par Matthias Blamont
PARIS (Reuters) - Le titre EADS baissait fortement mardi après l'annonce d'une perte nette 2007 plus importante que prévu et d'un résultat opérationnel inférieur aux attentes, conséquence de l'exposition trop importante du groupe aéronautique au dollar et des difficultés de sa filiale Airbus.
Dix minutes après l'ouverture de la Bourse de Paris, le titre cédait quelque 6,5% à 16,16 euros, affecté également par l'annonce la veille d'un recours de Boeing contre la décision du Pentagone d'accorder un contrat d'avions ravitailleurs de 35 milliards de dollars à EADS et Northrop Grumman.
Le numéro un européen de l'aéronautique et de la défense a fait état d'une perte nette de 446 millions d'euros, à comparer à un résultat de 99 millions d'euros en 2006. L'Ebit avant amortissement des écarts d'acquisition et éléments exceptionnels s'inscrit à 52 millions d'euros alors qu'il avait atteint près de 400 millions d'euros un an plus tôt.
Le chiffre d'affaires affiche un recul de 1% à 39,12 milliards d'euros.
Par division, Airbus, la principale filiale, signe la plus mauvaise performance opérationnelle du groupe avec un Ebit négatif de 881 millions d'euros.
Le consensus Reuters Estimates, arrêté au 6 mars, tablait en moyenne sur un Ebit de 152 millions d'euros et sur une perte nette de 329 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 39,27 milliards.
"2007 a été une année difficile, marquée par de nombreux défis Nous avons réalisé d'importants progrès, même s'il nous reste encore beaucoup à faire pour reconquérir l'entière confiance de nos investisseurs et de nos clients", note la direction dans un communiqué.
La société propose un dividende de 12 centimes d'euro, inchangé par rapport à celui versé pour l'exercice précédent.
EADS déclare viser un Ebit 2008 de 1,8 milliard d'euros. Cette perspective est établie sur la base d'un euro à 1,45 dollar alors que la monnaie européenne vient de frôler le seuil de 1,55 dollar.
"Le groupe se base sur un taux de l'euro-dollar de 1,45 dollar ce qui fait que les prévisions sont absurdes", déclare un opérateur à Francfort. "Les perspectives sont de toute façon déjà très basses".
EADS espère par ailleurs enregistrer 700 commandes pour Airbus cette année après 1.341 commandes nettes en 2007.
"Notre priorité reste l'efficacité opérationnelle et la mise en oeuvre des changements prévus par le plan Power8. Ces impératifs sont la condition de la poursuite des investissements dans l'avenir d'EADS", souligne Louis Gallois, président exécutif de l'entreprise, dans le communiqué.
Dans le cadre du plan de restructuration et de réduction de coûts "Power 8", Airbus doit finaliser d'ici à l'été la vente de six sites industriels en Europe dont deux en France, à Méaulte (Somme) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Le plan prévoit aussi la suppression de 10.000 postes, répartis entre la maison mère et ses équipementiers.
POURSUITE DE LA CROISSANCE EXTERNE
EADS, qui veut voir la part de la défense monter à 50% de son chiffre d'affaires en 2020, envisage d'effectuer deux acquisitions cette année, dont au moins une aux Etats-Unis.
D'après une note diffusée en interne que Reuters a pu examiner, ces opérations devront concerner la défense, la sécurité ou les services.
Le 29 février, EADS a remporté aux côtés de Northrop Grumman un contrat, qualifié d'historique par les spécialistes, de 35 milliards de dollars sur 12 ans pour la livraison de 179 avions ravitailleurs à l'US Airforce. L'avion retenu, le modèle KC-45A dérivé de l'Airbus 330 MRTT (Multi Role Transport Tanker), sera assemblé dans une usine dédiée à Mobile, dans l'Alabama.
Le choix d'Airbus, au détriment de Boeing qui avait proposé le K-767, adapté du B767, a suscité une forte émotion outre-Atlantique à quelque mois de l'élection présidentielle mais le Pentagone a jugé que le produit présenté par l'avionneur européen était le meilleur techniquement.
Boeing, le fournisseur aéronautique traditionnel de l'armée américaine, a notifié lundi soir son intention de contester cette décision . EADS a publié une perte nette 2007 de 446 millions d'euros plus importante que prévu et un résultat opérationnel inférieur au consensus, conséquence de son exposition trop importante au dollar et des difficultés d'Airbus, et s'est déclaré confronté à des défis majeurs. /Photo d'archives/REUTERS/Benoît Tessier
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