(BFM Bourse) - Le distributeur a publié une activité inférieure au consensus tant dans l'Hexagone que sur le Vieux continent pour le premier trimestre.

Le marché sanctionne la publication de Carrefour ce jeudi. Le distributeur français a livré son activité du premier trimestre mercredi après la clôture du marché, une publication qui reçoit un accueil maussade de la part des investisseurs ce jeudi.

L'action abandonne 2,4% vers 10h50, accusant la deuxième plus forte baisse du CAC 40.

Le groupe présidé et dirigé par Alexandre Bompard a enregistré une progression sur un an de ses revenus de 13,5% à nombre de magasins comparables au premier trimestre et de 12,1% à taux de changes constants, pour des ventes totales de 22,16 milliards d'euros.

Mais comme souvent depuis ces derniers trimestres, ce chiffre est gonflé par la croissance en Argentine de 265% sur le trimestre qui s'explique elle-même par l'hyperinflation que le pays hispanophone connaît (plus de 250% sur un an en janvier dernier).

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La concurrence en France et en Pologne

En France, les ventes de Carrefour ont reculé de 0,4% en données comparables, avec une progression de 0,4% pour l'alimentaire et une baisse de 7,5% pour le non-alimentaire. Par format de magasins, les hypermarchés souffrent une nouvelle fois (-1,3%) tandis que les supermarchés (+0,1%) et les magasins de proximité (+0,8%) affichent de légères hausses. "Cette performance intervient dans un contexte de ralentissement de l’inflation et de volumes toujours sous pression", souligne la société.

Oddo BHF note que la performance dans l'Hexagone est inférieure aux prévisions du consensus qui selon le courtier tablait sur un recul limité à 0,1% en données comparables.

"En mars, le groupe a perdu 0,4% de part de marché (-0,6% en janvier et -0,8% en février), selon Kantar", explique le bureau d'études.

"Rappelons que le groupe avait commencé son repositionnement des prix au quatrième trimestre 2023. Cette initiative a entraîné une réaction positive en termes de "net promoter score" (cet indicateur qui mesure la satisfaction de la clientèle a augmenté de 8%, NDLR) et devrait normalement se transcrire dans de meilleures dynamiques de parts de marché à moyen terme… mais au prix de nouveaux investissements dans les prix, financés par davantage de réductions de coûts (1,2 milliard d'euros au niveau groupe contre 1 milliard d'euros initialement prévu), une stratégie un peu forcée par l’environnement concurrentiel selon nous", souligne également Oddo BHF.

En Europe hors France, où Carrefour est présent en Espagne, Italie, Belgique, Roumanie et Pologne, les ventes ont reculé de 0,2% en données comparables alors que le consensus tablait sur une hausse de 0,8%. La société a particulièrement souffert en Pologne (-4,2%), pénalisée par l'intensité concurrentielle, "avec l’impact de la stratégie offensive de Biedronka et Lidl sur les prix", explique Oddo BHF.

Retour dans le vert au Brésil

A noter, par ailleurs, que le Brésil marque une inflexion de tendance positive. Les ventes ont progressé de 1,3% sur les trois premiers mois, revenant dans le vert après trois trimestres négatifs.

"L’activité progresse sensiblement mois après mois, avec une croissance de +3,7% en données comparables en mars. Cette bonne performance reflète l’amélioration de la dynamique commerciale dans tous les formats, avec une reprise des volumes, dans un contexte de retour à une inflation alimentaire légèrement positive", a expliqué Carrefour.

A l'issue de cette publication, la banque Morgan Stanley a choisi d'abaisser son opinion de "surpondérer" à "pondération en ligne" sur l'action, de même que son objectif de cours à 18 euros contre 20,30 euros.

La banque explique que "l'environnement concurrentiel en France et le positionnement concurrentiel de Carrefour se sont détériorés au-delà de (ses) attentes initiales". "La part de marché du premier trimestre a baissé de 60 points de base (0,6 point de pourcentage) en glissement annuel et nous nous nous attendons à ce que Carrefour réduise encore son écart de prix par rapport à Leclerc, avec de lourds investissements à venir", ajoute-t-elle.

Oddo BHF a de son côté maintenu à "neutre" son opinion, se disant prudent "en raison de (ses) craintes sur la France, ou nous pensons qu’il faudra choisir entre marges ou parts de marché (réussir les deux dans cet environnement économique et concurrentiel dégradé nous paraissant très optimiste)".