PARIS (Reuters) - Carrefour n'a pas pour l'instant ressenti de conséquence palpable sur ses ventes des manifestations anti-françaises en Chine mais est préoccupé par la colère des Chinois, déclare le président du directoire du groupe français José Luis Duran dans une interview au Journal du Dimanche.

"Malgré quelques incidents localisés, nous n'avons pas senti à ce jour d'impact significatif sur le chiffre d'affaires de nos 112 hypermarchés", a indiqué José Luis Duran à l'hebdomadaire.

"Mais nous prenons la situation très au sérieux. (...) Nous ne pouvons pas prendre à la légère les réactions de certains de nos clients", a-t-il ajouté en précisant que deux millions de personnes se rendaient chaque jour dans les magasins Carrefour en Chine.

Le passage chaotique de la flamme olympique à Paris, Londres ou San Francisco a soulevé une vague d'indignation et de nationalisme en Chine. Un drapeau français a été brûlé vendredi devant un supermarché Carrefour à Qingdao, dans l'est du pays, tandis que des internautes lançaient des appels au boycott des produits hexagonaux.

Le patron de Carrefour, qui dit se rendre en Chine, "pays d'importance stratégique évidente", cinq ou six fois par an, a aussi démenti les affirmations des médias chinois selon lesquelles le groupe de distribution soutiendrait le dalaï Lama.

"Je démens avec la plus grande fermeté ces allégations, qui sont sans aucun fondement", a-t-il dit. "Carrefour n'a apporté de soutien direct ou indirect à aucune cause politique ou religieuse."

Il n'a pas voulu commenter la répression des manifestations au Tibet dont il a qualifié la situation de "complexe".

Il a rappelé que le groupe avait ouvert une vingtaine d'hypermarchés en Chine l'an dernier et qu'il entendait maintenir le même rythme d'inaugurations cette année.

"Nous sommes le seul distributeur international qui ait choisi de jouer au maximum la carte locale et nous comptons continuer à profiter de cet avantage concurrentiel", a-t-il dit.

Il a souligné que le groupe employait en Chine 44.000 personnes dont seulement une centaine d'expatriés.

"En Chine, nous sommes de facto devenus chinois", a-t-il dit.

Danielle Rouquié

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