(BFM Bourse) - Le groupe de services abaisse son objectif annuel de rentabilité, les répercussions financières de la cyberattaque subie en fin d'année 2023 ayant été plus importantes qu'anticipé par le groupe. Derichebourg observe aussi une poursuite de la contraction des marchés de l’acier.
Dans la nuit du 9 au 10 novembre, Derichebourg avait été victime d’une attaque informatique. La société avait assuré que cet incident n’avait pas interrompu ses activités opérationnelles mais en avait cependant perturbé le déroulement.
Ce cas n'est d'ailleurs pas isolé, les sociétés cotées sont régulièrement des cibles privilégiées d'attaques informatiques. Début mars, le distributeur spécialisé LDLC a indiqué avoir été victime d'une fuite de données clients de ses boutiques physiques.
Un montant plus important que redouté
Dans le cas de Derichebourg, cette attaque informatique s'est traduite par une indisponibilité temporaire de son principal logiciel d'exploitation, en particulier au cours des deux derniers mois de l’année 2023 et en janvier 2024 "dans une moindre mesure", a expliqué la société, mardi soir dans un communiqué.
"Ainsi, faute d’outil de pilotage adéquat de l’activité, il est apparu d'une part, des pertes de volumes d’achats et un retard dans la saisie informatique des flux et d'autre part, lorsque le retard administratif a été rattrapé, que les marges dégagées sur les mois de novembre 2023 et décembre 2023 étaient plus basses qu’habituellement", ajoute Derichebourg.
La société de recyclage et de propreté a évalué entre 15 millions et 20 millions d’euros les répercussions financières de cette cyberattaque. Ce montant s’avère "plus important qu’initialement anticipé", reconnaît Derichebourg.
Un marché de l'acier qui a du plomb dans l'aile
En plus de cette attaque informatique, Derichebourg explique faire face à une dégradation de la conjoncture économique au cours de ce semestre. La société cite notamment une contraction de la production d’aciers longs en particulier, dont le niveau d’activité est corrélé à celui de la construction.
Pour Derichebourg, cette dégradation se traduit par des achats de déchets métalliques de l’activité "recyclage" en retrait de 5% environ sur les six premiers mois. "Ce constat est cohérent avec les attentes d’Eurofer qui ont aussi été revues à la baisse pour l’année civile 2024 (avec une croissance de la consommation apparente d’acier de +5,6% contre 7,6% précédemment)", souligne TP ICAP Midcap dans sa note consacrée à Derichebourg.
Dans ce contexte compliqué, Derichebourg s’attend ce que son Ebitda (résultat brut d’exploitation) courant ressorte entre 140 millions d’euros et 145 millions d’euros ce qui traduit un repli de cet indicateur de l’ordre de 35 millions d’euros à 40 millions d’euros par rapport à l’an passé.
Derichebourg a donc souhaité prendre les devants, en amont de la publication de ses résultats semestriels, prévue le 29 mai après-Bourse, selon le calendrier indicatif fourni par Derichebourg.
Le groupe a par la même occasion abaissé ses objectifs pour son exercice 2023-2024 clos fin septembre. A ses yeux, il lui est "à ce jour peu probable" que le retard d’Ebitda constaté au premier semestre soit comblé en totalité d’ici la fin de l’exercice.
Un objectif annuel de rentabilité "plus réaliste"
Derichebourg n’a pas d’autre choix que d’abandonner son objectif d’atteindre au moins 350 millions d’euros d’Ebitda courant pour 2023-2024, qui avait été communiqué lors de la publication des résultats 2022-2023, début décembre dernier.
Derichebourg formule en conséquence une nouvelle cible d’Ebitda courant. Le groupe s’attend à ce que cet indicateur soit compris entre 300 et 310 millions d’euros à la fin de son exercice, un objectif qui lui semble "réaliste en l’état actuel de la conjoncture". Hors répercussions financières de la cyberattaque, l’Ebitda courant aurait été compris entre 315 et 330 millions d’euros.
"Nous pensons que ce profit warning était globalement intégré dans les cours", avance Julien Thomas analyste chez TP ICAP Midcap.
"Le groupe vise désormais un Ebitda retraité de l’impact de la cyberattaque stable en glissement annuel ce qui intègre selon nous une dégradation des volumes traités et des marges unitaires, c’est-à-dire une chute des revenus mais une progression de la marge d’Ebitda (le groupe étant devenu structurellement plus profitable)", poursuit-il.
Le spécialiste attend toutefois des commentaires ultérieurs sur le bilan et la génération de trésorerie durant le premier semestre 2023-2024. Il souligne également que cette chute de l’Ebitda arrive "à un moment inopportun puisque la déconsolidation de DMS (pôle multiservices cédé à Elior en 2023, NDLR) a matériellement fait progresser le levier financier du groupe".
Dans l’attente de nouveaux éléments, TP ICAP Midcap renouvelle sa recommandation à l’achat avec un objectif de 6 euros.
A la Bourse de Paris, le marché lui, n’apprécie pas cet avertissement sur résultats. Le titre Derichebourg cède encore 4,5% à 4,18 euros après avoir lâché 8,6% dans les premiers échanges.
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