par Noëlle Mennella

PARIS (Reuters) - Carrefour annonce que son directeur général José Luis Duran sera remplacé en janvier 2009 par le Suédois Lars Olofsson, actuel vice président exécutif de Nestlé.

L'éviction de José Luis Duran - dont les choix stratégiques étaient remis en cause du fait des performances décevantes du groupe, notamment dans ses hypermarchés français - ne constitue par une surprise pour le marché qui l'évoquait depuis plusieurs semaines.

En Bourse, le titre du n°2 mondial de la distribution a réagi à la hausse à l'ouverture avec un gain de 4,31% à 31,1 euros. Vers 16h00, l'action montait encore de 2,80%. Depuis le début de l'année, elle a perdu 44%, à peu près autant que le CAC 40 qui affiche un recul de 43,3%.

Carrefour a précisé dans un communiqué que la décision de remplacer José Luis Duran avait été prise vendredi dernier en conseil d'administration et que la nomination de Lars Olofsson au poste d'administrateur serait proposée lors d'une assemblée générale prévue fin avril.

En juillet dernier, lorsque José Luis Duran avait troqué sa casquette de président du directoire pour celle de directeur général, le groupe avait décidé qu'il ne siègerait pas au conseil d'administration. Cette situation, rare, avait renforcé l'impression de mise sous tutelle du patron opérationnel.

"UN REGARD NEUF"

José Luis Duran a dû faire face à une double pression : la dégradation de la conjoncture et les exigences de rentabilité exprimées par son nouvel et premier actionnaire, la société d'investissement Blue Capital détentrice de 13,55% de son capital.

Olivier Labesse, porte-parole du conseil d'administration du groupe de distribution, a affirmé que cette décision "n'est pas du tout une sanction contre José Luis Duran" mais "une volonté, après une analyse de l'évolution de Carrefour et surtout de l'évolution de son environnement concurrentiel, d'apporter un regard neuf, un homme neuf et donc du sang neuf à la tête de l'entreprise".

Il a expliqué que Carrefour avait choisi Lars Olofsson car "c'est un grand spécialiste de la grande consommation et un expert des marques". Or, a-t-il poursuivi "la problématique de marques est au coeur de la stratégie de Carrefour".

Olivier Labesse a en outre souligné "la grande expérience manageriale dans une grande entreprise" dont peut se prévaloir Lars Olofsson qu'il présente en outre comme une personnalité bénéficiant "d'énormément de charisme".

Sous couvert d'anonymat, un analyste observe que l'éviction de José Luis Duran "n'est pas une surprise" car, poursuit-il, "on a pu constater que chaque profit warning a été suivi dans les mois qui suivaient par le limogeage du dirigeant du groupe. Ce fut ainsi le cas pour Michel Bon et pour Daniel Bernard, les prédécesseurs de José Luis Duran.

En juin dernier, Carrefour avait revu en baisse son objectif de résultat opérationnel en raison de la conjoncture économique qui pèse sur la consommation.

UN DIRIGEANT DONT CARREFOUR A "BESOIN"

Pour cet analyste, cette décision devrait ouvrir une période d'instabilité à court terme car elle pourrait conduire à d'autres départs, ralentir les chantiers en cours et probablement déboucher sur un nouveau profit warning.

Mais, ajoute-t-il, ce changement devrait se révéler bénéfique à moyen et long termes pour Carrefour.

De son côté l'analyste de la banque suisse Wegelin considère que "pour Carrefour, l'arrivée d'Olofsson est certainement un plus alors que l'horizon s'obscurcit pour le commerce de détail avec la récession qui menace".

Chez JP Morgan, Jaime Vazquez pointe les problèmes de compétitivité que rencontre Carrefour en France, en Italie et en Belgique en considérant qu'"une nouvelle personne à la tête du groupe pourra plus facilement mettre en oeuvre les changements importants dont il a besoin".

Pour sa part, Claudia Lenz (banque Vontobel) espère que l'arrivée du Suédois pourrait favoriser le développement de bonnes relations entre Nestlé et Carrefour, un de ses principaux clients.

Lars Olofsson a fait l'essentiel de sa carrière au sein du groupe Nestlé. Il a exercé plusieurs fonctions au sein du groupe avant de prendre en 1992 la direction générale d'une filiale en France puis la direction générale de la région nordique en 1995.

En 1997, Lars Olofsson devient P-DG de Nestlé France puis en 2001, vice-président exécutif du groupe en charge de l'ensemble des activités européennes. Il est promu en 2005 vice-président exécutif de Nestlé.

José Luis Duran, qui a passé 18 ans chez Carrefour, restera directeur général jusqu'à l'entrée en fonction de Lars Olofsson. Il avait été nommé président du directoire en 2005 puis directeur général en juillet dernier.

Avec la contribution de Pascal Schmuck et James Regan, édité par Jean-Michel Bélot

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