(BFM Bourse) - Le distributeur reviendra le 24 juin dans le deuxième plus important indice de la Bourse de Paris, aux côtés du distributeur de pétrole Esso. Un retour qui survient alors que la société a encore des défis à surmonter.

Moins d'une année après l'avoir quitté, Casino revient dans le deuxième plus important baromètre de la Bourse de Paris. Le conseil scientifique d'Euronext a annoncé jeudi soir sa revue des indices de la place.

Si les experts ont décidé de ne procéder à aucun changement sur le CAC 40, le SBF 120 verra lui deux groupes entrer dans sa composition: le distributeur de produits pétroliers Esso et, donc, Casino. Ce retour sera effectif à la clôture du lundi 24 juin. En parallèle, le groupe de semi-conducteurs X-Fab et le spécialiste des services d'assistance numérique Solutions 30 quitteront tous les deux l'indice.

Si une entrée sur le CAC 40 vient très souvent couronner un superbe parcours boursier, c'est bien moins le cas pour le SBF 120. En septembre 2023, Lectra, spécialiste des systèmes de découpes de matériaux souples (comme les tissus) pour la mode, l'automobile et l'ameublement, l'avait rejoint alors que son titre perdait plus de 20% sur l'ensemble de l'année. Akka Technologies était de son côté entré en mars 2020, alors que les conséquences de la pandémie sur son activité inquiétaient déjà le marché. Comme beaucoup de groupes entrant sur le SBF 120, Akka n'a pas fait long feu, ne restant que six mois dans l'indice. D'ailleurs X-Fab, de son côté, a tenu neuf mois.

Dans le cas de Casino, depuis le début de l'année, son action perd 95,5%.

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Une lourde recapitalisation

Evidemment, le plongeon de Casino s'explique par la méga-recapitalisation et la lourde restructuration financière opérée pour remettre d'équerre le groupe stéphanois. Pour assainir des finances étranglées par une dette nette de plus de 6,2 milliards d'euros, des dizaines de milliards d'actions ont été émises, ce qui a entraîné une dilution massive des précédents actionnaires. En mars, une fois cette restructuration financière achevée, le capital social de Casino se composait de plus de 37 milliards d'actions. Le groupe a été repris par un consortium formé des hommes d'affaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds d'investissement britannique Attestor.

Cette lourde recapitalisation est venue sanctionner des années de gestion stratégique et financière erratique de la part de la précédente direction, à savoir Jean-Charles Naouri. Comme le soulignait le cabinet Ledouble, expert indépendant mandaté par la justice, la société s'est endettée pour financer son expansion à l'international et a opéré une stratégie tarifaire en France qui l'a amené à perdre des parts de marché.

Malgré sa dette élevée, le groupe a continué d'affecter en majorité ses résultats au versement du dividende, ce qui était vital pour le maintien en vie de ses sociétés mères (qui s'étaient lourdement endettées pour racheter le groupe). La pandémie et l'inflation sont venus renforcer ces difficultés. Les régulateurs et les pouvoir publics peuvent également être questionnés, alors que le vendeur à découvert Muddy Waters puis certains analystes avaient alerté depuis de nombreuses années sur la fragilité de la santé financière du groupe.

Des difficultés encore présentes

La recapitalisation de Casino a, outre son désendettement, eu une vertu sur le plan boursier: sa capitalisation boursière a été regonflée. Avec de la dette convertie en actions et des injections de capitaux, le distributeur pèse actuellement 1,5 milliard d'euros en Bourse, soit beaucoup plus qu'avant sa restructuration financière.

C'est probablement cette capitalisation qui a pu inciter le conseil scientifique à réintégrer Casino dans le SBF 120, le conseil se fondant notamment sur la capitalisation boursière flottante et les volumes d'échanges sur un titre.

Maintenant que ses finances ont été assainies, Casino compte repartir de l'avant. Le nouveau directeur général, Philippe Palazzi, a déclaré mardi lors de l'assemblée générale que la société devait retrouver "sa place dans le commerce français".

Dans une note publiée jeudi, le bureau d'études indépendant Alphavalue se montre, de son côté, pessimiste. "Les problèmes de Casino sont loin d'être terminés", a-t-il jugé. "Il reste à voir si le distributeur peut améliorer la compétitivité de ses prix, alors que les consommateurs français sont de plus en plus attirés par le 'rapport qualité-prix'. La marge d'erreur est mince", a développé le bureau d'études, réitérant son conseil à "vendre".

Alphavalue redoute que le groupe soit encore contraint de passer par des financements dilutifs pour financer ses opérations et ses objectifs.