PARIS (Reuters) - L'ancien président d'Airbus, l'Allemand Gustav Humbert, a été mis en examen pour "délit d'initié" mercredi après deux jours de garde à vue dans l'enquête sur les ventes suspectes de titres en 2005 et 2006 par les dirigeants du groupe aéronautique et de défense EADS, a-t-on appris de source judiciaire.
Il a été placé sous contrôle judiciaire avec obligation de verser une caution de 350.000 euros. Les juges d'instruction Xavière Simeoni et Cécile Pendariès lui ont notifié ces mesures lors d'une audition, après un interrogatoire de deux jours à la police financière.
C'est la troisième mise en examen dans le dossier pour "délit d'initié" après celle de Noël Forgeard, ancien co-président exécutif d'EADS et l'ancien directeur général délégué du groupe Jean-Paul Gut.
Ces derniers ont dû acquitter respectivement un million et 400.000 euros de caution et ont été placés sous contrôle judiciaire.
Gustav Humbert, qui fut président d'Airbus en 2005-2006, est le premier Allemand interrogé par la police dans cette affaire.
Une enquête administrative de l'Autorité des marchés financiers (AMF) remis à la justice en avril a montré qu'il avait vendu 160.000 actions d'EADS en 2005 et 2006, réalisant une plus-value de 1,685 million d'euros.
L'AMF lui reproche d'avoir utilisé des "informations "privilégiées", ce qu'il nie.
L'AMF dit dans son rapport avoir établi qu'au total, 17 des 21 membres des comités exécutifs d'Airbus et EADS ont cédé entre le 19 juillet 2005 et le 13 juin 2006 plus de 1,7 million d'actions au total, réalisant une plus-value brute totale de 20 millions d'euros.
Le gendarme de la Bourse estime que ces personnes avaient forcément connaissance dès le second semestre 2005 de la dégradation des perspectives financières du groupe, "au plus tard le 1er mars 2006" des retards de livraison sur l'A380 et "au plus tard le 7 mars 2006" des problèmes sur le programme A350.
17 PERSONNES CONCERNÉES
Le dossier judiciaire français doit aboutir aux interrogatoires des 17 personnes physiques mais aussi de deux sociétés à travers leurs représentants, Lagardère et DaimlerChrysler, soupçonnées officiellement dans le rapport de l'AMF remis à la justice en avril.
Le délit d'initié est passible de deux ans de prison et d'une amende pouvant aller jusqu'à dix fois le montant du produit du délit.
L'enquête menace de rouvrir certaines querelles franco-allemandes, alors que le groupe connaît toujours d'importants problèmes de production sur l'A380 et met péniblement en oeuvre son plan de restructuration "Power8" qui a prévu 10.000 suppressions d'emplois.
Certains mis en cause du côté français assurent que les retards de production sur l'A380 étaient dus aux usines allemandes et que le côté allemand a limité l'information.
Des personnalités toujours en place à EADS sont mentionnées dans le rapport AMF: l'ancien co-président d'EADS Thomas Enders, devenu président d'Airbus ; François Auque, directeur de la division spatiale d'EADS ; Fabrice Brégier, président d'Airbus France ; Ralph Crosby, directeur d'EADS Amérique du nord ; Stefan Zoller, directeur d'EADS Défense et Sécurité ; John Leahy, directeur commercial d'Airbus et Jussi Itävuori, directeur des ressources humaines.
En cas de mise en examen, un contrôle judiciaire classique interdit usuellement toute rencontre entre les protagonistes de l'affaire, ce qui rendrait impossible le maintien en fonction des dirigeants concernés.
Thierry Lévêque, Benjamin Mallet, édité par Pascal Liétout
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