par Matthias Blamont et Tim Hepher
PARIS (Reuters) - L'action Air France-KLM est une nouvelle fois sévèrement sanctionnée à la Bourse de Paris jeudi, alors que la compagnie aérienne a remisé son ambition d'atteindre un résultat d'exploitation annuel d'un milliard d'euros, conséquence du ralentissement économique mondial, de la volatilité des prix du pétrole et de la fluctuation des taux de change.
Vers 12h15, le titre du transporteur franco-néerlandais, qui a présenté avant l'ouverture ses comptes semestriels, perd 5,22% à 9,52 euros après un plus bas à 9,08 en début de matinée. Il perd près de 60% depuis le 1er janvier.
"Tout le secteur est massacré depuis quelque temps parce qu'il n'y a aucune visibilité. Si le P-DG (Jean-Cyril Spinetta, ndlr) avait donné un objectif chiffré pour 2008-2009, on pourrait travailler sur le titre mais aujourd'hui, comme tous les acteurs du secteur, il est incapable de donner un chiffre", déplore un analyste basé à Paris.
Dans son communiqué de résultats, Air France-KLM déclare s'attendre à un résultat d'exploitation "nettement positif" pour l'exercice en cours. Pierre Henri Gourgeon, directeur général délégué, a toutefois reconnu au cours d'un point presse qu'il serait inférieur à un milliard d'euros, l'objectif initial.
"L'environnement est très incertain", a de son côté commenté Jean-Cyril Spinetta au cours d'une conférence, "mais Air France-KLM a des atouts, ses hubs (plates-formes de correspondances), la maîtrise des coûts et la qualité de l'offre".
"Le prix du pétrole s'est considérablement réduit ces dernières semaines mais le dollar, lui, s'est apprécié. Sur l'année en cours, nos couvertures seront largement gagnantes", a-t-il ajouté.
La facture carburant, deuxième poste de dépenses de l'entreprise, devrait se situer autour de six milliards d'euros au cours de l'exercice. En 2007-2008, l'addition avait crû de plus de 7% à 4,6 milliards.
Cette année, la compagnie est couverte sur la baisse du pétrole jusqu'à 70 dollars en moyenne. Jeudi, le baril de brut léger se négociait autour de 52 dollars sur les marchés européens. Il avait dépassé 147 dollars en juillet.
ÉCONOMIES TOUS AZIMUTS
Avec, en toile de fond, la crise financière et les difficultés du transport aérien, AF-KLM est parvenue à maintenir des coefficients de remplissage élevés (83%) durant son deuxième trimestre et un niveau de trésorerie stable à 4,4 milliards d'euros.
Le groupe a insisté sur la bonne tenue de sa situation financière. "Le coût de l'endettement a fortement diminué et notre trésorerie reste équivalente à celle constatée fin mars 2008", a expliqué Philippe Calavia, directeur général adjoint en charge de l'économie et des finances.
Le dirigeant a précisé qu'un plan complémentaire d'économies annoncé en octobre atteindrait 260 millions d'euros sur l'exercice. Ce plan s'inscrit dans le cadre du plan stratégique "Challenge 10" qui prévoit 1,4 milliard de réductions de coûts sur la période 2007-2010.
Un autre programme, "Challenge 12", est en préparation et les premières estimations visent 700 à 800 millions d'économies complémentaires cumulées à horizon 2011-12 et 1,1 à 1,2 milliard en 2013-14.
La compagnie envisage par ailleurs de limiter la croissance de ses capacités, entre 1% et 2% au cours de l'hiver 2008 et de l'été 2009, et de réduire ses investissements, notamment en renonçant à l'exercice de certaines options prévues dans ses commandes d'avions.
GRÈVE MOINS SUIVIE QUE PRÉVU
Sur la période allant de juillet à septembre, le bénéfice d'exploitation d'Air France-KLM s'est établi à 405 millions d'euros, en baisse de 44,1%. Le résultat net retraité des éléments non récurrents a reculé de 49,1% à 244 millions, pour un chiffre d'affaires en hausse de 3,2% à 6,69 milliards.
Les analystes du consensus Reuters Estimates, arrêté au 19 novembre, anticipaient en moyenne un chiffre d'affaires de 6,61 milliards d'euros, un résultat opérationnel de 378,8 millions et un résultat net de 258 millions.
Pierre-Henri Gourgeon, qui succédera au P-DG Jean-Cyril Spinetta le 1er janvier prochain, a indiqué que l'impact de la récente grève des pilotes, suivie à 35% - un taux inférieur aux projections de la direction - était évalué entre 40 et 50 millions d'euros. L'estimation initiale était de 100 millions d'euros.
Les pilotes d'Air France se sont mis en grève du 14 au 17 novembre pour protester contre le relèvement de l'âge limite de leur départ à la retraite de 60 à 65 ans.
Avec la contribution de Juliette Rouillon, édité par Pascale Denis
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