(BFM Bourse) - Le fabricant d'articles de papeterie, de briquets et de rasoirs a réalisé une année 2023 supérieure aux attentes, grâce au lancement de nouveaux produits et à sa stratégie de montée en gamme. Bic table sur une nouvelle année de croissance de son activité, accompagnée d'une légère amélioration des marges. Le titre bondit à la Bourse de Paris.

Fin octobre, la banque UBS anticipait "une fin d'année en force" pour Bic.

L'intermédiaire financier a visé juste puisque le fabricant de stylos a réalisé un quatrième trimestre globalement supérieur aux attentes. En conséquence, les investisseurs s'enflamment pour le titre du groupe septuagénaire, le propulsant en tête du marché parisien. Le titre s'adjuge ainsi 7,5% à 67,20 euros vers 12h15 pour renouer avec ses plus hauts d'un an, ramenant ainsi la capitalisation à près de 2,70 milliards d'euros.

Au quatrième trimestre, le groupe a publié un chiffre d'affaires quasi-stable en données publiées et en croissance de 2,4% en données comparables, à 526,1 millions d'euros, ce qui est proche des attentes d'Oddo BHF (525,4 millions d'euros).

Surtout, Bic a été plus rentable en fin d'année 2023 que sur la même période de 2022. Sur les derniers mois de 2023, le résultat d'exploitation ajusté a bondi de 68% pour s'inscrire à 72,7 millions d'euros. Là aussi, le fabricant de stylos et de briquets dépasse à la fois les attentes d'Oddo BHF à 70,2 millions d'euros ainsi que le consensus cité par le bureau d'études de 71 millions d'euros.

Une montée en gamme payante

La marge d’exploitation ajustée s'est elle logiquement appréciée pour ressortir à 13,8% contre 8,2% à la même période de l'exercice 2022. "Cette amélioration de la marge sur le quatrième trimestre (51,6%) est liée à l’évolution de la marge brute (+540 points de base) en raison de l’amélioration du prix et du mix, de la baisse du coût des matières premières et de l’amélioration des process de production", souligne Oddo BHF.

Sur les dernières années, Bic s'est évertué à faire évoluer son modèle opérationnel. Le groupe développe de nouveaux produits et réoriente sa gamme vers des articles à valeur ajoutée, c'est-à-dire mieux margés. En janvier 2023, l'entreprise a notamment lancé en France (après les Etats-Unis) sa gamme EZ Reach, qui se rapproche du briquet utilitaire, permettant d'allumer des bougies ou de réaliser des grillades, tout en disposant d'un système de sécurité pour enfants.

Un peu plus bas dans les comptes, l'amélioration est aussi notable en ce qui concerne le bénéfice net. Entre octobre et fin décembre, les profits de Bic ont quasi-quadruplé pour s'établir à 45,1 millions d'euros, contre seulement 12,4 millions d'euros au quatrième trimestre 2022.

Sur l'ensemble de l'année, les voyants sont aussi au vert. En 2023, le chiffre d'affaires de Bic a progressé de 9,2% à taux de change constants, à 2,26 millions d'euros, grâce à l’effet combiné de hausses de prix et des volumes.. Le groupe a aussi surclassé ses propres perspectives annoncées en février 2023. Ces cibles prévoyaient alors un objectif de croissance du chiffre d'affaires 2023 à taux de change constants dans une fourchette comprise entre 5% et 7%.

Dans le détail, la division "human expression" (papeterie, NDLR) (+10,2%) a été tirée par des gains de distribution dans l’ensemble des pays d’Europe, une très bonne exécution commerciale en Amérique latine et une croissance à deux chiffres au Moyen-Orient et en Afrique. La division "blade excellence", autrement dit les rasoirs, a contribué à la performance (avec une croissance de 17,8%) à la faveur de gains de parts de marché dans les régions clés de Bic, et d'un fort intérêt des consommateurs pour "les produits à forte valeur ajoutée" et des "produits nouveaux" commercialisés par Bic.

"Sur les rasoirs, on a de nouveaux produits qui fonctionnent très bien", a expliqué Kimberly Stewart, responsable des relations investisseurs du groupe citée par l'AFP, qui prend en exemple le récent lancement de rasoirs parfumés. Enfin, la division "flame for life", soit les briquets, ont légèrement progressé, de 3,3% à taux de change constants.

Un peu plus bas dans les comptes, le résultat d'exploitation ajusté progresse de son côté de 6,9%, à 333,1 millions d'euros. La marge d’exploitation ajustée a augmenté à 14,7%, là où elle ressortait à 14% en 2022.

La direction se félicite de la "performance solide" de son groupe, dont "une amélioration de la marge brute", réalisée "par l'optimisation de [son] processus d'achats et par l'amélioration de la fiabilité et de la durabilité de notre chaîne d'approvisionnement".

Un peu plus bas dans les comptes, le résultat net part du groupe ajusté est quant à lui en progression de 8,1% pour s'établir à 243,4 millions d'euros après 225,2 millions d'euros à fin décembre 2022. Le bénéfice net par action ajusté bondit de 11,3% pour ressortir à 5,70 euros après 5,12 euros en 2022.

Une valorisation en Bourse "très modeste"

Pour 2024, Bic compte bien poursuivre cette dynamique favorable. La société s'attend à ce que la croissance de son chiffre d’affaires cette année, soit comprise entre 5 % et 7 % à taux de change constants, grâce à l’effet des volumes et de sa politique de montée en gamme. Le groupe français a pris soin d'exclure de ses objectifs le chiffre d'affaires de l'Argentine, en raison du contexte hyperinflationniste auquel est confronté le pays.

Cet objectif de croissance est apprécié d'Oddo BHF qui estime qu'une telle progression constituerait "une bonne performance".

Toujours pour l'année en cours, la société s'attend à une légère amélioration de la marge d’exploitation ajustée, "grâce à un effet de levier positif sur les coûts d’exploitation". Oddo BHF retient une hypothèse de 15,1% pour cet indicateur, soit une progression de 0,4% par rapport à 2023. Bic table aussi sur une génération de flux nets de trésorerie disponible supérieure à 220 millions d’euros en 2024.

"Nous poursuivrons nos efforts visant à augmenter la marge d’exploitation en vue de soutenir une croissance rentable à long terme, conformément à nos objectifs pour 2025", affirme la direction.

En septembre 2023, la société avait fait un point d'étape intermédiaire sur le déroulé de son plan stratégique Horizon 2025. D'ici à la fin 2025, l'entreprise entend atteindre une croissance à taux constants comprise entre 5% et 7% - contre une précédente prévision d'environ 5% - et une marge d'exploitation autour de 15,5%.

Rappelons que Bic avait présenté en novembre 2020 cette feuille de route en lançant une série d'initiatives stratégiques pour élargir le marché de ses différents produits, afin de retrouver un rythme de croissance en ligne avec les 5% par an.

"Au final, cette publication et les perspectives pour 2024 confirment notre argumentaire d’investissement", salue Oddo BHF qui reconduit son opinion à surperformance ainsi que son objectif de cours de 79 euros.

Selon l'intermédiaire financier, la valorisation de Bic en Bourse reste "très modeste", avec un ratio cours sur bénéfices 2024 de 10,7 alors qu'il était de 14,5 au cours des 10 dernières années. Une anomalie alors même que le groupe renoue avec une croissance de son chiffre d'affaires, de sa profitabilité et de son free cash flow, (dont environ 8% retournés aux actionnaires via dividende ordinaire, extraordinaire et rachat d’actions)", conclut Oddo BHF.