PARIS (Reuters) - Le président allemand d'Airbus Thomas Enders juge "absurdes", dans un entretien accordé à La Tribune, les accusations de délits d'initié à EADS en 2005 et 2006 qui ont déjà abouti à deux mises en examen et déplore que l'affaire endommage la réputation de la société.
"Les accusations de l'AMF (Autorité des marchés financiers) contre mes collègues d'Airbus et d'EADS et contre moi sont absurdes, et je suis certain que nous serons en mesure de le démontrer", dit-il dans cet entretien à paraître lundi.
"Mais il est évident que cette affaire endommage très gravement notre réputation et celle de l'entreprise. Ceci dit, je ne vais pas spéculer sur l'évolution de ce dossier, sur les prochaines étapes attendues ou sur qui aura le droit de parler avec qui. La France est un État de droit", a-t-il ajouté.
L'AMF dit dans un rapport remis à la justice française en avril avoir établi que 17 des 21 membres des comités exécutifs d'Airbus et EADS, dont Thomas Enders, ont cédé entre le 19 juillet 2005 et le 13 juin 2006 plus de 1,7 million d'actions, réalisant une plus-value brute totale de 20 millions d'euros.
L'AMF les soupçonne d'avoir utilisé illégalement des "informations privilégiées", notamment sur les retards du programme de production de l'A380, annoncés officiellement le 13 juin 2006, ce qui avait provoqué le lendemain une chute du titre EADS de 25%.
Sur ces fondements, ont déjà été mis en examen par des juges parisiens pour "délit d'initié" Noël Forgeard, ancien co-président du groupe EADS, le 30 mai et Jean-Paul Gut, ancien directeur général délégué du groupe, le 17 juin.
Des convocations sont attendus pour les 15 autres personnes physiques concernées et les représentants de deux sociétés, Lagardère et DaimlerChrysler, également soupçonnées en raison d'un désengagement partiel du capital d'EADS.
PROBLEMES FRANCO-ALLEMANDS.
Si le contrôle judiciaire éventuellement imposé à Thomas Enders venait à interdire le contact avec les autres protagonistes de l'affaire, la direction de l'entreprise deviendrait quasi-impossible, puisque sont potentiellement concernés, de nombreux cadres dirigeants actuels.
Il s'agit de Fabrice Brégier (président d'Airbus France et directeur général adjoint d'Airbus), Jussi Itävuori (directeur des ressources humaines), François Auque (directeur d'Astrium) Ralph Crosby (directeur d'EADS North America), Stefan Zoller (directeur EADS Défense et Sécurité), John Leahy (directeur commercial d'Airbus).
Sur les retards de production de l'A380 et la mise en oeuvre du plan de restructuration "Power8" de 10.000 suppressions d'emplois, qui attise d'anciens litiges franco-allemands, Thomas Enders assure dans La Tribune qu'il ne favorise pas son pays.
"Avoir un équilibre total en permanence, comme le souhaitent certains de nos syndicalistes, est absolument irréaliste. de plus, il n'y pas une décision prise depuis que je dirige Airbus qui ait été motivée par des ambitions nationalistes ou politiques", dit-il.
"Ma ligne de direction est claire: ce qui est bon pour Airbus", ajoute-t-il, assurant: "il n'y a pas de domination allemande".
Il déclare, à propos des 2.000 salariés allemands travaillant à Toulouse avec des salaires supérieurs aux français: "ils ne sont pas une armée d'invasion", tout en annonçant que la plupart va quitter Toulouse dans les 12 prochains mois.
Thierry Lévêque, édité par Sophie Louet
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