par Matthieu Protard et Julien Ponthus

PARIS (Reuters) - BNP Paribas annonce un bénéfice net en recul mais largement supérieur aux attentes du marché grâce à sa banque de financement et d'investissement (BFI) qui affiche une santé insolente en dépit du contexte de crise économique et financière.

Le bénéfice net baisse de 21,4% pour atteindre 1.558 millions d'euros, plus du double du consensus Reuters qui tablait sur 784 millions d'euros sur la base des estimations de 11 analystes.

"Ces résultats sont spectaculaires et la contribution de la BFI est au delà de toute attente", a commenté l'analyste Eric Vanpoucke de Sal. Oppenheim qui prévient cependant qu'une telle performance ne saurait être répétée tout au long de l'année.

"C'est un trimestre record, 70% du résultat que l'on attendait pour l'ensemble de l'année 2009 a été réalisé au premier trimestre", notait encore un autre analyste qui, à l'instar de nombreux de ses collègues, prévoyait de revoir à la hausse ses objectifs de cours pour le titre.

L'action BNP a ouvert en forte hausse à la Bourse de Paris et prenait 8,5% à 45,8 euros à 9h15 alors qu'au même moment l'indice Dow Jones des banques européennes ne s'appréciait que de 0,61%.

Dans un communiqué, la banque, qui vient de racheter Fortis, explique avoir réalisé sur les trois premiers mois de l'année des performances commerciales et opérationnelles qui lui ont permis "d'absorber la hausse du coût du risque", qui mesure l'effort de provisionnement pour faire face à la crise.

Son résultat brut d'exploitation ressort ainsi en hausse de 48% à 4.129 millions d'euros, alors que les analystes l'attendaient en moyenne en légère hausse de 1,7% à 2.837 millions d'euros.

Les provisions sont quant à elles multipliées par 3,3 à 1,8 milliard d'euros, sensiblement supérieures aux attentes du marché.

BNP note que "la dégradation de l'environnement économique" a affecté son portefeuille de crédit au sein de sa filiale américaine BancWest, dans ses activités en Ukraine ainsi que dans ses activités de financement et de finance personnelle.

"Nous allons encore avoir pas mal de provisions parce que la récession frappe partout dans le monde", a prévenu Baudouin Prot, le directeur général de BNP sur la radio BFM.

"La crise n'est pas terminée. La période reste difficile", a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs prévenu sur la chaîne de télévision CNCB qu'il fallait pour l'avenir s'attendre à des niveaux de rendement sur fonds propres inférieurs "à ce qu'ils étaient en 2006 et 2007".

PAS D'AUGMENTATION DE CAPITAL PRÉVUE POUR REMBOURSER L'ÉTAT

Au 31 mars 2009, le ratio de solvabilité financière "Tier One" de BNP Paribas ressort à 8,8% contre 7,8% fin 2008. La banque dépasse au passage son objectif de 8,4% affiché lorsque qu'elle a sollicité la deuxième tranche d'aide du gouvernement français au secteur bancaire.

"Leur tier one, à 8,8% contre un objectif à moyen terme de 7,5%, est confortable dans la mesure où il pourrait leur permettre d'absorber de nouveaux chocs", a commenté Eric Vanpoucke.

A cette occasion, le groupe, qui a accusé une perte de 1,37 milliard d'euros au dernier trimestre 2008, a émis fin mars 5,1 milliards d'euros d'actions de préférence au profit de l'Etat français qui détient désormais 17% de son capital.

Baudouin Prot a fait savoir que la banque allait attendre "quelques trimestres" et que "la situation redevienne vraiment normale" avant de rembourser l'aide de l'Etat.

Il a en revanche écarté toute augmentation de capital pour racheter les actions préférentielles souscrites par le gouvernement français.

"Nous le ferons sur nos bénéfices", a assuré Baudouin Prot sur BFM.

La banque a aussi fait savoir que le "rapprochement opérationnel" avec la banque belge Fortis, pour lequel BNP a reçu la semaine dernière le feu vert des actionnaires, devrait commencer dès la mi-mai.

Pour ce faire, BNP attend encore l'accord de la Commission européenne que la banque espère "dans les jours qui viennent".

Baudouin Prot a redit que Fortis s'appellerait "BNP Paribas Fortis".

Edité par Jacques Poznanski

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