende est en ligne avec les attentes, et cette annonce "marque un signal de confiance", estime Oddo BHF. TP ICAP Midcap note pour sa part que cette annonce d'un retour du dividende intervient une année plus tôt qu'attendu.

"Autre point de satisfaction, le groupe a généré 228 millions d'euros de free cash-flow, montant totalement conforme à nos attentes. Outre la progression du l’Ebitda (résultat brut d'exploitation) la génération de trésorerie a profité d’une réelle amélioration fondamentale du besoin en fonds de roulement", ajoute l'intermédiaire financier précédemment cité.

Pour l'exercice 2025-2026, la société a dévoilé ses prévisions et dit viser une croissance organique du chiffre d’affaires comprise entre 3% et 4%, ainsi qu'une marge d’Ebita ajusté entre 3,5% et 3,7%, soit une progression comprise entre 0,2 point et 0,4 point de pourcentage par rapport au 30 septembre 2025. La société entend par ailleurs ramener son levier d'endettement à 3 au 30 septembre 2025.

"Les objectifs 2026 plutôt meilleurs sur l’organique mais en-dessous sur la marge, estime Oddo BHF" qui reste à "sous-performance" sur l'action, estimant que la situation du groupe (niveaux de croissance, rentabilité, génération de FCF et endettement) lui paraît moins attractive que ses principaux concurrents Sodexo et Compass.

À la Bourse de Paris, le titre du groupe de restauration collective gagne encore 7% vers 17h, après avoir gagné plus de 20% dans les premiers échanges. En raison de son flottant limité, Elior reste une action très volatile et ses cours ont parfois tendance à réagir fortement à ses publications.