PARIS (Reuters) - La brigade financière a perquisitionné le 26 mars au siège de BNP Paribas à Paris, dans le cadre d'une enquête préliminaire concernant un épisode de la fraude record commise par le financier américain Bernard Madoff, apprend-on au parquet de Paris.
Les policiers se sont fait remettre des documents relatifs à ce dossier, a indiqué une porte-parole du parquet, confirmant une information du Parisien.fr.
Cette procédure ouverte mi-mars fait suite à une plainte pour "faux et usage de faux" déposée par l'un des clients de la BNP.
Le plaignant déclare avoir perdu deux millions d'euros et estime avoir été trompé par la BNP sur les modalités de l'investissement demandé dans un fonds opérant chez Bernard Madoff, a déclaré à Reuters son avocat, Me Olivier Metzner.
Ce dernier affirme que la BNP a produit ensuite de faux certificats pour justifier ces opérations.
La BNP a confirmé l'existence de la perquisition et invoqué un simple problème de "formalisme des ordres des clients" qui ont souscrit au fonds litigieux.
"Si elle a répondu en toute transparence à ces demandes, BNP Paribas considère qu'il s'agit là d'une plainte totalement artificielle et il a d'ailleurs déposé lui-même une plainte en dénonciation calomnieuse", a dit une porte-parole.
Soupçonné d'une escroquerie évaluée à 65 milliards de dollars et qui a frappé des établissements financiers du monde entier, Bernard Madoff est en prison aux Etats-Unis depuis le 12 mars. Il a plaidé coupable et le verdict le concernant sera rendu le 16 juin, sans procès.
TROIS ENQUÊTES À PARIS
Il s'agit d'une des trois enquêtes préliminaires de police ouverte par le parquet de Paris concernant cette fraude.
La seconde, ouverte en janvier, vise directement la banque suisse UBS pour "abus de confiance et escroquerie" et fait suite à la plainte d'une épargnante française déclarant avoir perdu 540.000 euros placés en 2006.
Il est reproché à l'UBS d'avoir collecté les fonds et de les avoir placés dans la société de Bernard Madoff, via Luxalpha, sans en avertir les déposants.
Des investigations ont été menées par la police et des documents saisis, dit une source proche du dossier. Comme la BNP, l'UBS, visée aussi par d'autres procédures civiles d'épargnants demandant réparation financière, nie toute infraction.
La troisième enquête concerne une société financière parisienne qui aurait conseillé à un commerçant de placer toutes ses économies dans un fonds spéculatif ayant lui-même placé son argent chez Bernard Madoff.
En France, les pertes globales sont évaluées pour l'instant à 500 millions d'euros par l'Autorité des marchés financiers (AMF).
La police devra établir si des infractions pénales peuvent être soupçonnées.
Le procureur pourra ensuite soit classer sans suite le dossier, soit citer directement les responsables devant un tribunal - option peu probable -, soit ouvrir une information judiciaire confiée à un juge d'instruction.
Les plaignants estiment avoir été trompés puisqu'ils disent n'avoir jamais connu le recours à Madoff.
Selon l'AMF, les deux tiers du préjudice français concerneraient des épargnants fortunés, 26% des investisseurs institutionnels et 8% le grand public à travers des placements boursiers proposés par les banques.
Selon la technique de fraude admise par Bernard Madoff, les intérêts avantageux versés aux épargnants n'étaient pas financés par des placements véritables mais par ceux des clients suivants.
Un débat juridique est en cours dans le monde entier pour savoir si les établissements financiers ayant perdu de l'argent dans le scandale sont responsables et doivent rembourser ou non les épargnants dont elles ont perdu les fonds.
Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse
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