par Noëlle Mennella et Cyril Altmeyer

PARIS (Reuters) - Air France-KLM confirme ses objectifs pour 2008-2009 et renforce son plan d'économies après avoir publié des résultats trimestriels affectés comme prévu par la flambée du pétrole.

L'action de la première compagnie aérienne mondiale en termes de chiffre d'affaires profite cependant, comme ses concurrentes, de la baisse du prix du baril de brut, tombé sous 120 dollars mardi après-midi.

Air France s'adjuge 9,29% à 17,77 euros vers 17h15, à comparer à des gains de 5% pour British Airways, de 6,8% pour Lufthansa et 7,8% pour Iberia.

"Au-delà des résultats, la baisse du prix du baril soutient l'ensemble du secteur", a noté Bruno de la Rochebrochart, analyste chez Raymond James. "Les résultats (d'Air France) sont plutôt de bonne facture et les perspectives ont pu être confirmés", a-t-il ajouté, notant entre autres l'effet du rajeunissement de la flotte sur l'activité cargo.

Iberia, en discussions avec British Airways en vue d'une fusion, a fait état de son côté d'une perte d'exploitation de 32,2 millions d'euros au premier semestre en raison des coûts du kérosène.

La compagnie britannique avait publié vendredi une chute de 88% de son bénéfice imposable trimestriel, considérant que les conditions d'activité n'ont jamais été pires, tandis que Ryanair, première compagnie low cost européenne, a indiqué qu'elle risquait d'être déficitaire cette année si les prix du pétrole restaient élevés.

Air France-KLM a confirmé son objectif d'un résultat d'exploitation de l'ordre d'un milliard d'euros pour l'ensemble de l'exercice 2008-2009 au vu des résultats du premier trimestre (avril-juin).

Le groupe a dégagé un résultat d'exploitation courant en baisse de 43,6% à 234 millions d'euros sur la période, donnant une marge d'exploitation ajustée en recul de trois points à 4,5%, tandis que le résultat net part du groupe a chuté de 59,4% à 168 millions.

Son chiffre d'affaires ressort en hausse 5,8% à 6.288 millions, après prise en compte d'un effet change défavorable de 3,9%. Le groupe a bénéficié d'une hausse 3,7% de son activité passagers, avec 19,7 millions de personnes transportées (+2,2%). Le coefficient d'occupation baisse d'un 1,1 point à 80,3% sur la trimestre.

Le directeur financier, Philippe Calavia, a précisé lors d'une conférence téléphonique que le groupe annoncerait jeudi ses chiffres de trafic pour juillet, avec un coefficient de remplissage en baisse de 1,8 point à 84,4%, selon des données non encore définitives.

"La tonalité est bonne" pour le mois de juillet, a-t-il précisé, faisant état d'une progression des recettes unitaires hors change, même si le trafic a diminué dans le cargo.

Au premier trimestre, l'activité cargo a confirmé le redressement de sa rentabilité, affichant un trafic en augmentation de 1,5%.

FACTURE PÉTROLIÈRE ESTIMÉE A 5,86 MILLIARDS D'EUROS

La facture pétrolière a progressé de 24,3% à 1,36 milliard d'euros au 30 juin 2008, sous l'effet conjugué d'une hausse des volumes et du prix de carburant et d'un effet de change défavorable. Le groupe avait prévenu lors de la publication de ses résultats annuels en mai qu'elle était susceptible de croître de plus d'un milliard d'euros en 2008-2009.

Sur la base du prix à terme de 126,82 dollars le baril au 25 juillet 2008 et d'une parité euro/dollar de 1,56, la facture pétrolière pour l'exercice en cours est estimée à 5,86 milliards d'euros. Air France en a répercuté une partie sur ses passagers, avec cinq relèvements de ses "surcharges carburant" depuis le début de l'année calendaire.

Le plan "Challenge 10" prévoyait d'économiser 1,4 milliard d'euros sur la période 2007-2010 pour faire face à la flambée du pétrole. Au premier trimestre, Air France-KLM a économisé 114 millions d'euros, sur un objectif initial annuel de 430 millions, porté à 620 millions en raison du "nouvel environnement économique".

Dresdner souligne dans une note la baisse de 3,9% du coût unitaire hors carburant au premier trimestre qui montre que le plan "Challenge 10" commence à porter ses fruits.

Air-France a en outre décidé d'ajuster la croissance de ses capacités, avec une augmentation de l'ordre de 2% pour la saison hiver 2008 et la saison été 2009.

Le directeur général délégué, Pierre-Henri Gourgeon, a précisé que le groupe n'avait pas l'intention de réduire ses projets d'investissements et s'est félicité de la poursuite de la consolidation dans le secteur avec la perspective d'une fusion entre Iberia et British Airways.

"Ce métier a trop d'acteurs et lorsque les choses tournent mal, c'est une course suicidaire qui entraîne les uns et les autres", a-t-il observé. "La seule façon de l'améliorer cette situation est d'avoir une certaine consolidation pour qu'on ait des acteurs qui soient sur plusieurs marchés".

Edité par Yann Le Guernigou

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