ROME (Reuters) - Le processus de privatisation d'Alitalia va continuer malgré la crise politique que connaît actuellement l'Italie et les actions en justice intentées par la compagnie concurrente Air One et l'aéroport de Milan, a assuré le ministre italien de l'Économie dans une interview.
Tommaso Padoa-Schioppa, qui demeure à la tête du Trésor à titre intérimaire après la chute du gouvernement de Romano Prodi, mis en minorité après vingt mois au pouvoir, a déclaré au journal Il Sole 24 Ore qu'il était "fermement convaincu que cette opération se conclurait positivement malgré ces tensions."
La compagnie nationale italienne en difficulté - elle perd plus d'un million d'euros par jour - en est à la phase finale des discussions en vue de sa reprise par la compagnie franco-néerlandaise Air France-KLM.
L'État veut céder la participation de 49,9% qu'il détient dans le capital d'Alitalia et sa préférence va à un scénario avec Air France, mais d'autres parties aimeraient que la compagnie demeure entre des mains italiennes.
Air One, compagnie italienne de plus petite taille et non cotée, contestera en justice mardi les discussions exclusives engagées avec Air France-KLM, au motif qu'elle devrait elle aussi avoir elle le droit d'approcher Alitalia.
"C'est une pratique normale dans le monde économique de tenir des pourparlers exclusifs, et par définition de telles négociations ne peuvent se tenir avec plus d'une partie", a répondu Padoa-Schioppa.
UNE CONTRE-OFFRE D'AIR ONE TOUJOURS POSSIBLE
Selon lui, Air One - appuyée par la banque Intesa Sanpaolo - pourra toujours formuler une contre-offre une fois que les discussions exclusives entre Alitalia et Air France auront pris fin et que la compagnie franco-néerlandaise aura fait une offre ferme.
"Air One peut participer et faire une contre-offre. Air France le sait. De surcroît, Alitalia est une entreprise cotée, aucune loi n'empêche quiconque de faire une offre", a poursuivi le ministre.
Il a également rejeté l'idée qu'un gouvernement de transition pourrait ne pas être en mesure de conclure la vente longtemps différée d'Alitalia.
"Dans une situation aussi critique et urgente, le gouvernement en poste a le devoir de décider en fonction du calendrier dicté par la dynamique de la procédure", a-t-il ajouté. Il estime par ailleurs que la justice se rangera à son avis au vu de "la nature extrêmement critique de la situation".
Au sujet de la deuxième plainte engagée par l'aéroport de Milan contre la décision d'Alitalia de réduire de 70% ses vols au départ de ce hub, Padoa-Schioppa a estimé qu'il n'y avait rien à répondre.
"Le projet d'Alitalia de réduire ses vols à (Milan) Malpensa est connu depuis le mois d'août, et date d'avant le plan d'Air France. Ce n'était pas une requête d'Air France" a-t-il dit.
"Les remous entourant le problème Malpensa-Alitalia relèvent de l'opportunisme politique, davantage que d'une analyse économique correcte", a-t-il ajouté.
Robin Pomeroy, version française Gilles Guillaume
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