par Julien Ponthus

PARIS (Reuters) - EDF a déclaré que le groupe lancerait en juin un emprunt au taux de 4,5% auprès des particuliers afin de financer ses investissements, renouant avec une pratique d'endettement tombée en désuétude ces dernières années auprès des entreprises et des gouvernements.

"Cela faisait 20 ans que nous n'avions pas émis ce type d'emprunt", a déclaré le président de l'opérateur français d'électricité Pierre Gadonneix sur RTL, ajoutant que les épargnants pourraient souscrire du 17 juin au 10 juillet dans tous les réseaux bancaires.

Pierre Gadonneix a précisé que cet emprunt, d'une durée de quatre à cinq ans, sera rémunéré au taux de 4,5%, dans une interview au Figaro publiée sur le site internet du journal.

Il a par ailleurs indiqué qu'il était candidat à sa propre succession dans le cadre du renouvellement de son mandat en novembre prochain.

"Aujourd'hui, nous avons engagé une relance massive de nos investissements 7,5 milliards pour la seule année 2009 , en particulier pour réaliser de nouvelles infrastructures de production en France", explique le président d'EDF dans Le Figaro.

Le montant de l'emprunt sera fixé en fonction de la demande mais selon une source bancaire interrogée par Reuters, il pourrait s'élever à un milliard d'euros.

Selon certains analystes, l'emprunt d'EDF pourrait ouvrir la voie à d'autres émissions obligataires réservées aux particuliers pour d'autres entreprises ou pour l'Etat.

Dans l'entourage du ministre de l'Economie, on note toutefois que cette "initiative" d'EDF, approuvée par les actionnaires, n'a pas vocation "à ce stade" a être utilisée par d'autres entreprises publiques.

Des analystes notent qu'avec un taux du livret A à 1,75%, il est aisé de proposer aux particuliers un taux attractif mais sensiblement en dessous de ceux pratiqués sur les marchés financiers même si la campagne de lancement et de placement peut s'avérer onéreuse.

Ces coûts peuvent néanmoins s'assimiler à une campagne de promotion de l'entreprise auprès du grand public, remarquent ces analystes.

MULTITUDE D'INVESTISSEMENTS

EDF a récemment multiplié des investissements coûteux hors des frontières de l'Hexagone en reprenant notamment l'opérateur nucléaire britannique British Energy, l'américain Constellation Energy et le belge SPE.

L'électricien va aussi rejoindre le consortium français candidat à la réalisation du programme nucléaire civil des Emirats arabes Unis et se prépare à de lourds investissements en France dans les centrales de nouvelle génération de type EPR.

Le Réseau sortir du nucléaire a diffusé un communiqué déconseillant "très vivement aux citoyens d'investir dans l'emprunt EDF, pour ne pas financer l'industrie nucléaire mais aussi pour ne pas risquer de perdre leurs économies."

"EDF est très sévèrement endettée et son avenir peut se révéler très sombre", ajoute l'organisation.

Un analyste d'une grande banque française a cependant fait valoir que les ratios d'endettement d'EDF étaient moins élevés que la moyenne du secteur et que ceux-ci n'étaient pas considérés comme un enjeu par la communauté financière.

A la Bourse de Paris, l'action EDF a terminé mercredi en hausse de 0,14% à 38,47 euros tandis que l'indice CAC 40 a clôturé en progression de 0,76%.

Avec la contribution de Matthieu Protard, édité par Jean-Michel Bélot, Cyril Altmeyer et Marc Angrand

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