(BFM Bourse) - Le groupe aéronautique a livré 50 appareils au mois de septembre et devra mettre les bouchées doubles pour parvenir à tenir sa cible d'environ 770 livraisons cette année. Les analystes, eux, son partagés.
C'est une question qui revient (quasiment) chaque fin d'année: Airbus va-t-il tenir son objectif de livraisons pour l'exercice en cours? Rappelons que l'avionneur avait déjà abaissé sa cible en juin dernier, lorsque la société avait émis un lourd avertissement sur résultats. L'ex-EADS était passé d'un objectif d'environ 800 à environ 770 appareils pour 2024, sabrant également ses prévisions de cash et de rentabilité.
Cet avertissement a clairement envoyé l'action dans une "penalty box" (une zone de sanction). Depuis le début de l'année, le titre Airbus perd 9% quand le CAC 40 est quasi stable (-0,1%) et que son fournisseur Safran prend 28%.
Airbus continue de souffrir dans sa division d'aéronautique civile de multiples problèmes sur sa chaîne logistique, notamment du côté des motoristes Pratt&Whitney (Raytheon) et CFM International (Safran et General Electric) , des équipements de cabines ou encore des aérostructures (fuselage, ailes…).
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
Un effort supplémentaire à accomplir
Le marché commence à redouter qu'Airbus soit contraint de revoir encore à la baisse son objectif de livraisons. Guillaume Faury, le président exécutif de la société, a, certes, confirmé lundi les perspectives 2024 d'Airbus lors d'un évènement organisé en Inde par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) qu'il préside actuellement.
Mais les chiffes de livraison du mois de septembre risquent de donner du grain à moudre aux plus sceptiques.
Sur le neuvième mois de l'année, Airbus a livré 50 avions ce qui porte le total sur l'ensemble de 2024 à 497. Pour tenir sa cible d'environ 770 appareils en 2024, le groupe devra livrer en moyenne 91 avions par mois au quatrième trimestre, calcule Royal Bank of Canada. La banque canadienne rappelle qu'Airbus et Boeing livrent, chaque année, 30% en moyenne de leurs appareils au quatrième trimestre. Pour arriver à 770 avions, Airbus devra hisser ce ratio autour de 35%.
Pour l'heure le marché, ne prend pas trop peur. L'action Airbus a ouvert en baisse de 1% ce jeudi et progresse désormais de 0,4% vers 10h10.
Les chiffres de livraisons de septembre avaient déjà été ébruités, il y a quelques jours, par l'agence Reuters. "La performance de septembre était déjà intégrée par le marché. Les investisseurs sont un peu en mode 'wait and see', mais ils ont déjà commencé à intégrer en partie une révision de l'objectif de livraisons pour 2024", décortique un analyste du secteur. "Pour le moment on peut laisser le bénéfice du doute à la direction mais un nouvel abaissement minerait sa crédibilité", prévient-il.
Par le passé, Airbus était déjà parvenu à tenir des objectifs tendus au prix d'efforts conséquents sur la fin d'année, notamment en décembre. Cela avait été le cas en 2018, et en 2019, le groupe avait livré un record de 138 appareils en décembre. Mais en 2022, la société avait du renoncer à sa cible de l'époque (700 appareils).
Une cible sous pression
"À l'approche des résultats du troisième trimestre (le 30 octobre, NDLR) nous pensons que les investisseurs sont de plus en plus prudents quant aux perspectives de livraisons de l'entreprise et qu'Airbus va de nouveau revoir à la baisse ses prévisions de livraison pour 2024", écrit Royal Bank of Canada. "Nous pensons que l'objectif de livraison de 770 avions pour 2024 pourrait être remis en question compte tenu du rythme de production actuel et des contraintes de la chaîne d'approvisionnement", ajoute la banque canadienne.
UBS, mardi, a déjà intégré dans ses prévisions un abaissement de l'objectif de livraisons d'Airbus, tablant sur 750 appareils pour 2024.
Pour Jefferies la cible d'Airbus "est difficile mais toujours réalisable". La banque estime que le risque se situe autour de 10 avions, et que la société n'aurait pas trop de mal à atteindre 760 appareils. "ll sera difficile, mais pas impossible, d'atteindre les objectifs de livraison fixés pour la fin de l'année", abonde de son côté Deutsche Bank.
Rappelons que les livraisons d'Airbus sont âprement suivies par le marché, car le gros du paiement d'un avion survient quand l'appareil est livré à son client. Autrement dit, la trajectoire des livraisons du groupe est étroitement liée à celle du cash de la société.
Airbus doit notamment hisser la production de son best-seller, la famille de monocouloirs A320 neo, véritable vache à lait du groupe. L'entreprise aéronautique compte à moyen terme arriver à une cadence de production de 75 avions par mois dans cette famille. Mais depuis 2021, en raison de tensions persistantes sur sa chaîne logistique, l'ex-EADS a plusieurs fois reporté l'horizon de cette cible.
D'abord fixé à 2025, cet objectif a été décalé à 2026. En juin, l'entreprise l'avait cette fois reporté à 2027.
Recevez toutes les infos sur AIRBUS GROUP en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email