(BFM Bourse) - Le groupe agroalimentaire a dévoilé le nouveau chapitre de son plan stratégique, avec notamment une accélération dans la santé nutritive. Mais les objectifs de croissance et de rentabilité, sans surprise, ne transcendent guère les investisseurs.

La feuille de route de Danone manque apparemment de saveur pour plaire au marché. L'action du groupe agroalimentaire français abandonne 4% vers 15h, soit la plus forte baisse du CAC 40, après que la société a dévoilé le nouveau chapitre de son plan stratégique "Renew".

"Renew" avait été lancé en mars 2022, quelques mois après l'arrivée à la tête du groupe agro-alimentaire d'Antoine de Saint-Affrique, transfuge de Barry Callebaut.

Ce plan, avec une première étape sur deux ans, devait permettre de restaurer la compétitivité et la croissance de la société, après des années de sous-performance face à son comparable suisse Nestlé.

Comme l'a rappelé ce jeudi Antoine de Saint-Affrique, cette impulsion stratégique a conduit Danone à procéder à des cessions d'actifs, qui ont globalement concerné l'équivalent de 9% (en revenus) de la totalité de son périmètre. La société a par exemple vendu Michel & Augustin, et les marques de produits laitiers Horizon Organic et Wallaby aux Etats-Unis. Elle a aussi redynamisé la croissance de ses produits, comme la gamme d'eau minérale Mizone en Chine (14,1% de croissance en 2023). Antoine de Saint-Affrique s'est également félicité d'avoir "cassé les silos des catégories" au niveau de la R&D.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

La santé avant tout

La société a affiché, depuis, neuf trimestres de croissance, avec des chiffres supérieurs ou en ligne avec les attentes, tandis que les volumes sont repassés dans le vert sur les deux derniers trimestres publiés. D'un point de vue boursier, le marché reste prudent. Mais Danone surperforme un peu Nestlé, son action prenant 3% sur un an quand celle du groupe suisse abandonne 12%.

Reste que "le travail est loin d'être achevé", a assuré Antoine de Saint-Affrique, avec certaines activités qui n'ont pas encore atteint le niveau de performance voulu. Le dirigeant a cité les boissons à base de plantes ou encore les produits laitiers dans les pays émergents "même si nous effectuons de bons progrès" sur cette dernière activité.

Son groupe a ainsi présenté le nouveau volet de "Renew", qui couvre cette fois la période 2025-2028. Pour améliorer ses performances, Danone mise notamment sur les vertus de ses produits en termes de santé bien-être. Antoine de Saint-Affrique a notamment mis en avant, études citées à l'appui, les bénéfices de la consommation de yaourts pour lutter contre l'obésité. Il a également souligné la montée en puissance de certains canaux de distribution qui valorisent mieux les produits du groupe, comme les pharmacies et les hôpitaux.

Le groupe voit des perspectives prometteuses dans la nutrition médicale (par exemple avec sa marque Fortimel), où il estime que le marché adressable passera de 20 milliards d'euros à 30 milliards d'euros "demain". Antoine de Saint-Affrique a évoqué "l'une des plus importantes opportunités de long terme pour Danone" avec un "marché peu pénétré".

Des cibles qui ont un goût de déjà-vu

La société compte aussi saisir davantage, via ses produits, le marché mondial de la santé de l'intestin (120 milliards d'euros), avec par exemple les yaourts Activia, et celui des produits riches en protéines (60 milliards d'euros), avec la marque Oïkos.

Danone envisage par ailleurs des acquisitions, à condition qu'elles respectent des critères stricts, c'est-à-dire la présence de synergies et un impact positif sur la croissance et les marges.

En termes de perspectives chiffrées, Danone a indiqué viser une croissance de 3% à 5% par an sur la période 2025-2028 avec un résultat opérationnel courant qui progressera "plus vite que les revenus". Ce sont exactement les mêmes indications que celles qui avaient été communiqués pour la première phase du plan (2022-2024).

L'entreprise a également indiqué viser un retour sur capitaux investis de plus de 10%, contre 9,5% actuellement, et un flux de trésorerie libre annuel d'environ 3 milliards d'euros contre environ 2,5 milliards d'euros en 2023.

Pour Bernstein, les perspectives livrées par Danone n'ont pas de quoi pousser le consensus à relever ses attentes, même si la banque juge que la société effectue "une sage décision" en donnant de telles cibles. "Il n'y a pas encore assez d'éléments pour livrer avec confiance des objectifs rehaussés aux investisseurs", explique l'intermédiaire financier.

Oddo BHF évoque, de son côté, "des objectifs réalisables et sans surprise". "Cependant, nous pensons que le point le plus important est que le groupe est engagé dans un modèle de création de valeur à long terme", écrit le bureau d'études.

"Nous continuons de voir Danone évoluer de plus en plus vers le territoire stratégique des boissons nutritionnelles, ce qui signifie mobilité, impulsion et santé, meilleure valorisation de l'innovation et bien meilleure rotation", poursuit-il. Oddo BHF perçoit toujours un potentiel d'appréciation des multiples de valorisation de la société, Danone renforçant sa résilience après des années de volatilité de ses résultats financiers.

Stifel, pour sa part, apprécie des cibles "solides" qui envoient, selon elle, un "signe de confiance" dans sa vigueur retrouvée. Même si la banque pense qu'il aurait été approprié de donner une cible de marge de moyen terme.