(BFM Bourse) - La banque a relevé à "surpondérer" son conseil sur le groupe agroalimentaire dont le redressement envoie des signaux encourageants. Elle considère par ailleurs que l'entreprise fait bien moins face que ses concurrents aux pressions liées à l'essor des médicaments anti-obésité.

Pendant plusieurs années, Danone a souffert de la comparaison avec son gigantesque rival suisse Nestlé, affichant des marges et une croissance bien moins élevées que celles du groupe helvétique.

Pour donner un coup de fouet à la dynamique du groupe, le directeur général, Antoine de Saint-Affrique, arrivé en 2021 aux manettes de la société, a lancé un plan stratégique en mars 2022 baptisé "Renew Danone". Ce plan vise à restaurer la compétitivité de la société et à renouer avec la croissance. Antoine de Saint-Affrique constatait alors qu'un quart du portefeuille de produits du groupe affichait des performances peu satisfaisantes (baisse de la croissance, destruction de valeur), et qu'une partie de ces activités en déclin (10% du portefeuille) pourraient être cédées.

Si cette réorientation stratégique prend forcément du temps, force est de constater que les dernières publications de Danone montrent que le groupe tient le bon bout.

Le troisième trimestre de la société l'a bien illustré. Publiée la semaine dernière, l'activité du groupe a positivement surpris, avec une croissance en données comparables de 6,2% sur un an, alors que le consensus se situait seulement à 4%. Danone a d'ailleurs relevé son objectif de croissance, tablant désormais sur une progression en données comparables comprise entre 6% et 7%, contre une fourchette de 4% à 6% auparavant. Le marché, l'action ayant progressé de 2,4%.

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Des volumes parés pour décoller

De quoi inciter Morgan Stanley à se montrer optimiste. Ce mercredi la banque américaine a relevé sa recommandation sur l'action, passant de "sous-pondérer" à "surpondérer", l'équivalent d'acheter. En réaction, l'action Danone prend 1,6% à la Bourse de Paris, vers 12h30.

Pour la banque, le plan de restructuration de Danone "commence à porter" ses fruits. Selon elle, Danone est le seul groupe de son secteur (les biens de consommation) en Europe à avoir dépasser les attentes en matière de croissance organique au troisième trimestre, et l'un des deux seuls à avoir relevé ses objectifs. Ce en dépit de la dégradation de la confiance des consommateurs. Cette performance reflète les progrès liés au plan stratégique, "mais aussi le fait que le groupe est moins vulnérable aux baisses de prix et à la concurrence des marques distributeurs qu'on ne le pense généralement", fait valoir Morgan Stanley.

"Nous pensons que Danone sort de (sa) période de restructuration et que la croissance des volumes devrait devenir positive à partir du quatrième trimestre et jusqu'en 2024", ajoute la banque.

La hausse des volumes couplée à une amélioration de la marge brute de Danone permettra à la société de soigner ses bénéfices, Morgan Stanley anticipant une croissance moyenne annuelle de près de 9% du bénéfice par action entre 2023 et 2026.

Bien positionné face aux médicaments anti-obésité

Au-delà des perspectives de résultats, la banque estime également que Danone fait face à bien moins de pressions que ses concurrents par rapport à l'essor récent des médicaments anti-obésité qui s'observe aux Etats-Unis.

Cet engouement pour ces traitements a conduit les investisseurs et les analystes à anticiper des changements importants des comportements des consommateurs, notamment dans l'alimentaire, avec potentiellement moins d'achats de produits gras, salés ou d'alcool mais et davantage d'achats d'aliments liés au bien-être ou à la santé.

Morgan Stanley juge que Danone pourrait en réalité tirer parti de ces tendances, la banque estimant que l'équivalent de 71% de ses revenus (comme ses yaourts, ses eaux ou les produits d'origines végérales) sont exposés favorablement à ces potentiels changements de consommation.

Barclays avait d'ailleurs dressé un constat similaire il y a quelques semaines, la banque britannique jugeant elle aussi que Danone pourrait ressortir gagnant de l'essor des médicaments anti-obésité. Ce car les consommateurs se tourneraient davantage vers des produits sains et protéinés comme les yaourts ou les aliments d'origine végétale. Or le groupe français possède "le portefeuille de produits le plus sain parmi les groupes alimentaires de notre couverture", a avancé la banque britannique.

Des inquiétudes exagérées sur le lait infantile chinois

Enfin, Morgan Stanley considère que les inquiétudes du marché concernant les perspectives de la société dans le lait infantile en Chine sont "exagérées". Ces inquiétudes sont liées à un avertissement sur résultat d'une société chinoise dans ce secteur, China Feihe, à l'annonce du groupe américain Abbott de quitter ce marché du lait infantile en Chine ou encore à la décision de Nestlé de fermer un site de production en Irlande destiné à l'exportation en Chine.

Mais Morgan Stanley souligne que Danone a été capable de continuer à prendre des parts de marché grâce à sa capacité d'innovation et qu'une consolidation dans le secteur devrait soutenir l'environnement concurrentiel (et donc les prix). La banque considère ainsi que la société arrivera encore à dégager de la croissance dans ce segment du lait infantile en Chine tout en défendant ses marges.

Tous ces éléments conduisent Morgan Stanley à considérer que la décote entre Danone et Nestlé est trop importante, la banque constatant que l'action du groupe français s'échange autour de 15 fois les bénéfices attendus pour l'an prochain contre environ 18 fois pour Nestlé.