(BFM Bourse) - Luca Maestri, directeur financier de la société depuis 2014, quittera ce poste au 1er janvier tout en continuant à exercer certaines fonctions au sein de la société. Dirigeant important de l'ère post-Steve Jobs, l'Italien entretenait le dialogue avec les investisseurs en leur livrant d'importantes informations.
Une annonce d'Apple en cache parfois une autre. Lundi, le groupe à la pomme a donné la date de sa très attendue keynote (le 9 septembre) durant laquelle le groupe devrait dévoiler l'iPhone 16.
Le même jour la société de Cupertino a livré une autre communication, bien moins grand public mais peut être tout aussi critique pour le marché: un changement de directeur financier.
Luca Maestri, qui occupe ce poste depuis 2014, quittera cette fonction le 1er janvier, a annoncé la société. Passée cette date, l'Italien restera au sein de la société où il continuera de diriger les équipes "Corporate services" et de répondre directement au directeur général Tim Cook. Le dirigeant sera remplacé au poste de directeur financier par Kevan Parekh, actuellement vice-président en charge du planning financier et de l'analyse.
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Un homme clef
Diplômé de l'université Luiss de Rome (une des grandes universités italiennes avec la Bocconi de Milan et l'université de Bologne) et de l'université de Boston, Luca Maestri avait rejoint Apple en 2013, après avoir précédemment travaillé chez Xerox et General Motors.
Il incarne l'une des grandes figures de l'ère post-Steve Jobs d'Apple. Durant son mandat, les revenus d'Apple ont doublé tandis que ceux des services (avec notamment l'App Store) ont été multipliés par plus de cinq.
Comme beaucoup de directeurs financiers de big techs américaines, Luca Maestri joue le rôle de grand interlocuteur aux analystes et aux investisseurs. Le dirigeant accompagne Tim Cook lors des conférences téléphoniques dédiées à la présentation des résultats financiers de la société.
C'est d'ailleurs lui qui a tendance à donner le plus de détails et d'informations aux analystes durant ces rendez-vous, influençant parfois le cours de Bourse. Par exemple, Luca Maestri avait indiqué en novembre 2023 que la société attendait des revenus stables sur le trimestre en cours, alors que les analystes tablaient sur une croissance de 5%.
Une transition fluide
Les directeurs financiers, selon les groupes, exercent une influence plus ou moins grande, mais sont souvent considérés comme des "keymen", c'est-à-dire des personnes clés pour la société.
L'annonce imprévue de leur départ peut gripper le marché. Le spécialiste de l'informatique dématérialisé OVHcloud en avait fait les frais en 2022. De même qu'Alstom en mai 2023, après que son directeur financier, Laurent Martinez, a décidé de rejoindre Orange. Quelques mois plus tard, la société annonçait un avertissement retentissant sur sa génération de cash, et son titre perdait plus de 37% sur une seule séance.
Dans le cas d'Apple, le départ de Luca Maestri s'avère ordonné, et annoncé donc quatre mois à l'avance. D'ailleurs le marché ne panique pas, l'action Apple reculant à peine ce mardi en préouverture (-0,1%).
"Le choix d'Apple de prendre un successeur en interne devrait rendre la transition un peu plus fluide… Le moindre changement de cette magnitude crée de l'incertitude, surtout au vu de la consistance et de l'exécution historique de Luca Maestri", soulignent les analyste de Piper Sidler, cités par Reuters.
Upgrade cycle
L'annonce du départ de Luca Maestri survient à un moment clef pour Apple. Longtemps considéré à la traîne des grandes bigtechs dans l'intelligence artificielle, le groupe à la pomme est parvenu à renverser la vapeur en juin, en présentant ses avancées dans la matière. Mais la société doit encore démontrer que ses nouveaux iPhone, qui intégreraient les nouvelles fonctionnalités d'IA, peuvent séduire le consommateur et accélérer ainsi la croissance.
Rappelons que l'un des éléments majeurs de la valorisation d'Apple consiste en la capacité de la société à créer un "upgrade cycle", c'est-à-dire un cycle au cours duquel les consommateurs vont acheter un nouvel iPhone pour remplacer leur ancien appareil vieillissant. Selon Wedbush, 270 millions d'iPhone dans le monde (sur une base installée de 1,5 milliard ) ont plus de quatre années.
"Compte tenu des réalisations importantes d'Apple dans le domaine de l'IA, le facteur clé à l'heure actuelle ne sera pas seulement les nouvelles fonctionnalités introduites, mais aussi, et surtout, les prix", juge Naeem Aslam, de Zaye Capital.
"En termes de design, Apple a été incapable de produire quoi que ce soit de révolutionnaire pendant longtemps, et il en va de même pour ses fonctionnalités, un fait avec lequel des rivaux comme Samsung ont agréablement surpris leurs consommateurs. Toutefois, aujourd'hui, l'accent est principalement mis sur le prix et l'accessibilité ; l'époque où Apple pouvait fixer ses propres prix est révolue ; elle doit désormais s'adapter au pouvoir d'achat réel des consommateurs et tenir compte de facteurs tels que l'inflation et les dégâts qu'elle a causés", développe-t-il.
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