PARIS/LONDRES (Reuters) - EDF semble ne pas avoir perdu tout espoir de racheter l'opérateur britannique de centrales nucléaires British Energy malgré l'annonce surprise de l'échec des négociations dans la nuit, vraisemblablement pour une question de prix.
Les discussions se poursuivent, a-t-on déclaré vendredi à Reuters de source proche du dossier, en précisant que les grands actionnaires britanniques de British Energy n'étaient pas d'accord sur le prix proposé par le groupe français.
"Ça a coincé au niveau des grands actionnaires, en dehors de l'Etat. Il semblerait que ça a coincé au niveau du prix. Les discussions se poursuivent", a déclaré cette source.
British Energy, qui a suscité l'intérêt depuis que le Royaume-Uni a donné son feu vert au renouvellement du parc de centrales nucléaires en janvier, a déclaré vendredi ne pas avoir accepté une offre de rachat venant d'un groupe qu'il n'a pas identifié, EDF selon des sources proches du dossier.
British Energy n'a pas parlé de fin des discussions mais a dit ne pas avoir de certitude qu'une offre soit formulée.
Selon une source proche des négociations interrogée la semaine dernière, EDF avait proposé environ 775 pence par action British Energy. D'autres informations avaient depuis évoqué une offre légèrement inférieure.
Une offre à 775 pence valoriserait British Energy à quelque 12 milliards de livres, avait-on indiqué la semaine dernière au moment où les discussions semblaient s'orienter positivement.
En Bourse, l'action British Energy perdait 5% dans la matinée et passait sous la barre des 700 pence.
Les conditions "notamment financières" ne sont pas réunies à ce jour pour qu'EDF se développe de façon majeure en Grande-Bretagne, a déclaré vendredi son PDG Pierre Gadonneix lors d'une conférence de presse de présentation des résultats semestriels du groupe.
LE GOUVERNEMENT BRITANNIQUE ÉTAIT D'ACCORD
EDF veut toujours être un "acteur majeur" du nucléaire en Grande-Bretagne, a-t-il ajouté, mais ne souhaite pas avoir recours à une OPA hostile.
"Nous préférons être les bienvenus", a déclaré Gadonneix.
EDF avait déjà annoncé dans la nuit que "les conditions permettant un développement majeur en Grande-Bretagne (n'étaient) pas réunies à ce jour", semblant ainsi renoncer provisoirement à faire une offre sur le groupe britannique.
British Energy exploite huit centrales et toutes sont entourées de terrains constructibles. Une alliance avec EDF est censée permettre à l'opérateur de trouver des financements et un savoir-faire technologique.
EDF, qui fournit 80% de l'électricité en France via ses 58 réacteurs nucléaires, est le premier producteur mondial d'électricité d'origine nucléaire.
Le gouvernement britannique était pour sa part favorable à l'offre d'EDF - l'Etat britannique détient 35% de British Energy - aux dires du ministre de l'Industrie John Hutton.
"Nous pensions que c'était une bonne opération, nous étions prêts à accepter l'accord", a déclaré John Hutton sur une chaîne de radio de la BBC en soulignant la déception du gouvernement.
"Ce n'était pas la position de tous les actionnaires et le gouvernement n'est qu'un actionnaire minoritaire de cette société cotée en Bourse", a-t-il ajouté. "Je reste vraiment convaincu que c'est la bonne opération."
Pour aboutir, un accord EDF-British Energy devra sans doute passer par Centrica, la maison mère de British Gas, dans la mesure où le gouvernement britannique est réticent à abandonner entièrement dans des mains étrangères le contrôle du groupe d'énergie nucléaire.
Centrica prendrait une participation minoritaire dans British Energy.
Version française Benjamin Mallet et Danielle Rouquié, édité par Jacques Poznanski
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