(BFM Bourse) - Le spécialiste des technologies vitales pour les semi-conducteurs a enregistré des commandes bien plus faibles qu'anticipé par les analystes. L'action chute malgré un bénéfice par action meilleur qu'espéré.
Moins connu que LVMH et Novo Nordisk, du moins auprès du grand public, le néerlandais ASML est tout simplement la troisième plus importante entreprise en Bourse en Europe. Méga-champion de la place d'Amsterdam, sa valorisation tutoie les 350 milliards d'euros, et son cours a progressé de près de 400% sur cinq ans grâce à sa croissance vigoureuse.
Si ASML est rattaché à l'univers des semi-conducteurs, la société batave ne produit pas des puces à proprement parler. ASML conçoit des machines utilisées pour la photolithographie, une technologie indispensable à la création de semi-conducteurs. Comme l'explique Morningstar, il s'agit d'un "processus dans lequel une source de lumière est utilisée pour exposer les motifs d’un circuit intégré sur une tranche de silicium ("wafer") à partir d'un photomasque".
Les produits du groupe néerlandais sont ainsi achetés par les principaux acteurs des semi-conducteurs tels que Samsung Electronic, Intel et le fondeur taïwanais TSMC.
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Des commandes trop justes
Avec l'envolée des applications de semi-conducteurs (due par exemple à l'essor de la 5G ou au développement des objets connectés) la demande a évidemment fortement progressé pour ASML. En 2023, ses ventes ont progressé de 30% à 6,4 milliards d'euros.
Toutefois, les semi-conducteurs demeurent une industrie où les commandes peuvent se montrer très volatiles d'un trimestre à l'autre. Les comptes du premier trimestre, publiés ce mercredi par le groupe néerlandais, l'illustrent bien.
Le principal point saillant provient de l'activité commerciale. Les prises de commandes d'ASML ne se sont établies qu'à 3,6 milliards d'euros, soit bien moins que les quelques 5,1 milliards d'euros attendu par le consensus cité par Oddo BHF.
Plus particulièrement, ASML a fait état de 656 millions d'euros de commandes pour les outils de lithographie "EUV" (par rayonnement ultra-violet extrême), nouvelle génération de produit de la société. Selon le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), ce procédé permet de tracer des motifs plus fins pour traiter toujours plus d'informations, avec une longueur d'onde réduite. Et donc in fine de permettre la production de puces plus puissantes.
Des perspectives un peu faibles
Stifel note que ces prises de commandes dans les technologies "EUV" ont été particulièrement faibles puisqu'elles s'établissaient à plus de 5,5 milliards d'euros au trimestre précédent et que le consensus tablait sur un montant de 1,68 milliard d'euros.
De quoi, selon Oddo BHF, être sanctionné par le marché, ce qui est effectivement le cas. ASML chute de 3,9% à la Bourse d'Amsterdam, vers 15h10.
"Cela ne change rien à l'histoire. Cette publication rappelle que les commandes peuvent être irrégulières, notamment lorsqu'elles dépendent d'un nombre limité de clients (TSMC semble être en mode "wait and-see")", nuance toutefois Oddo BHF.
Le reste de la publication d'ASML s'avère mitigé. A 5,29 milliards d'euros, les revenus du premier trimestre sont un poil en dessous des attentes, qui s'élevaient à 5,42 milliards d'euros. Toutefois, note Oddo BHF, la marge brute du groupe a dépassé les attentes, à 51%, contre 48,8% attendu, de même que le bénéfice par action, à 3,11 euros (contre un consensus à 2,83 euros).
Pour le deuxième trimestre, ASML a indiqué tabler sur des ventes situées entre 5,7 milliards d'euros et 6,2 milliards d'euros et sur une marge brute comprise entre 50% et 51%. Une projection qualifiée de "faible" par Stifel, dans la mesure où le consensus anticipait des revenus autour de 6,5 milliards d'euros pour cette période.
Pour l'ensemble de 2024, ASML a maintenu ses perspectives à savoir des ventes similaires à celle de 2023, avec un second semestre qui sera plus robuste que le premier comme pour l'ensemble du secteur des semi-conducteurs.
Bank of America s'avère confiante dans ces objectifs, et a confirmé son opinion à l'achat ainsi que le placement du groupe dans ses "top picks", ses valeurs préférées.
"Nous restons confiants dans le positionnement d'ASML et dans son potentiel à long terme, car la société reste une histoire inégalée de domination technologique et de croissance structurelle dans l'industrie", abonde Oddo BHF, qui a un conseil à "surperformance" sur la valeur.
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