(BFM Bourse) - Pénalisé par des tensions sur sa chaîne d'approvisionnement, le groupe aéronautique a livré des résultats semestriels en dessous des attentes. Mais la génération de trésorerie a dépassé les attentes et la société s'est montré confiante sur une montée en puissance de ses résultats sur la seconde partie de l'année.

Si le marché peut se montrer parfois sévère, il arrive qu'il passe l'éponge sur des résultats globalement décevants pour retenir les aspects plus positifs.

C'est ce qui se passe en tout cas ce mercredi avec Dassault Aviation. Le titre du concepteur du Rafale et de la gamme de jets d'affaires Falcon bondit de 7% vers 15h30, après avoir publié des comptes semestriels plutôt sous les attentes.

Sur les six premiers mois de l'année, Dassault Aviation a dégagé un chiffre d'affaires (*) de 2,54 milliards d'euros, contre 2,3 milliards d'euros sur la même période de 2023. Le résultat opérationnel s'est lui inscrit à 170 millions d'euros contre 150 millions d'euros au premier semestre 2023.

Selon UBS, le chiffre d'affaires s'est avéré inférieur de 2% au consensus tandis que le résultat opérationnel l'a manqué de 20%.

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Le cash, la bonne surprise

Le groupe a encore été pénalisé sur la période par les tensions sur sa chaîne d'approvisionnement. Le PDG, Eric Trappier, a évoqué lors d'une conférence de presse des difficultés sur les aérostructures (éléments de fuselage, empennage…) et sur la fourniture de "petits équipements". "On fait tout notre possible pour arriver à livrer à l'heure nos clients mais c'est difficile", a-t-ajouté.

Ces tensions logistiques ont été "particulièrement vraies sur les jets d'affaires, pour lesquels le groupe doit également gérer la montée en cadence de la production de son nouvel avion Falcon 6X", explique Stifel. Au premier semestre, Dassault Aviation n'a livré que 12 Falcon (sur 35 prévus pour l'année) et 6 Rafale (sur 20 prévus pour l'année).

"Cette situation pèse sur le chiffre d'affaires et les marges, et les délais de livraison ont également un impact négatif sur les commandes de Falcon. Le groupe n'a enregistré que 11 commandes sur le premier semestre, alors qu'avant la pandémie, il enregistrait plus de 20 commandes d'avions tous les six mois", souligne Stifel.

Toutefois, la bonne surprise de la publication reste la génération de cash. Sur les six premiers mois de l'année, Dassault Aviation a dégagé un flux de trésorerie disponible de 1,9 milliard d'euros, selon Oddo BHF, "au-delà des attentes" et ce "malgré une augmentation des stocks de 900 millions d'euros", souligne le courtier. Cette génération de cash a été portée par les acomptes reçus au titre des ventes de Rafale à l'export, aux Emirats arabes unis et en Indonésie, ajoute Oddo BHF.

De nouveaux contrats pour le Rafale?

Par ailleurs le groupe a confirmé ses objectifs pour l'exercice 2024. "On reste confiant" a fait valoir Eric Trappier. Dassault Aviation compte ainsi toujours livrer 35 avions Falcon et 20 Rafale cette année, et dégager un chiffre d'affaires en hausse, "ce qui est à nos yeux un soulagement", écrit Oddo BHF.

"Le maintien des guidances (perspectives, NDLR) de livraisons crédibilise la forte concentration des résultats sur le second semestre 2024", ajoute le courtier.

Malgré les tensions logistiques, "la performance opérationnelle est doucement en train de s'améliorer", considère de son côté Stifel. La banque s'attend à ce que Dassault Aviation soit capable d'augmenter sur l'ensemble de 2024 son chiffre d'affaires de 25% et de faire passer sa marge opérationnelle à 8,8% contre 7,3% en 2023.

Concernant d'éventuels nouveaux contrats à l'export pour le Rafale, Eric Trappier a indiqué que "des discussions" avaient lieu avec un certain nombre de prospects, sans citer de nom.

"Fidèle à la tradition, la société est restée évasive sur l’état des campagnes en cours à l’export. Mais nous pensons que le 'momentum' (la dynamique commerciale, NDLR) pourrait redevenir attractif vers la fin de l’exercice", estime Oddo BHF. "Les articles de presse se multiplient sur une signature du Rafale Marine Inde ainsi que sur les avancées dans les négociations avec l’Air Force, sur les discussions au Pérou, en Colombie, Serbie ou Arabie Saoudite, au-delà des potentielles nouvelles commandes de clients existants", ajoute le courtier.

(*) Tous les indicateurs financiers, à l'exception du cash-flow, sont exprimés en données ajustées.