(BFM Bourse) - Séance de transition hier, teintée de nervosité, qui s'est pourtant terminé dans le vert (+0,33% à 4 220 points pour le CAC 40), à la faveur d'un début de réveil du brut. Deux tweets ont suffi à propulser de 30% les cours des principales références mondiales de pétrole brut. Via son réseau social de prédilection, Donald Trump a publié un premier message: "Je viens de parler à mon ami MBS (le prince héritier, NDLR) d'Arabie saoudite, qui a parlé avec le président Poutine et j'espère et je m'attends à ce qu'ils réduisent (leur production, NDLR) d'environ dix millions de barils, et peut-être nettement plus". Jugeant peut être le chiffre pas assez convaincant, il a rapidement ajouté dans un second tweet que "cela pourrait même aller jusqu'à 15 millions de barils. Bonne (excellente) nouvelle pour tout le monde!" s'est réjoui le président américain...
"Il ne semble y avoir aucune avancée supplémentaire concernant les discussions entre les deux membres de l’OPEP+ mais le président Américain a profité de sa position pour tenter de sauver la situation sur l’emploi aux Etats-Unis en annonçant des chiffres sur une possible baisse de la production, sans aucun fondement", prévient Vincent Boy (IG France) "Par ailleurs l’administration américaine ajoutait qu’elle ne songeait pas de son côté à demander une baisse de l’activité des producteurs de pétrole au niveau national", poursuit l'analyste de marché.
Le marché reste particulièrement tendu, avec une économie qui subit un coup de frein puissant (et probablement plus long qu'anticipé initialement, avec la moitié de l'humanité désormais confinée.
Le bilan du coronavirus Covid19 est désormais, à l'échelle mondiale, de près de 1 020 000 cas confirmés, et de plus de 53 000 morts, selon les données compilées par l'Université Johns Hopkins. Si le nombre de nouveaux cas quotidiens en Chine chute et que le taux d'utilisation des capacités de production reprend pleinement le chemin de la hausse, la propagation incontrôlable du virus à l'échelle de la planète rend encore indéchiffrable les conséquences sur l'activité économique. Les quatre principales puissances économiques de la Zone Euro (Allemagne, France, Italie, Espagne) sont particulièrement touchées. En particulier, 13 915 décès sont à déplorer en Italie, et 10 348 en Espagne.
L'épicentre se positionne désormais sur les Etats-Unis, où près de 250 000 cas sont confirmés. Plus de 6 000 décès ont été recensés sur le sol américain, un chiffre en pleine accélération. L'inquiétude est d'autant plus forte que le système de santé, observé à l'aune de la puissance économique des Etats-Unis, est finalement fragile.
"Les Etats-Unis ne disposent que d’environ 1 million de lits d’hôpitaux, ce qui représente une moyenne de 2,8 lits pour 1000 habitants, bien en dessous de la Corée du Sud qui en possède 12,3 et, plus inquiétant encore, sous le nombre constaté en moyenne en Italie qui est de 3,2. Au-delà du nombre de lits, les Etats-Unis, New-York en premier, devraient arriver à court de matériel médical très rapidement, comme l’avait souligné le gouverneur de l’Etat de New-York il y à 2 semaines," avertit Vincent Boy, analyste de marché chez IG France.
Au chapitre statistique, en attendant fébrilement le rapport fédéral mensuel sur l'emploi américain (14h30, ce jour), les opérateurs ont encaissé une nouvelle explosion, encore plus forte, du nombre d'inscrits aux allocations chômage outre Atlantique. En l'espace de deux semaines, 10 millions d'Américains se sont inscrits. Le rythme est une vingtaine de fois plus rapide que lors de la crise financière de 2008. L'indice des prix à la production en Zone Euro a chuté de 0,6% en février, deux fois plus qu'anticipé.
Côté valeurs, on retrouvait sans surprise en haut du palmarès hausse du compartiment A de la cote parisienne des valeurs de sociétés parapétrolières, avec des variations à deux chiffres, comme Schlumberger (+13,60% à 12,95 euros), Vallourec (+15,10% à 1,1700 euro), TechnipFMC (+15,40% à 6,834 euros), et CGG (+20,63% à 1,0085 euro).
Argan (+8,23% à 71 euros) était entouré après l'annonce la veille après-Bourse d'une progression de 60% de ses revenus locatifs au T12020.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices ont fini la séance sur une hausse finalement assez discrète, à l'image du Dow Jones (+2,24% à 21 413 points) ou du Nasdaq Composite (+1,72% à 7 487 points). Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a gagné 2,28% à 2 526 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.0840$. Le baril de WTI, un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 24,10$.
À l'agenda statistique ce vendredi, à suivre en priorité le rapport fédéral NFP pour le mois de mars, à 14h30. A suivre ce matin côté européen les données finales du PMI services pour le mois de mars, à 10h00 pour les données synthétiques pour l'ensemble de la Zone Euro.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La question des points bas, et de leur atteinte éventuelle dès le 16 mars au plus bas de la séance (3 632 points) fait débat.
A ce stade, plusieurs éléments techniques, graphiques et comportementaux militent pour une attitude particulièrement prudente:
- la structure de la bougie hebdomadaire de la semaine passée, à ombre haute; la structure de la bougie de cette semaine, qui peut certes encore changé, mais qui reste peu engageante à ce stade.
- les gains sur le rebond technique amorcé le 20 mars, puissants en valeur absolue, mais finalement limités, à l'aune des pertes initiales;
- la décroissance globale des volumes met en évidence une divergence depuis le 20 mars;
- l'alimentation du rebond (23 - 26 mars) uniquement par les valeurs qui avaient le plus souffert, par un effet Bêta mécanique, redoublé par les rachats de shorts en série (squeeze) sur un certain nombre de dossiers.
Nous avons eu une confirmation, par gap baissier ample pertes importantes mercredi, mais pas encore par les volumes. L'avis sera neutre à l'échelle de la séance à venir.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 4603.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 4117.00 points relancerait la pression vendeuse.
Le conseil BFM Bourse
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