(BFM Bourse) - Le groupe de distribution a annoncé mercredi soir l'arrivée à son capital de la famille Saadé concomitamment à la sortie de la famille Diniz, alliée de longue date du groupe. Le départ ordonné des Diniz semble satisfaire le marché, alors qu'en parallèle les rumeurs de cessions de plusieurs pays vont bon train.
Carrefour en tête de gondole du CAC 40 (ou presque). Le groupe de distribution signe l'une des plus fortes hausses de l'indice parisien ce jeudi 13 novembre, prenant 1,81% vers 15h40.
La progression de l'action survient après que la société présidée et dirigée par Alexandre Bompard a annoncé concomitamment deux importants mouvements à son capital.
La famille Saadé, propriétaire de l'armateur CMA GM (et lui-même propriétaire de BFM Business), a pris une participation de 4% dans le groupe de distribution. Plus précisément, le nouvel actionnaire est Carrix, une entité détenue conjointement par la famille Saadé et le groupe marseillais.
Dans le même temps donc, Carrefour a annoncé la sortie de son capital de Peninsula, la holding de la famille du milliardaire brésilien Abilio Diniz, décédé mi-février 2024.
La société brésilienne était arrivée au capital de Carrefour il y a une dizaine d'années, après avoir été le partenaire du rival Casino.
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Sortie ordonnée
Peninsula était le deuxième plus grand actionnaire de Carrefour avec une participation de 9,23% du capital à fin décembre et de 8,5% depuis une cession survenue en juin dernier, selon Oddo BHF.
"Cette opération a été réalisée et Peninsula n’anticipe pas d’impact complémentaire sur le marché", a déclaré Carrefour. Autrement dit, il n'y aura pas d'afflux de titres détenus par Peninsula sur le marché.
Le premier actionnaire de référence du groupe de distribution demeure Galfa, filiale de Motier, la holding de la famille Moulin (qui possède le groupe Galeries Lafayette et La Redoute), avec 11,01% du capital à fin décembre 2024.
Un analyste estime que la sortie "ordonnée" de la famille Peninsula constitue un des éléments pouvant justifier la progression de l'action Carrefour, ce jeudi.
"Le marché s'attendait depuis plus d'un an à ce que la famille Diniz sorte du capital. Cela est désormais fait et donc sans ABB", explique-t-il.
Les "ABB" ("accelerated bookbuilding") sont des opérations réalisées par la construction accélérée d'un livre d'ordres, et permettent de vendre de gros blocs d'actions qui seraient autrement indigestes pour le marché en ayant recours aux banques.
Ce mode opératoire est souvent privilégié par les actionnaires minoritaires pour vendre rapidement d'importants volumes d'actions.
Des questions en suspens
Ces cessions se font toutefois aux prix d'importantes décotes par rapport à la valeur du titre sur le marché. Par exemple, la semaine dernière, le fonds singapourien Temasek a vendu pour 1,25 million d'actions de la société d'investissement française Tikehau Capital avec une décote de 12,46% par rapport au cours de Bourse du jour précédent, selon Bloomberg. L'action Tikehau a, le lendemain, plongé de 12,51%.
Le marché pouvait donc redouter que la famille Diniz ait recours à ce type d'opération pour solder sa participation. Ce qui n'a donc, a priori, pas été le cas.
Oddo BHF s'interroge toutefois sur les modalités exactes de la sortie de la famille brésilienne (qui n'ont pas été précisées par Carrefour).
Le courtier remarque que, dans le document d'enregistrement universel du grand distributeur, il était précisé que les actions Carrefour de Peninsula étaient "nanties au profit de banques dans le cadre de financements structurés". Sans autres précisions.
"Nous comprenons donc que les titres ont probablement été livrés à ces banques, et non placés dans le marché via un ABB", écrit Oddo BHF dans une note écrite ce jeudi.
"Potentiellement chaque banque pourrait donc avoir été livrée de moins de 5% du capital, et donc ne pas avoir à déclarer leur position (seuil de déclaration à 5% en France)", explique encore le courtier.
Vers des cessions?
Oddo BHF conclut que la grande question reste désormais "de connaître l'intention des banques sur leur participation résiduelle dans Carrefour" et se demande si cette question ne constituera pas un "overhang potentiel", c'est-à-dire une possible menace qui freinerait l'action Carrefour.
Contactée par BFM Bourse, Peninsula n'avait pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaires.
L'analyste anonyme cité au début de cet article estime aussi que l'action Carrefour peut être portée par plusieurs informations de presse au sujet de potentielles cessions de Carrefour, sur ses activités en Roumanie, en Pologne et surtout en Argentine.
Le média argentin Por Canal 26 a encore évoqué mercredi la vente de Carrefour Argentine, ajoutant que la concurrence pour acquérir les actifs en question était "féroce".
Interrogé par BFM Bourse, le groupe Carrefour a rappelé qu'il ne commentait pas les rumeurs.
"Si nous comprenons que Carrefour vise une simplification de son 'equity story' (l'histoire qu'une entreprise raconte au marché pour le séduire, NDLR) en cédant des pays, et pourrait potentiellement relancer un programme de rachat d’actions, la situation en France reste challenging (difficile, NDLR) et les dernières tendances au Brésil ne sont pas encourageantes (ces deux pays représentant environ 80% du résultat opérationnel du groupe…)", juge sur ce dernier point Oddo BHF.
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