par Benjamin Mallet
FLAMANVILLE (Manche) (Reuters) - EDF ne participera à des projets dans le nucléaire que s'il les pilote, déclare Pierre Gadonneix, P-DG de l'électricien public français.
"Nous n'irons que dans des projets où on est pilotes, c'est sûr", a-t-il déclaré à la presse en marge d'une visite du chantier du réacteur de nouvelle génération EPR (eau pressurisée de nouvelle génération) de Flamanville (Manche).
"Non seulement on veut piloter, mais on veut pouvoir capitaliser sur l'ensemble des EPR que nous construisons (...), nous allons construire des clones de Flamanville", a-t-il ajouté.
Evoquant le projet de construction d'un deuxième EPR en France, Pierre Gadonneix a toutefois rappelé qu'EDF y était favorable et serait ouvert à des partenariats dans ce cadre.
"Nous souhaitions que le projet de Flamanville soit suffisamment avancé avant de passer à un deuxième EPR en France (...). Nous sommes arrivés à un moment où les capacités de production en base ne sont plus excédentaires : à l'horizon d'un deuxième EPR qui serait décidé dans les prochains mois, nous sommes tout à fait candidats pour le faire", a déclaré Pierre Gadonneix.
La mise en chantier d'un deuxième EPR dans le pays, pour laquelle GDF Suez et EDF pourraient être en concurrence, avait été annoncée par Nicolas Sarkozy début juillet.
CAPACITÉ POUR UN 2E EPR À FLAMANVILLE
Le groupe dirigé par Pierre Gadonneix a en outre souligné que le site de Flamanville - où des réacteurs sont déjà en service - avait la capacité d'accueillir un deuxième EPR.
EDF a également de nouveau répété que la mise en service de celui de Flamanville devrait intervenir en 2012 - sans plus de précisions - malgré les "aléas" du chantier et a défendu la compétitivité du nucléaire de nouvelle génération.
Les associations écologistes et antinucléaires contestent régulièrement le principe même de l'EPR en mettant notamment en avant son coût élevé et le risque que les sources d'énergie alternatives soient sacrifiées.
Le tribunal administratif de Caen (Calvados) a examiné jeudi les arrêtés pris par 15 maires du département de la Manche contre la construction d'une ligne à très haute tension (THT) sur le territoire de leur commune en raison de risques pour la santé. Le jugement sera rendu le 23 décembre.
Premier producteur mondial d'électricité d'origine nucléaire, EDF dirige les travaux de la centrale EPR de Flamanville, où la construction de l'îlot nucléaire a débuté en décembre 2007. Le chantier rassemble tous les acteurs de la filière nucléaire française, en particulier Bouygues, Areva et Alstom.
Face aux rumeurs récurrentes d'un report de la date de mise en service de la centrale de Flamanville, EDF avait notamment assuré le 12 novembre avoir pris avec Bouygues toutes les dispositions pour faire face aux aléas du chantier.
Le chantier - l'un des plus grands d'Europe - emploie actuellement près de 1.500 personnes, un chiffre qui devait passer à 2.500 entre fin 2009 et début 2010.
Une partie des travaux de bétonnage - notamment dans l'îlot nucléaire et la station de pompage - avait été suspendus en mai et en juin à la demande de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en raison de problèmes principalement liés aux armatures de fer.
EDF a en outre annoncé le 4 décembre que l'EPR de Flamanville devrait coûter quatre milliards d'euros, soit 20% de plus que les 3,3 milliards annoncés en 2005.
"LE NUCLÉAIRE RENFORCE SA COMPÉTIVITÉ"
Le groupe avait précisé que sa nouvelle estimation prenait en compte l'inflation, les effets liés à certaines indexations contractuelles en raison de l'augmentation des matières premières (+150 millions) et l'impact d'évolutions techniques - notamment le creusement d'un tunnel destiné à acheminer et évacuer de l'eau - et réglementaires (+300 millions).
Le nouveau coût estimé de l'électricité produite à partir de l'EPR s'élève ainsi à 54 euros/MWh en euros 2008 contre 46 en 2005.
"C'est vrai que le coût a augmenté mais le nucléaire renforce sa compétitivité", a fait valoir Pierre Gadonneix
Selon EDF, "les estimations placent actuellement les coûts de production pour une installation nouvelle en base a minima à 68 euros/MWh pour un cycle combiné à gaz et 70 euros/MWh pour une centrale thermique au charbon, sur la base des hypothèses les plus basses sur le coût des matières premières et du CO2".
La centrale EPR de Flamanville devrait être la deuxième de ce type à entrer en service dans le monde après celle d'Olkiluoto 3, en Finlande, dont Areva supervise le chantier.
Cette dernière devait à l'origine démarrer en 2009 mais la date a été reportée à plusieurs reprises et sa mise en service devrait désormais intervenir en 2012.
Interrogé sur sa volonté de "jouer les prolongations" à la fin de son mandat de P-DG, qui doit intervenir en novembre 2009, Pierre Gadonneix a en outre déclaré : "Je pense que je suis éternel, mais il y en a qui en doutent (...), je suis très heureux à la tête d'EDF mais je suis réaliste".
Edité par Cyril Altmeyer
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