(BFM Bourse) - La banque canadienne a relevé son conseil sur le groupe aéronautique ce mardi à "surperformance", jugeant qu'Airbus peut encore prendre des parts de marché à Boeing.
Airbus fait clairement la une de l'actualité ce mardi. Le groupe d'aéronautique et de défense a renoncé à racheter la division BDS (cybersécurité, big data et supercalculateurs) d'Atos. Ce nouveau louvoiement stratégique – Airbus avait déjà l'an passé envisager de prendre une participation minoritaire dans BDS avant de se raviser – ne pénalise guère l'action.
Le titre Airbus prend 1,9% vers 12h30 et signe la plus forte hausse du CAC 40. Le rachat de BDS a pu être perçu négativement par les investisseurs car, comme l'écrivait Jefferies, cette transaction pouvait se faire au détriment de rachats d'actions et avoir des justifications davantage politiques qu'industrielles.
Mais l'action Airbus est probablement aussi tirée par Royal Bank of Canada. Hasard du calendrier, la banque canadienne a relevé son opinion à "surperformance" sur le titre ce mardi, l'équivalent d'acheter chez l'établissement, tout en rehaussant son objectif de cours à 192 euros contre 145 euros précédemment. Cette nouvelle cible confère un potentiel de près de 20% (18%) au cours de clôture de lundi.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
Une part de marché qui pourrait se consolider
Airbus évolue déjà sur ses plus hauts historiques en Bourse à l'heure actuelle, propulsé par des livraisons d'avions qui ont largement excédé ses attentes, le groupe ayant livré 735 appareils en 2023 contre un objectif de 720 unités. Rappelons que le paiement d'un avion survient essentiellement quand l'appareil est réceptionné en bonne et due forme par son client.
Selon Royal Bank of Canada, l'action Airbus a aussi bénéficié de perspectives 2024 "initialement bien reçues par les investisseurs" et des problèmes d'exécution chez son grand rival américain Boeing, qui n'en finit pas de souffrir des problèmes techniques de son 737 Max. Surtout depuis qu'une porte-bouchon s'est détaché lors d'un vol de la compagnie américaine Alaska Airlines.
Pour autant, la banque canadienne considère qu'Airbus a encore du potentiel en Bourse, notamment parce que le groupe européen devrait renforcer son avantage face à Boeing dans les monocouloirs. "La position de leader est un avantage concurrentiel puissant sur les marchés de l'aérospatial", explique l'établissement.
Selon Royal Bank of Canada, Airbus possède actuellement 61% du marché des monocouloirs et a livré 3.200 A320 neo, soit 1.700 avions de plus que la famille concurrente de Boeing, le 737 Max. Et d'ici la fin de 2026, la banque considère que l'écart se creusera à 2.200 avions entre les deux familles. "Compte tenu de l'augmentation du carnet de commandes d'Airbus et des problèmes de qualité de fabrication chez Boeing, nous pensons qu'Airbus est prêt à prendre de nouvelles parts de marché", conclut la banque.
L'état de santé de la chaîne d'approvisionnement d'Airbus "reste un facteur déterminant pour l'augmentation des cadences de production sur les monocouloirs, mais nous pensons que cette situation est stable", écrit Royal Bank of Canada. "Nous pensons que plusieurs campagnes très médiatisées seront importantes pour la confiance du marché, et qu'une nouvelle année de fortes ventes d'A320 devrait être un catalyseur positif", ajoute la banque.
Une importante génération de cash
L'établissement estime qu'Airbus sera en mesure d'augmenter nettement le rythme sur les livraisons. La banque canadienne juge qu'Airbus devrait être capable de livrer 815 avions en 2024 (contre un objectif de 800 pour Airbus) et 930 en 2025.
Royal Bank of Canada est d'autant plus confiante que les soucis techniques du GTF -un moteur développé par son fournisseur Pratt&Whitney et qui équipe grosso modo 45% des A320 neo en vol – ne semblent pas avoir de répercussions importantes. En raison d'une poudre métallique défectueuse, Raytheon, maison-mère de Pratt&Whitney, avait annoncé en septembre qu'elle devrait inspecter des centaines d'avions en service jusqu'en 2026.
"Environ 550 avions équipés de moteurs GTF sont actuellement cloués au sol, et le programme est toujours confronté à un risque substantiel. Cependant, nous pensons qu'Airbus a réussi à transférer une grande partie de ce risque au marché de l'après-vente, et nous ne considérons pas le GTF comme un risque significatif pour le calendrier de livraison d'Airbus en 2024", explique Royal Bank of Canada.
Cette trajectoire de livraisons ainsi qu'un environnement de prix favorable sur les monocouloirs se traduiront également par des marges plus élevées et une meilleure génération de cash.
Royal Bank of Canada table sur une marge opérationnelle ajustée de près de 10% (9,9%) en 2025. Le groupe égalerait alors la rentabilité record de 2019. Ce point est important car la banque canadienne écrit qu'Airbus a, auprès des investisseurs américains, la réputation de manquer ses objectifs de moyen terme. Le groupe avait indiqué fin 2022 qu'il reviendrait à son pic de marge opérationnelle ajustée une fois qu'il aurait atteint les 1.000 livraisons. Royal Bank of Canada juge donc que le groupe retrouvera cette rentabilité sans avoir besoin de livrer 1.000 appareils ce qui devrait soutenir la confiance du marché à son égard.
Quant au cash, la banque canadienne anticipe un flux de trésorerie libre de 4,2 milliards d'euros en 2024 et 6,2 milliards en 2025 (après 3,9 milliards en 2023).
In fine, avec cette génération de trésorerie robuste sur les prochaines années, Airbus afficherait fin 2025 une position de trésorerie nette impressionnante de 16 milliards d'euros (20 euros par action, calcule la banque), dans le modèle de l'établissement. Ce trésor de guerre offrirait des "options" au groupe pour son allocation du capital, explique Royal Bank of Canada. La banque sous-entend que le groupe aurait les moyens d'effectuer des acquisitions, de davantage retourner du cash à ses actionnaires, ou d'accélérer ses investissements, notamment pouf financer un nouvel avion.
Recevez toutes les infos sur AIRBUS GROUP en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email