(BFM Bourse) - Lundi noir sur les marchés, avec une très lourde accélération à la baisse sur les actions, sous le coup d'un krach pétrolier. Déjà affecté lourdement par l'épidémie de coronavirus Covid-19 (qualifiée officiellement de pandémie par l'Organisation Mondiale de la Santé), le CAC 40 a chuté très lourdement (-8,39% à 4 707 points). Il s'agit tout simplement de la deuxième pire performance sur une séance dans son histoire. Sur le compartiment A de la cote (grosses capitalisations), les (para)pétrolières ont été mis au tapis, et les bancaires ont été très lourdement malmenées.
La réunion extraordinaire de "l'Opep+" (soit l'Opep et ses principaux alliés) de jeudi et vendredi dernier n'a pas abouti à un accord pour réduire la production, du fait de l'opposition inattendue de la Russie. Au grand mécontentement du plus gros exportateur mondial, l'Arabie Saoudite, qui a donc décidé de sanctionner tout le monde en inondant le marché de pétrole à prix bradé. Le résultat ne s'est pas fait attendre, provoquant une chute des cours inédite depuis la première guerre du Golfe en 1991. Le baril de WTI (brut léger américain) passait hier sous les 30$ ! Il se reprend très légèrement aux alentours des 33$.
Un baril qui était déjà sous pression avec les craintes d'un ralentissement marqué, encore difficilement chiffrable, de l'activité économique mondiale, en raison de l'épidémie de coronavirus.
Le bilan du coronavirus Covid19 est désormais, à l'échelle mondiale, de plus de 114 000 cas confirmés, et de plus de 4 000 morts, selon les données compilées par l'Université Johns Hopkins. Si le nombre de nouveaux cas quotidiens en Chine tend à se stabiliser (formation d'un palier), et que le taux d'utilisation des capacités de production reprend le chemin de la hausse, la propagation incontrôlable du virus à l'échelle de la planète rend encore indéchiffrable les conséquences sur l'activité économique. En Zone Euro, sa troisième puissance économique, l'Italie, est quasiment paralysée.
Le marché obligataire est l'objet de mouvements spectaculaires. Le rendement des Treasuries américains à dix ans s'écroule de plus de 20 points de base à 0,4854% après être tombé en séance à un nouveau plus bas historique à 0,318%. Son homologue à 30 ans évolue sous la barre de 1% pour la première fois de son histoire, avec un plus bas à 0,7202%. Le deux ans se traite à un plus bas depuis 2014, à 0,3317%. En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans chute de dix points de base, pour s'enfoncer à -0,827%, après un creux historique à -0,863%.
Côté valeurs, les titres les plus violemment attaqués lundi appartiennent au secteur (para)pétrolier: Vallourec a chuté de 21,57% à 1,0855 euros, TechnipFMC de 23,30% à 8,652 euros, Schlumberger de 29,62% à 14,85 euros, et CGG de 37,48% à 1,2360 euro, au plus bas depuis janvier 2019.
Les regards apeurés se tournent vers les grandes Banques Centrales. Pour rappel, la Fed, qui dispose d'une plus grande marge de manoeuvre que sa consoeur européenne, a déboussolé les marchés la semaine passée, en abaissant son principal taux fédéral de 50 points de base, à la suite d'une réunion en visioconférence du G7 Finances, en dehors du calendrier financier. Cet emballement a au final provoqué de vives crispations. Une prochaine baisse des taux fédéraux, de l'ordre de 50 voire 75 points de base, est désormais attendue à l'issue de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire FOMC dans 8 jours.
Inquiète pour leur rentabilité, les bancaires ont également, dans une mesure certes moindre, mais néanmoins très spectaculaire, été victimes de violents dégagements, à l'image de BNP-Paribas (-12,28% à 33,785 euros), Crédit Agricole (-16,86% à 7,73 euros), Société Générale (-17,65% à 17,622 euros), ou Natixis (-17,93% à 2,558 euros). La question de la dette redevient également un repoussoir majeur pour les investisseurs, qui craignent d'importantes difficultés pour les sociétés, et en retour pour leurs créanciers.
Sur le secteur automobile, Peugeot a chuté de 11,39% à 14,31 euros et Renault de 15,98% à 19,66 euros.
De l'autre côté de l' Atlantique, krach boursier également pour Wall Street et ses principaux indices sur actions lundi: le Dow Jones (-7,79% à 23 851 points), le Nasdaq Composite (-7,29% à 7 950 points), et le S&P 500 (-7,60% à 2 746 points), baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.1350$. Le baril de WTI, un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 33,00$.
À l'agenda statistique ce mardi, à suivre en priorité les données révisées du PIB en Zone Euro à 1h00, ainsi que l'indice NFIB des petites entreprises américaines à 11h00 également.
Concernant les chiffres de lundi, la production industrielle allemande en janvier a battu les attentes avec une progression de 3% en rythme mensuel. Pas d'écart par rapport au consensus concernant l'excédent commercial allemand pour janvier, mais les opérateurs se projettent clairement, déjà, sur les chiffres de février.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le krach s'est traduit graphiquement hier par un gap immense qui a enfoncé sans aucune forme d'hésitation dès l'ouverture le seuil psychologique des 5 000 points. Les volumes intenses, l'incapacité à développer une quelconque réaction en cours de séance, la clôture sur les points bas de séance, ont lourdement dégradé la configuration du CAC 40. La panique a sur une courte période fait place à la peur accumulée depuis deux semaines.
La question à se poser désormais est celle de savoir si ce mouvement d'abdication est unique dans l'épisode massif de "retracement" opéré depuis le 24 février, ou s'il sera suivi d'autres mouvements d'abdication. La structure des bougies sur le rééquilibrage momentané des forces pour la suite de ma semaine sera à ce titre, tout comme la dynamique des volumes, riche d'enseignement. Dans tous les cas, l'absence de réaction en cours même de séance hier, suite à un mouvement d'abdication, en dit long sur la puissance de la fédération du camp vendeur, et les probabilités d'atteinte de nouveaux points bas dans cet épisode noir, sont à terme importantes.
Avis neutre dans l'immédiat. Une ouverture dans le vert est anticipée au sens de la dynamique des "futures".
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 5000.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 4342.00 points relancerait la pression vendeuse.
Le conseil BFM Bourse
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